Villa à Kahari, Eizaburo

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Troisième villa, à peu près de même taille que celle de Shi. Elle est très verte, et un jardinier s'en occupe régulièrement. La piscine est grande et à l'air libre. Mais excepté pour l'entretien il n'y a personne le plus clair du temps. C'est la seconde résidence favorite d'Eizaburo, qui s'y rend très souvent : il aime beaucoup le pays du feu et les nombreuses opportunités qui s'y trouvent.

Depuis notre retour de Hoto, je suis en pleine remise en question. Dès que j’ai pu, et surtout qu’on m’en a donné l’autorisation, j’ai pris quelques jours de vacances afin d’aller me poser dans ma villa à Kahari. C’est celle dont j’ai le moins donner l’adresse, mais également celle que je préfère sans hésiter. Elle est verte, bien entretenue, et pratiquement personne n’y vient jamais pour m’embêter. Et comme j’ai explicitement demandé quelques journées de repos, je devrais y être vraiment tranquille et pouvoir profiter de ces instants afin de me ressourcer, de réfléchir, mais également de m’améliorer. Une mission de rang B, ça endurcit. Avoir joué les chefs d’équipe également. J’ai eu la vie de mes deux coéquipiers entre mes mains, suspendue à mes décisions. Même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec elles, d’ailleurs, c’est quand même une lourde responsabilité à porter. Et je dois bien avouer que même si je me sens à ma place à ce rôle, j’ai encore du mal à m’y habituer et à ne pas angoisser. Ce qui me pousse parfois à être un peu trop prudent.

J’ai bien songé à ce problème. Et la raison pour laquelle je manque de confiance n’est pas dans le fait de ma relation avec mes équipiers, ni même dans leur force à eux. Elle est dans la mienne. Même si je sais que je suis un excellent Genin, je me sens encore trop faible pour endosser pleinement ce statut de chef d’équipe. Je dois donc progresser.
Le bémol ? C’est que dans les spécialisations que j’ai déjà choisies, je suis au maximum de mon potentiel actuel. Je ne peux qu’apprendre à mieux les utiliser et les mettre en situation. Et de ce côté-là je passe une grande partie de mon temps libre à lire des ouvrages de stratégie, ou à partager en ligne avec d’autres chefs d’équipe (anonymement, il ne faut pas abuser), afin de parler de missions bien réelles, et partager nos différents points de vue et appréhensions.
La solution apparait alors comme une évidence, alors que je suis allongé sous le soleil de l’hiver du pays du feu, sur un transat, un fidèle cocktail à mes côtés pour m’épauler dans mes promenades mentales.
Je dois tout simplement choisir une autre voie à explorer. Elle me rendra à la fois plus polyvalent, mais aussi plus fort en combat. Etant donné ma ligne de réflexion actuelle, il faut que je trouve une spécialisation permettant la défense, mais aussi la défense d’autrui, mais qui ne néglige pas non plus l’attaque tout de même. Une spécialisation ambivalente. Ce n’est pas évident.

** La plus adaptée à mon profil, mais qui correspond ces critères, c’est le Juinjutsu. Mais je n’ai aucune idée de comment l’apprendre, et je ne pense pas être fait pour ça. Je serais obligé de demander de l’aide à Kami … Non, c’est hors de question. Et puis, gribouiller, ça ne me correspond pas. Le Fuinjutsu m’a toujours paru être le meilleur choix pour moi, et mes professeurs à l’académie me le recommandaient chaudement. C’est vrai que ça me correspond extrêmement bien, et que j’y excellerais sans doute si je m’y mettais à fond … Mais non, déjà il ne répond pas à la problématique présente. Le Shuljutsu n’est pas mauvais dans le style, mais je n’ai pas l’âme d’un trappeur. En plus, il serait redondant avec les capacités de mon clan. Et question offensive, on a vu mieux … Comme le Shijutsu par exemple. La nécromancie, le spiritisme … Aucun des deux ne me parle. Mais en revanche, dans le même genre de se battre avec un intermédiaire, il y a le Kogutsu. Efficace défensivement, utile offensivement. Différent de ce que je fais déjà. Et complémentaire à mon style, en quelque sorte. Oui … Ca me semble être la spécialisation idéale pour moi. En quatrième couteau, certes, mais elle pourrait s’adapter à des situations dans lesquelles je n’ai actuellement pas de réponse, tout en renforçant à la fois mon potentiel défensif, mais aussi offensif. **

Ce soir-là, je n’arrive pas à me concentrer sur mon livre de stratégie. Ni à faire quoi que ce soit, d’ailleurs. Mon esprit est occupé par la possibilité précédemment évoquée d’apprendre à manipuler les pantins. Cela demande du doigté, ce dont je ne suis pas dépourvu. C’est le genre de spécialisation qui pompe énormément d’argent, aussi. Or, j’ai besoin d’en économiser. D’un autre côté, devenir plus fort me permettrait d’avoir accès à encore plus de fric. Donc quelque part, c’est un investissement. Et j’ai beau évaluer et réévaluer, il m’a l’air plus que rentable sur la durée, même si ça va me faire mal pendant quelques temps et retarder, en premier lieu, mes projets de placements financiers, pour au final ne les accélérer que bien plus tard. D’un autre côté mes états d’âme ne peuvent plus continuer : j’ai des problèmes plus importants sur lesquels me concentrer. Je ne peux pas me permettre de les laisser prendre le dessus, donc je dois plonger dans cette histoire de progression au plus vite.
Et le Kogutsu est la meilleure réponse que j’ai trouvé, peu importe combien j’y réfléchis. J’attrape donc mon téléphone.

« Hirami ? Oui, c’est Eizaburo. Est-ce que tu aurais l’adresse d’un bon fabriquant de marionnettes au pays du feu ? Si possible à Kahari, mais si ce n’est pas le cas je ferais avec le déplacement. Comment ça quel genre de marionnette ? Pour du Kogutsu, évidemment. J’ai une tête à faire le guignol ? Oui, désolé. Mais non, je ne m’énerve pas. Tu peux le faire, donc ? Ca marche, je te remercie. »

Il va consulter l’avis de plusieurs spécialistes du genre dans la capitale le lendemain matin, et je dois avoir une réponse claire avant treize heures d’après lui. Très bien … tout ce que j’espère, dorénavant, c’est qu’il y ait autre chose que des charlatans au pays du feu en la matière. Je n’ai pas du tout envie de rentrer au pays de la cascade ou même à Shi, j’aime trop mes vacances à Kahari. Et je sens que je serais plus productif en restant ici.

Je me lève tôt, comme à mon habitude depuis que j’ai quitté le clan Aburame. Quand j’étais petit, on me tapait le bout des doigts avec une règle quand je faisais l’erreur de ne pas me lever à une heure matinale. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! C’est ce que me répétait sans cesse la gouvernante. Sans doute une des phrases préférées de mon paternel, également. Je doute qu’elle ait eu le cran de me frapper sans que l’instruction ne vienne de lui de toute manière. Même si ce n’était que de petites tapes, au final, elle aurait eu trop peur des conséquences.
Dès le petit déjeuner, j’ai un livre dans la main. Pas de stratégie, pour une fois (et je l’avoue, ça me fait du bien de bouquiner autre chose, je ne fais que ça ces derniers temps …). Mais un livre présentant les bases du Kogutsu.
Je m’apprête à manger mes céréales avec appétit, quand une certaine ligne interrompt le premier mouvement devant amener la première bouchée jusqu’à ma bouche. Je salive, mais je me retiens et je repose le couvert. M’attarder sur cette fameuse ligne me parait plus important. Et surtout, elle vient de me donner une idée qui peut accélérer le nouvel entrainement que je m’efforce de concocter dans ma tête, depuis que j’ai jeté mon dévolu sur le Kogutsu.

J’effectue quelques petits exercices de manipulation du chakra … Et je parviens à créer de fins fils de chakra, presque invisible. Ce n’est qu’un exercice basique pour le moment : malaxation, modélisation, expulsion. Des aspects du chakra que je connais par cœur. En revanche, savoir les utiliser est bien différent. Déjà, je prends bien dix minutes à réussir à attraper ma cuillère avec un fil. Et quand je me retrouve avec du lait sur le visage et des céréales sur mon veston je réalise à quel point ma matinée va être compliquée.

** Bon. Il est de bon aloi de commencer la pratique dès maintenant : je ne suis de toute évidence pas encore très doué pour utiliser ces fils. Je dois pouvoir les coller rapidement à une marionnette, et en manipuler une, or c’est un objet très complexe. Vu que je n’arrive pas à manipuler une cuillère, je dois être encore plutôt loin de mon objectif final. Ce n’est pas si important. Le travail paie sur la durée, et je dois le faire avec sérieux. Prenons une décision : tant que je ne suis pas capable d’utiliser les fils de chakra pour manier un pantin correctement … alors aucun geste du quotidien ne sera effectué avec mes mains. Seulement des fils de chakra. Rien d’autre. **

Sur le moment, je sens que je vais regretter cette décision peut-être un peu prématurée. Mais je m’en féliciterais une fois cette dure épreuve passée. En attendant, la matinée va être très longue. Et très rocambolesque. Je déteste l’humour. Le cocasse, ça m’irrite.