Temple des Marécages

Du haut de la caravane Makigai, Chôko observait l'immensité des territoires.  L'oeil brillant, elle avait soif d'aventure et de découverte.  C'était presque si elle en bavait d'excitation.
Le vieillard qui l'observait reconnaissait que trop bien ce regard téméraire, l'ayant lui-même arboré par le passé.  Seule l'expérience lui avait fait comprendre que le prix de ses choix d'alors avait été sa santé de fer.  Têtu, il s'avança cependant vers sa petite fille, de sa lenteur caractéristique.  D'un long raclement de gorge, que la jeune Chôko interpréta tout de suite comme un sermon, il s'installa à son côté pour observer les terres que traversaient calmement la caravane.

« Le papillon ne sort pas d'une coquille, toujours d'une chrysalide. prononça-t-il avec la sagesse que seul un aîné puisse possédé, sa longue barbe voletant au vent de l'Ouest.
— Je sais Pépé... sembla se résigner la jeune Chôko.  Son oeil se raviva aussitôt.  J'aimerais quand même savoir ce qui se trouve au-delà de l'horizon !
— Ah ! ça, je sais et j'ai connu.  Il n'y a rien d'intéressant au-delà de l'océan, rien qui ne puisse intéresser les Makigai.  Seule la Matriarche sait ce qui est bon et juste pour nous...  Mais si tu insistes, je pourrais peut-être te raconter comment j'ai obtenu ma cicatrice...
— C'est bon Pépé, tu me l'as déjà...
— Comme tu veux !  Ah ! alors, c'était il y a très longtemps, alors que notre Mère n'était encore qu'une enfant... »

Le vieillard s'en retournait, soudainement replongé dans ses souvenirs.  Respectueuse, Chôko emboîtait son pas pour écouter son histoire une énième fois, mais cette fois elle porta un dernier regard vers l'horizon, au-delà des terres déjà visitées, au-delà de celles où se rendait caravane.  Elle plongea son regard dans l'Oeil Divin d'Amaterasu et Chôko se fit la promesse que bientôt elle voyagerait !


« Non non non, je ne peux accepter Noka-san.  C'est beaucoup trop, puis je suis bien nourri.  Vous saurez en faire un meilleur usage que moi !
— Oh ! j'insiste Momotsuki.  Déjà que vous nous donnez vos remèdes gratuitement, vous ne pouvez quand même pas repartir les mains vides.  Encore moins le ventre vide !
— Ah... Si vous insistez... »

Le vieil homme tendait un colis, lequel contenait quelques maigres vivres qui formaient sûrement la moitié de ses réserves pour la semaine.  Toutefois, ne pouvant refuser — non pas par compréhension du souhait de son patient, plutôt par incapacité à exprimer sa pensée — avec contrecoeur, Momotsuki accepta le don avec la honte grandissante de dérober « les Oubliés de l'empire ».  Maintenant que ses soins étaient terminés, sa gêne maladive reprenait le dessus.  Son regard quitta celui de Noka-san.
Depuis peut-être trois ans, le guérisseur de Suijin visitait l'hospice du vieux Noka, un établissement qui accueillait bon nombre de malades tous plus pauvres les uns que les autres.  Avec patience, il apportait soins et conseils à ceux qui ne pouvaient se payer les traitements plus dispendieux, généralement fournis dans les grands hôpitaux de l'empire.  Suite à l'investiture du Cardinal Kyuryu et la tempête politique qui sévissait sur l'Église, le temple de Suijin avait porté son regard sur la population.  Pourtant, même au sein de sa propre croyance, plusieurs préféraient délaissés les indésirables au profit des mieux nantis.  Momotsuki était l'un des rares agents à s'intéresser particulièrement aux Oubliés — terme inventé par le vieux Noka dans la bonne humeur de son hospice.
Parfois, le jeune moine aux cheveux roses se demandait comment les Kami pouvaient ainsi oublier ces fervents citoyens, car lorsqu'il ne les guérissait pas, Momotsuki partageait les enseignements des Cinq.

Soudain, une rumeur monta de la salle commune, derrière le grand rideau éventré qui servait à couper la demeure du froid hivernal.  À peine Noka eut-il le temps de soulever son sourcil grisonnant que déjà Momotsuki pénétrait la pièce, de nouveau en confiance.  Il avait reconnu quelques mots qui lui avait rapidement indiqué que l'état d'un des pensionnaires détériorait.  Ce fut assez pour calmer son anxiété et redorer sa confiance.
Se frayant un chemin jusqu'au lit, d'excuses sèches qu'il aurait regretté dans un autre contexte, il parvint enfin aux pieds d'une vieille dame, qui semblait suffoquer dans son sommeil.
Le moine se pencha au-dessus d'elle et tout en soufflant plusieurs mantras destiné à invoquer la bénédiction des Kami, ses mains s'illuminèrent d'un vert clair.  Momotsuki les apposa sur la poitrine de la patiente et attendit, sous les regards attentifs des spectateurs.  Quelques minutes plus tard et la vieille dame reprenait un sommeil agité, mais dénué de toute détresse.  Aussitôt, le guérisseur dénoua sa sacoche et en inspecta les maigres provisions de plante dont elle était munie.  Par Dojin ! ses réserves s'étaient appauvries !

« Noka-san ! commanda le jeune moine avec une autorité surréaliste que peu lui connaissait.  On s'écarta pour laisser passer le propriétaire.  Écrasez cette racine jusqu'à n'en faire qu'une purée et incorporez-la à de l'eau bouillante.  Ajoutez un peu de miel et faîtes boire Aisa-san toutes les quinze minutes à petites gouttes !  Il jeta un regard au vieil homme et épuisé par son commandement, détourna aussitôt le regard.  Pensez-vous pouvoir le faire ?
— Yosh !  Comptez sur moi Momotsuki !  Aujourd'hui n'est pas le jour où les Oubliés laisserons mourir l'un des leurs !  Yama-san, préparez l'eau à chauffer !  Ganji, va chercher le miel !  Miss Kaori, écrasez-moi cette racine et faîtes-en de la purée ! »

Devant l'entrain soudain, Momotsuki se permit un sourire.  C'est ce qu'il aimait du le vieux Noka : cette solidarité contagieuse faisait chaud au coeur.  Puis, c'était bel et bien le seul endroit où il se sentait considéré pour ses capacités.  Le respect était mutuel, tant pour ses patients que pour le moine de l'Eau.

« Tr-très bien.  J'irai donc chercher ce qu'il me manque. » prononça le garçon timide, avant de se faufiler à l'extérieur de l'hospice, renouant sa sacoche sur son dos.

Il devait acquérir la Vigne Rampante des Marécages.

Ce n'était pas le premier voyage que faisait Momotsuki au sein des marécages, mais chaque fois il les entreprenait avec un peu d'appréhension.  Il connaissait la dangerosité des lieux et avançait généralement calmement, prenant le temps d'analyser chaque chemin qui s'ouvraient vers le temple perdu.
C'était toutefois différent, car l'agent de Suijin n'avait aucun temps à perdre.  La patiente qu'il avait laissé aux bons soins de Noka et ses petits vieux en avait pour quelques heures seulement, avant sa prochaine crise.  Malheureusement pour le guérisseur, il savait que son chakra médical n'était pas suffisant pour calmer ses maux et avait besoin d'un remède plus puissant, sur le plus long terme.  Toutefois, il se devait d'au moins stabiliser sa patiente le temps de recevoir sa commande de Kahari, d'où la pertinence d'obtenir la vigne miraculeuse de Taki.  Certes, ses vertus étaient bien moindres que les plantes plus rares et plus chères du pays de la Cascade, mais elle conviendrait pour les prochains jours à tenir.  L'art de la guérison par les plantes était difficile et Momotsuki n'en était encore qu'à ses balbutiements.  Peut-être parviendrait-il un jour à faire des miracles avec de la camomille...  
Toutefois, malgré sa petite expérience, le moine connaissait déjà plusieurs remèdes par lesquels il pouvait se débrouiller.  La vieille dame qui souffrait actuellement, Momotsuki était certain de pouvoir la sauver !

Tout en se perdant dans ses pensées, le jeune agent traversa les portes de Taki et pénétra les forêts marécageuses des alentours, dans une direction approximative de son point de destination.  Grâce à quelques repères laissés au fil des années par des guides téméraires, il s'enfonça très loin avant qu'un épais brouillard ne se lève, l'obligeant à ralentir sa cadence, puis à réaliser le pire : il venait de perdre ses repères.  

Merde !


Chôko avançait péniblement dans la pois grandissante, tentant de se repérer du mieux qu'elle le pouvait au travers de cette énorme forêt inconnue.  Déjà lourdement lestée, sa vitesse avait été réduite de moitié par l'impressionnant brouillard qui s'était levé soudainement.

« Tu as traversé bien pire, Chôko, t'es capable ! » s'encourageait la petite, frissonnant tout de même d'effroi.

Dans ce lieu inconnu, qui pourtant semblait être une forêt bien inoffensive au départ, les ombres des arbres qui perçaient au travers du brouillard, s'étiraient en de sinistres silhouettes.  Bien qu'elle se convainquit d'avancer malgré sa peur grandissante, elle dû rapidement se rendre à l'évidence qu'elle était perdue.  Aussitôt, elle regretta sa témérité et les histoires de son grand-père, qui lui semblaient autrefois bien mensongères, lui apparaissaient soudainement comme prophétiques !

« Aller Chôko, encore un peu, juste un peu... »

Mais elle perdit son appuie et dégringola de la branche sur laquelle elle s'était juchée.  La chute fut brusque et lui coupa le souffle.  Son cri d'effroi alerta également un terrible prédateur et remarqua la jeune Chôko.  D'un croassement strident, la corneille fondit vers sa proie !


Momotsuki s'était arrêté, reprenant son souffle.  Il tentait de se remémorer l'enseignement d'un guide qu'il avait un jour suivi dans ces marécages traitres, bien que la moitié des notions avaient rebondies sur la paroi opaque que formait sa gêne maladive, lorsqu'on tentait de lui apprendre quelque chose.  Étrangement, ce qui lui revenait le plus en tête était ce grand sourire narcissique, cet étrange afro et... ce très long bâton !
Aussitôt, le regard nacre du moine s'illumina et empoignant son khakkhara, il se prit à sonder les alentours, afin de déceler un potentiel chemin.  Puis, réalisant qu'il avait bien mieux pour se guider, il activa ses pupilles.  Aussitôt, des veines saillirent à ses tempes et ses yeux immaculés semblèrent s'animer d'une pupille invisible.  Puis, découvrant qu'il ne parviendrait pas à apercevoir plus loin que quelques mètres, il concentra encore plus de chakra dans ses yeux afin de dissiper les nuages de sa vision.  Aussitôt, sa vue devint aussi nette que s'il s'était promené en plein jour.  Grâce à son bâton couplé à sa vie extraordinaire, Momotsuki avançait désormais d'un pas soutenu.

Le jeune moine ne s'habituait toujours pas à son étrange don héréditaire.  Cette vue perçante, décrite dans de vieux textes religieux qu'il avait eu la chance de parcourir, du temps qu'il passait le balai chez les reclus de Dojin, associait parfois un tel don à une puissance Divine.  Certes, le Byakugan n'était pas inconnu du monde shinobi, mais pour le garçon qui avait oublié son passé dans les terres du Nord, il s'amusait à le redécouvrir.  Loin de prétendre qu'il possédait les pupilles stellaires de Hojin ou Suijin — certaines tribus, lui avait enseigné son vieux maître de médecine, associaient le soleil et la lune à ces Kamis — Momotsuki se prenait parfois à considérer son don héréditaire comme une bénédiction.  Une bénédiction d'avoir un dernier souvenir transmis par le sang, un dernier souvenir de son frère.
Alors qu'il avançait lentement, bâton devant et regard porté au loin, un faible cri parvint jusqu'à lui.  Ses sens aiguisés crut reconnaître celui d'une jeune fille, aussi s'arrêta-t-il subitement pour tenter d'en apercevoir la présence.  À une trentaine de mètres de lui, il crut déceler un très faible chakra.
La panique le pris.

Que devait-il faire ?

S'élancer à la rescousse de cette inconnue, sans savoir sur qui tomber, ou alors poursuivre sa mission pour secourir sa patiente ?  Le dilemme, renforcé par un stress soudain, rendait tout action impossible.
Comme à son habitude, il prononça quelques mantras pour s'aider à réfléchir.  Contrairement à son habitude, il invoqua la sagesse de Dojin... incertain de parvenir à se faire entendre, avec toute cette boue environnante.
Pour simple réponse, le Kami lui renvoya les visages confiants de ses équipiers de mission.  D'abord le sourire nonchalant de Shigure-dono — étrangement, Momotsuki lui attribuait de bien nobles desseins — puis les traits durs de Noriko-dono.  Ce fut toutefois les crocs menaçants de Yuu qui le convainquit de se porter au secours de la demoiselle.

« Elle va me mordre si je n'interviens pas ! »

Aussitôt, le garçon de foi s'élança avec peine et misère au secours de l'inconnue.  Avec en tête les mouvements subtiles du Nara et la rapidité de l'Inuzuka, en moins de temps qu'il n'en fallait pour appeler la bénédiction des Kami, Momotsuki traversa le marécage sans trop s'enliser jusqu'à l'endroit où il avait découvert le petit point de chakra.
Mais voilà qu'il l'avait perdu de vue !

« Au secours !  Ningen!  Au secours ! » cria la voix à nouveau, au-dessus de la chevelure rose.

L'agent de l'Eau releva subitement la tête et affina sa vue, afin de voir aussi loin que lui permettait son Byakugan.  Ce qu'il découvrit le laissa béat quelques secondes : une corneille se débattait avec la petite source de chakra !  Puis, dans un nouveau tire d'ailes, elle échappa sa proie. « Shimata! » eut tout juste le temps de lancer un Momotsuki paniqué, avant de s'élancer pour rattraper cette étrange apparition.

Dans un grand splash bien gluant, il intercepta la chose.

« C-ça va ? » prononça Momotsuki, une fois redressé de sa chute.

De la boue lui dégoulinait sur le visage et ses vêtements étaient tout détrempé.  Les dernières herbes encore bonnes dans sa sacoche étaient sans doute désormais inutilisables.  Son khakkhara avait plongé et cela lui prendrait un moment pour le retrouver...  Or, rien de cela ne l'affectait, tant il était intrigué par la petite silhouette qu'il tenait dans le creux de ses paumes, à bout de bras.

« Ça va. » articula la chose, sous une couche marécageuse. « Dis, Ningen, tu veux bien m'aider à m'décrasser ? »

Sans réellement réfléchir, le moine s'exécuta et avec l'aide de ses pouces, découvrit la petite silhouette.  Il resta un court moment à l'observer, sans réellement comprendre. Elle portait une... carapace ?
Puis la chose parla :

« Oh !  Les yeux c'est ici !
— WOUAAAAH ! » s'écria Momotsuki, lâchant immédiatement l'étrangeté qui s'était niché dans ses mains.

La surprise le fit de nouveau chaviré vers l'arrière et Chôko s'écrasa à son tour dans la boue.


Cela avait pris plusieurs heures, mais Momotsuki et sa nouvelle amie avait fini par retrouver leur chemin et le duo avait grimpé les hautes marches qui menaient au temple, trouvant un abris temporaire suite à leur périple.  Épuisé à se débattre dans les marécages, le moine s'affairait désormais à nouer un petit foulard sur la coquille de Chôko, qui l'observait faire avec une certaine appréhension.  Une fois le noeud bien serré (s'assurant qu'il ne l'était pas trop pour Chôko), le garçon se laissa choir sur son séant.  Il ne comprenait toujours pas les derniers événements.

« Merci, Ningen.
— De rien... après, j'ai jamais appliqué des soins à un...
— Escargot.  Parle plus fort, je t'entends mal...  Je crois que j'ai encore de la boue dans les oreilles.
— Ça a des oreilles un escargot ?
— Aucune idée.
— Ah. »

Ils se contemplèrent pendant un moment.  Si Momotsuki lui attribuait une étrange fascination, de ce regard contemplatif et paumé (diront certaines), Chôko préférait le toiser de la tête aux pieds, comme lorsqu'on observe pour la première fois un cadavre.  Oui, un cadavre.

« Ils sont tous comme toi, les autres ?
— Comme... moi ?
— Oui, comme toi.  Avec cet air idiot sur le visage.  C'est la première fois que tu vois un Kuchiyose ?
— Kuchi... yose ?
— Ah ! décidément oui, je suis mal tombée !  J'aurais dû écouté Pépé...
— T-tu es perdue ?
— Ça dépend.  Où sommes-nous ?
— Au Temple perdu des Marécages.
— Ah ! décidément oui, je le suis ! »

L'attitude quelque peu hautaine de cet escargot en fit presque oublié la mission du jeune moine.  Soudain, Momotsuki sursautait et portait son regard sur les vignes qui l'entouraient.  Déjà, le jour tombait et s'il ne faisait pas assez vite, la vieille dame n'aurait plus rien à boire d'ici quelques heures.  Le vieux Noka et ses Oubliés comptait sur lui !
Le garçon s'agrippa aux vignes et se mit à les tirer, voir même les mordes, afin d'en décrocher des morceaux.

« Que fais-tu, Ningen ?
— Ch'èchaye de prend'e qu'ques rachines !  Qu'qu'un va mourir chinon !
— Tu vois bien que tu n'as pas les bons outils pour faire ça...  Laisse tomber, je...
— NON ! fit volte-face le prêtre.  Je ne peux pas abandonner Noka-san et les autres ! »

Dans son regard brillait une sourde colère, qui impressionna assez Chôko pour la faire taire pendant de longues minutes, assez pour laisser le temps à Momotsuki de reprendre sa coupe aux incisives.  Avec un grand grognement, il parvint à décrocher un morceau et s'écrasa, dans le geste, de tout son long, se cognant durement la tête
Chôko en profita pour grimper doucement sur le front du garçon, alors que celui reprenait doucement ses esprits, une vigne dans la bouche.

« Regardez-moi ça, un idiot qui ne sait pas s'arrêter lorsque vient le temps de sauver des gens.  Ce n'est pas en te blessant toi-même que tu arriveras à quelque chose...  Quel est ton nom ?
— Momo... Momotsuki. peina-t-il à articuler, intimidé par le gastéropode qui lui faisait les gros yeux.
— Quoi ?
— J'ai dit Momotsuki.
— Enchantée.  Chôko.
— Ha !  Chôko ?
— Oui.  Chôko.
— Mais t'es pas un papillon pourtant !  T'es un escargot !
— Oui.  Merci.  Je suis au courant.  T'en as d'autres des comme ça ?
— Non madame...
— Très bien.  Relève toi Momotsuki, je vais te montrer que tu n'as pas à te casser la tête pour aider les gens.  Littéralement.

L'agent de Suijin s'exécuta.  Se dépoussiérant du mieux qu'il le pouvait, il glissa Chôko dans sa veste.  Puis, d'un tapotement un peu trop familier au goût du Kuchiyose, il la rassura que même la nuit, elle n'avait pas à craindre, car il saurait s'y repérer.
D'un soupir impérial, Chôko fit comprendre qu'elle n'en avait rien à faire...  Même si, au fond d'elle-même, elle fut bien contente d'être tombé sur un ningen aussi attentionné.
Momotsuki agrippa son khakkhara et fendit à nouveau le marécage !


Lorsqu'ils retrouvèrent enfin l'hospice du vieux Noka, on vint chercher Momo rapidement afin qu'il assiste à ce que tous croyaient comme les dernières moments de vie de la pensionnaire.  Une pâleur étrange marquait ses traits, sans parler de la cyanose péri-buccale, signe de la trait mauvaise circulation sanguine.  Il confia le morceau de vigne à Noka, qui revint rapidement avec un pâte épaisse, alors que Momotsuki préparait son espace.  Caché dans les plis de sa robe de moine, Chôko observait la malade et lorsqu'elle fut certaine d'en comprendre la cause, sa petite voix porta au travers du tissu.  Pour les observateurs extérieurs, certains crurent à une voix venue tout droit de la poitrine du guérisseur.

« Dépose moi sur elle, Momotsuki. » ordonna Chôko, ce que fit le garçon, quelque peu surpris.

Sur la pâte de Vigne Rampante qu'on avait appliqué généreusement sur tout le haut du buste, le petit escargot se mit à déverser une base gluante, qui colla immédiatement à la peau.  Puis elle se dégagea.

« C'est bon, tu peux y aller.
— O-ok ! »

Les mains du médecin s'illuminèrent à nouveau et il les porta à la poitrine de sa patiente.  En quelques minutes à peine, elle se mit à reprendre des couleurs.  Sa respiration jusqu'alors saccadée repris un rythme normal.  Devant la magie du chakra, les vieux rassemblés autour de la malade lancèrent en choeur un « oh ! » bien sonore.
Puis la malade rouvrit les yeux, surprise.  Elle observa d'abord Chôko, qui lui renvoya un regard hautain (du moins, comme peut le faire un gastéropode), puis Momotsuki, qui commençait étrangement à suer.
Elle tenta de parler, mais elle était encore trop faible.

« Noka-san, articula un prêtre essoufflé.  Vous la laisserez se reposer encore quelques jours...  Des médicaments devraient bientôt arriver...
— Ah !  Merci mon gardon !  Oh ! mais Momotsuki, vous allez bien ?
— Oui... Oui... Ch-chôko, on a... ré... us...  sit... » parvint-il à articuler, avant de tomber à la renverse, épuisé par l'utilisation de son chakra.

Sur son visage, régnait un sourire béat, alors que le garçon commençait à ronfler.
Le petit escargot s'avança sur le bord du lit, désappointée.

« Ah ! décidément oui, tu es un idiot médecin, Momotsuki-kun ! »

Momotsuki : 20 xps, technique d'invocation validée et apprise !
Choko : 1 xp invocation