Tenge Suko

Tenge est un garçon hors-norme. Voici ce qu’il a entendu toute sa vie, du début à la fin, du commencement à aujourd’hui. Il est un esprit torturé et à raison. Laissez-moi vous compter son histoire.

Cette histoire commence en bordure d’Onogoro, dans un endroit reculé des terres et de la montagne, là où même les oiseaux ne volent plus. Entre deux roches se trouvait le temple-caverne des suko-shō, un clan-famille incestueux. Je vous dépeins le tableau vite fait : papa est tout en haut de la pyramide, et couche avec ses femmes, certaines sont ses filles, d’autres sont ses sœurs, peut-être même que parmi elles se trouvent sa mère. Mais l’homme peinait à avoir un enfant-mâle, et pour une raison simple : il était condamné, en tant que patriarche, à ne pouvoir donner naissance qu’à un seul garçon, durant toute sa période de fertilité. Lorsque celui-ci arriverait, il serait alors soumis au test de compatibilité avec l’être suprème, celui-là même qui était vénéré et gardé par le clan, et qui était, à ce moment, représenté par un roi des rats vieillissant. ( au cas où, pour qu’on soit sûrs de parler de la même chose, je t’invite à taper «  roi des rats » sur google )

C’est à peu près à ce moment qu’est né Tenge. Seul garçon apparaissant, tous les membres du clan suko-chô sûrent qu’il devrait être testé. C’est pourquoi on apporta le roi des rats vieillissant à ses côtés, et que l’on déposa délicatement le pied droit du jeune nourrisson sur le nœud opéré par les queues du roi des rats. Dès lors, le roi des rats se mit à frissonner de toutes ses têtes. Les frissons se transformèrent en spasmes, alors que les chairs du roi des rats semblaient se décoller et venir peu à peu recouvrir la jambe du petit bébé qui se mit à hurler. Pendant trois jours durant, le petit hurla, suffoqua, se débattit, alors que la masse de chair mouvante, qui avant se trouvait sur le roi des rats, s’éparpillait sur tout le corps de Tenge. Puis, au bout de 72 heures exactement, la respiration saccadée et les cris de l’enfants laissèrent place au calme le plus total. Les poils de rat tombèrent par paquets autour de l’enfant qui avait pris un teint maladif mais semblait s’en être sorti. C’est ainsi que Tenge accueillit en hôte un deuxième être, un être millénaire, plus de trente fois réincarné, qui contrastait fortement avec l’esprit ignorant, naïf et blanc du bébé.

Les choses auraient pu se terminer à ce moment, après un discours du patriarche, si celui-ci n’avait été interrompu par un kunai venu se ficher dans sa gorge grasse. La guerre en effet détruisait les mondes et avait rattrapé le temple des suko-chô. Tout le monde fût ainsi balayé, massacré, tué, et brûlé. Seul l’enfant survécu, par la force de l’être en lui qui déchira ses chairs, le mettant K.O par la douleur, et lui donnant l’aspect d’un cadavre pour presque toutes les personnes présentes dans la salle. Le seul à ne pas être dupé était un prêtre de Kazejin, qui comprit très rapidement l’intérêt aussi bien scientifique que militaire porté par cet enfant, qu’il emmena avec lui en Onogoro pour le former à la vraie religion.


C'est ainsi que le jeune Tenge s'est retrouvé endoctriné par les serments de Kazejin. L'enseignement religieux fut couplé à de nombreuses expériences portées sur son corps. Tenge devint rapidement " Kontena", le receptacle, un cobaye qui restait constamment dans l'ombre, pris dans l'obscurité de salles éclairées seulement par les grandes foudres qui pénétraient ses chairs " pour des tests ". C'est cette foudre-là qui détruisit peu à peu son visage et son corps, le marquant d'une partie des cicatrices présentes. Les autres, il les a fait seul, dans des crises de démence. Enfant trop loin de la lumière, il développa rapidement un ami imaginaire auquel il parle constamment, encore aujourd'hui. Cet ami était là pour lui tenir compagnie, mais aussi et surtout pour l'aider à ne pas avoir peur lorsqu'il entendait l'autre voix, la voix grave, qui pose des directives.

Kazejin l'entraina peu à peu à combattre pour les valeurs propres. Il apprit à prier en hurlant, et fut peu à peu formé à devenir la future chair à canon de l'église.