Aux Bains du Lotus Blanc

Deux gamin d'une dizaine d'années se font face, l'air grave et impérieux. Une main dans le dos, le regard plongé dans celui de l'autre. Sourcils froncés plissant leurs fronts ajoutant une touche de dramatisme à cette scène. En font-ils de trop ? Très certainement car à la vue de leur petite main cachée dans le dos, ils sont tout simplement en train de s'adonner à une partie de pierre, feuille, ciseaux. Grand classique pour trancher sur un point d'opposition dans une fratrie. Le blondinet serre les dents alors que celui à la chevelure de jais lui laisse tout simplement un petit sourire s'afficher sur son visage, en coin, malicieux.

Aki : Pourquoi on doit toujours le faire au chifoumi ?!

Haru : C'est le plus équitable !

Le dernier à parler n'est ni plus ni moins que celui qui aborde le plus de confiance. Apparemment ça l'arrange étrangement de se départager sur ce jeu. Aurait-il un certain avantage sur son frère ? On dirait bien et de ce qui se dit il se retrouve toujours gagnant face au petit blond.

Haru : Tu es prêt ?

La tension était vraiment palpable, apparemment c'est un grand enjeu qui se joue là. Ou en tout cas à leur échelle. Tous deux se retrouvent pratiquement front contre front.

Aki : Chi ! il donne le point de départ

Haru : Fu !

Aki : Mi !!!

Il prend quelques secondes avant de donner le top départ. À peine la syllabe prononcée que les deux petites mains quittent directement leurs cachettes pour dévoiler celui qui sera la victorieux de cette partie. Une pierre et un papier, un gagnant et un perdant.

Haru : Crotte !

Et oui contrairement à ce que la suite de victoire aurait pu laisser croire c'est bel et bien Aki qui s'en sort.

Haru : En trois manches !

Aki : Non ! Tu me le refuses à chaque fois ! Pour une fois que c'est moi qui gagne hihihi. il est vraiment heureux, aucun doute sur ce point C'est à toi de nettoyer le bain quatre ! Bonne chance Haku !

Car oui, il faut le savoir que ce petit duo se trouve dans une pièce destinée au confort. Pas une salle de bain mais plus une pièce dans un immeuble destiné au bien être. Mais que peuvent bien faire deux gamins dans un tel lieu ? Il faut tout simplement savoir s’intégrer non ? Hormis ce point il faut dire qu'ils n'ont pas beaucoup de points de chutes sur Onogoro. Quoi qu'il en soit, sur cet instant Aki attrape un sceau empli d'eau chaud et d'un produit plutôt odorant.

Aki : Je vais aller jouer avec Manano à tout à l'heure !

Haru tire tout simplement la tête, prêt à proposer à son frère de lui donner un coup de main mais se rappelant très rapidement que c'est justement ce qui était en jeu. Si de base ils étaient censés rendre ce lieu clean à deux, ce petit jeu n'avait que pour but de savoir qui s'en chargerait seul. Alors que le blondinet quitte la salle en sautillant l'autre relève les pans de son pantalon et retire ses chaussures.

Haru : C'est pas juste ! C'est toujours moi qui gagne normalement !

À l'aide d'une cordelette le bambin attache ses cheveux en arrière, à défaut d'avoir un bandeau il faut bien faire avec ce que l'on a sous la main. On pourrait pratiquement croire qu'en ce bâtiment il y a une certaine exploitation des enfants. Oui, en effet c'est l'impression que ça donne mais si vous demandez à la patronne des lieux ils ne sont rien de plus que ses petites neuveux.

Les Bains du Lotus Blanc, un endroit bien agréable mais aux portes déjà closes. Ça peut arriver quelques fois par mois, sans crier gare. Ce n'est pas des plus amusant quand on s'est dit durant toute la semaine que l'on allait pouvoir se prélasser dans l'un de ceux-ci pour décompresser d'une semaine de travail. Tout comme semble le penser cet homme rebroussant chemin en voyant la pancarte s'excusant pour cet inconvénient, expliquant que la santé de la gérante se faisant de plus en plus faible au fil du temps ils n'avaient d'autre choix que de refuser l'entrée aux clients afin qu'elle puisse se reposer au calme. Car oui, ce ne sont pas que des bains mais c'est également ici que vit Koki, sa petite fille et ses deux neveux. Et pourtant bien que clos, on pouvait entendre le bruit de getas bien caractéristiques frappant les lattes de bois à rythme frénétique. On pourrait croire à une crise de la vieille, ce qui expliquerait pourquoi une telle mesure. Et c'est ce qu'espère bien sûr la patronne. Bien que déclarée malade elle est bel et bien en pleine forme. Debout sur un petit tabouret elle orchestre les dernier préparatif.

Kiko :Manano va me chercher ce qu'il nous reste de mousse d'Utsuri no Seika. Pukiro et Aki, il nous faudra un baril de sel de la mer de Monoki. Haru, j'espère que tu as bien mis la boue récoltée durant le nettoyage du bain quatre de côté. son regard perçant se planta dans celui du jeune garçon qui se figea sur place, elle ne le dépassait que d'une tête alors qu'elle ne touchait pas vraiment le sol et pourtant il ne faisait aucun doute qu'une bonne engueulade de sa part n'est vraiment pas une partie de plaisir Tu as perdu ta langue petit renardeau ?

Haru : Heu … heu … Non ! Bien sûr que non ! Et je t'ai déjà dit de pas m'appeler comme ça !

Kiko : Au lieu de te plaindre va donc chercher ce que tu as récolté ! Fari va me chercher un sac de sable d'Hatsunohide.

La mamie saute un peu maladroitement au sol alors que tout le monde s'affrétait à ses occupations. Non sans un dernier regard de défi de la part d'Haru, qui pris très rapidement la poudre d'escampette sous la menace du bâton de la Punition. C'est de cette façon que les jumeaux l'avaient nommé. Ça n'a beau faire qu'un mois qu'ils sont sur les terres d'Onogoro, ils peuvent déjà se venter d'avoir pas mal goûter à la morsure de cette arme sans égale.
Ce n'est qu'au bout d'une demi-heure que tout le monde était de nouveau en groupe, tous chargés mais un plus que les autres ou en tout cas par rapport à sa taille. Aki porte tant bien que mal un lourd sac, le visage rouge et le dos plier sous le poids de sa charge.

Haru : Tu cherches encore à faire le malin ?

Puissant dans ses ressources le blondinet décolla maladroitement son pied du sol afin d'écraser celui de son frère. Si en temps normal un tel geste ne fait pas vraiment mal, ce n'est absolument pas le cas ici. La charge plus son propre poids concentrés sur deux bandes de la geta c'est tout ce qu'il faut pour infliger une sacré douleur. Ce qui ne manqua pas d'ailleurs.

Haru : AÏE ! Mais ça va pas la tête ?!

Il n'en faut pas plus pour que le noirâtre laisse tomber le sac qu'il portait sous le dos. Ni une ni deux une odeur prenant le nez se répand dans la pièce. Cependant, il n'a pas le temps de faire un pas que ce qu'il redoutait arrive. Il ne le prend pas en plein crâne comme ça peut arriver, la Punition est juste là entre les deux. Menaçante, pesante, sa présence est suffisante pour que Haru se morde l'intérieur de la joue. Regard provocateur envers son frère, indiquant qu'il ne perd rien pour attendre. C'est dans un silence un peu lourd qu'il se penche pour reprendre le sac, faisant bien attention à que rien ne s'écoule. Il ne s'était qu'un peu ouvert, rien de bien grave. Heureusement, car il va s'en dire que la patronne n'aurait pas du tout apprécier perdre ne serait-ce qu'un peu de cette substance.

En parlant de la petite vieille, voilà qu'elle s’affaire. Donnant quelques coups de son bâton sur l'un des murs de bois du bâtiment. Une des réserves pour être exacte se trouvant à l'arrière de la réception, cachée par un simple pan de tissu rouge. Est-ce que tout ceci est obligatoire ? Pas vraiment, elle aussi aime se donner un peu en spectacle. Ajouter des mouvements n'ayant pas vraiment besoin d'être mis en place. Peut-être pour brouiller les pistes ? Pour que personne ne sache exactement ce qui doit être fait ? Ou alors c'est tout simplement car ça lui fait plaisir d'être de la sorte le centre d'attention de cette mini foule.
Elle plonge l'une de ses mains parcheminée au fond d'une de ses nombreuses poches et dépose ce qu'elle en ressort dans un pot de terre à l'entrée de cette pièce dérobée des regards. Ce qui se trouvait il y a un instant dans ses mains, c'est tout simplement … À vrai dire je n'en ai vraiment aucune idée, tout ce que je peux dire c'est que ça rentre bien en réaction avec la plante qui a élu domicile dans ce pot de grès. Ses racines s'allongent, de plus en plus, sortant du pot afin de ramper au sol et de s'engouffrer sou le tissu. Les jumeaux connaissent bien ceci, ce n'est pas la première fois qu'ils la voient en action. Haru en a totalement oublié la douleur au niveau de son pied, tout excité à l'idée de ce qu'il va se passer. Aki lui prend appuis sur la chaise derrière le comptoir, il sait que ça peut prendre un peu de temps et le poids de ce qu'il porte le met déjà suffisamment sur les rotules que pour dire de rester stoïque tout en le sentant tirer sur son dos. Le moindre repos est le bienvenue et au moins comme ça il aura moins de chance de flancher en chemin.
Les racines de la plante finissent par dessiner sur la cloison du fond une sorte de porte, sans poignée, juste le contour. Il n'y a pas que les jumeaux qui sont impatient, tous a leurs manières ne tiennent plus du tout en place. N'attendant qu'une chose, que cette douce brise indique que le passage est libre. Ce courant d'air portant le véritable brouhaha d'on peut être porteur cet établissement.

Kiko : On y va les enfants.

Elle ouvre la marche, frappant une dernière fois l'un des pans de mur de Punition. La réserve possédait maintenant une ouverture vers un nouveau lieu, la plus grande partie des bains. Ici c'est bien sûr interdit à toute personne n'ayant pas le droit de s'y rendre. Tout comme l'entrée qu'ils venaient d'emprunter. Quiconque tente de la franchir sans l'accord de Kiko risque gros. Fari ne fit que déposer un large tonneau. Elle était cette fois-ci de corvée de surveillance de la partie se trouvant à Kahari. C'était toujours l'une ou l'autre, jamais les enfants, bien trop petits pour ça et encore moins la vieille. Si elle est patronne d'un côté c'est tout aussi vrai de l'autre. Sauf qu'ici elle a bien plus de main-d’œuvre à gérer. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle commence à faire immédiatement, le petit groupe se retrouve rapidement déchargé de leurs cargaisons. Au grand soulagement d'Aki il faut le dire, il commence seulement à perdre un peu les rougeurs dues à l'effort.

Kiko : Manano tu as une heure de quartier libre, je veux que tu t'occupes de servir après. On aura besoin de toutes les mains disponibles, les plus petites comme les plus grandes. les jumeaux ne tiennent plus en place, eux aussi vont très certainement y avoir droit Haru et Aki, voilà de quoi aller acheter ce qu'il nous manque encore. l'injustice ! Allez au magasin du vieux Lobido, je lui ai commandé une plume très spéciale et je compte bien qu'elle arrive dans le bain cent-huit sans le moindre soucis. Sans quoi je ne serais vraiment pas contente les enfants ! elle pose dans la main de Aki quelques pièces, elles n'ont absolument rien à voir avec celles d'Onogoro, de la monnaie locale ne pouvant être utilisée que sur Pando.

Haru : Pourquoi elle a le droit de s’amuser et pas nous ?! en parlant de Manano elle avait déjà pris la poudre d'escampette avant que sa grand-mère ne change d'avis

Aki : Tu peux demander à quelqu'un d'autre la vielle !

Coup de bâton et pas un petit cette fois-ci, aucun doute qu'Aki aura une sacré bosse !

Kiko : Et si vous croisez votre père, vous serez priés de lui demander de payer pour votre pension. Ça commence à peine qu'il a déjà du retard. Je n'ai jamais vu un aussi mauvais payeur !

Tous deux se reteignent de répliquer. Le courroux de Punition est trop fort pour laisser leur insouciance parler. Il vient de le prouver.