Mission : chasser le prédateur [Rang C]

Citation :

Chasser le prédateur
Rang C
Equipe convoquée : Genin - 3
*Yachiru Akimichi (Genin)
*Akira Uzumaki (Genin)
*Leiko Mamoru (agent civil de l'Eglise de Kazejin)

Une meute de loups s'est récemment installée dans les marécages autour de Taki. Elle s'attaque aux rares troupeaux de bétail qui s'y trouvent, et un berger a même été blessé la semaine dernière.
Ils sont très proches de la ville, et dans la partie Nord des marais. Leurs attaques sont irrégulières sur les troupeaux, donc nous vous laissons décider de la marche à suivre : les attendre ou tenter de les pister. Ce qui est certain, c'est qu'ils ne sont pas très nombreux même si nous n'avons pas d'estimation de leur nombre. Ils prennent environ trois brebis tous les cinq jours d'après les bergers.

Objectifs :
*Localiser et prendre l'information sur la taille de cette meute, et leur repaire.
*Capturer ou éliminer ce problème avant qu'ils ne fassent un autre blessé, selon votre marge d'action.

Récompenses :
*200 drakes.
*1 pilule de l'armée de secours.
*1 manteau en laine bien chaud (resistance de 5 au froid/techniques de froid mais -3 de vitesse).

Vous avez rendez-vous à la porte Sud de Taki à sept heures du matin, et c'est là que votre mission commence.
Vous n'avez ni supérieur ni chef d'équipe, donc vous décidez entre vous de la marche à suivre et des décisions relatives à la mission.

J'incarnerais les PNJs que vous pourrez croiser et je me réserve le droit d'intervenir quand bon me semble (que ce soit pour vous donner des indices, répondre à vos actions, jouer les bergers, ou encore les loups ...).

Bonne chance !

Se lever à 6 heures du matin pour une mission, c'est inhumain je vous jure. Surtout pour aller combattre des loups... Enfin bref, ça reste la première mission avec ma nouvelle équipe, il faudrait pas non plus passer pour un boulet.

Commençons, comme d'habitude, par évaluer les dangers de cette mission:
Une meute de loups très agressive qui peut attaquer à tout moment. Heureusement que c'est plutôt bien payé, ça va me permettre d'avancer dans ma prochaine création.

Alors voyons la troupe. Elle, ça doit être Leiko, on m'avait prévenu qu'elle était bizarre, mais bon tant qu'elle est efficace, je ne vois pas le problème. Et celle ci est donc Yachiru. Le plus important, faire bonne impression.

*Akira prends son sourire et son regard le plus charmeur avant de s'adresser aux deux demoiselles*

- Mesdemoiselles, j'imagine qu'il est l'heure des présentations! Je suis Akira Uzumaki, et il s'agit de ma première mission.

Maintenant, il faut penser à un plan d'action, j'ai déja mon idée de comment agir sans trop se mettre en danger, les loups ont bien peur du feu non? Il suffit donc de trouver leur repaire, de mettre le feu à l'entrée et d'attendre qu'ils sortent enfumés ou qu'ils meurent d’asphyxie et le tour est joué! Mais bon, je vais les laisser se présenter et voir si elles ont un autre plan d'action, ce n'est pas comme si on allait rencontrer ses loups dans les prochaines minutes.

L’Eglise de Kazejin se voulait contraignante, pour Leiko, ces derniers temps. Depuis qu’ils avaient réalisés qu’ils étaient allés trop loin et qu’elle profitait maintenant d’eux, et non plus le contraire, ils gardaient bonne mine pour faire illusion … mais cherchait le moyen qu’elle demeure parmi eux le moins longtemps possible. La miraculée n’était pas inquiète pour autant : ils ne pouvaient pas se débarrasser d’elle, elle avait fortement restreinte leur marge de manœuvre. Et pourtant, elle n’avait strictement rien fait, sinon leur laisser libre droit sur tout ce qui concernait son histoire et le souffle de vie rendu par le dieu du Vent.
Enfin, ils venaient de jouer leur dernier atout : ils l’avaient proposée pour participer à l’entente entre l’Eglise des Cinq et les shinobis impériaux. De cette manière, ils l’éloignaient d’eux mais sans perdre la notoriété et le prestige d’avoir la preuve de l’existence de Kazejin en ce bas monde, et de sa volonté. Astucieux, vraiment.
Là encore, Leiko n’en était pas inquiète. Tout se déroulait selon le plan de son protecteur, et l’Eglise de Kazejin en ressortirait grandie … comme prévu.

Même si, elle devait bien se l’avouer, la perspective de suivre des ninjas dans leurs missions ne l’enchantait pas plus que ça. Le terrain. Ce n’était pas son domaine. Et il exposait un peu de trop les secrets qu’elle s’efforçait de dissimuler dans l’ombre ecclésiaste. Il y a des choses enfouies dans les souterrains du Vent … et qui feraient bien mieux d’y demeurer. Et puis, elle avait ses recherches à mener, aussi. Enfin, peut-être qu’au fil de ses aventures ninjas, elle pourrait ramener une précieuse expérience, qui lui servirait à concocter de nouveaux axes de recherche. Ce n’est pas comme si elle avançait réellement, en ce moment. Au mieux elle stagnait. Au plus réaliste, elle s’éloignait de ses objectifs par manque d’inspiration.
C’était donc un mal pour un bien, éventuellement. Avec un peu de chance, elle en reviendrait même avec un ou deux cobayes glanés ici ou là.

Par exemple, en l’occurrence, des loups. Des créatures à l’anatomie fascinante. A la fois si proche et si éloignés de l’espèce humaine. Elle ne savait pas comment, mais ils avaient sans nul doute des qualités qu’elle pouvait exploiter à son compte. ** Voyons. Oh, je dois accompagner deux membres de clans. L’un d’eux vient du clan Uzumaki, c’est très intéressant. Leurs talents inégalés en matière de sceaux est porteur de bien des mystères et ouvre de nombreuses perspectives d’avenir. Et puis ce sont des scientifiques, eux aussi. Leur clan a donné un moteur incroyable à l’Empire en matière de prouesses technologiques. Sécurité, alimentation énergétique, et même informatique … Ce pourrait être très avantageux d’avoir ce genre de coéquipier à l’avenir. La seconde … Akimichis. **

Leiko battit des paupières, semblant particulièrement concentrée. Elle finit par plier sobrement l’ordre de mission, et le ranger à l'intérieur de son kimono.  ** Aucun intérêt pragmatique. Bien sûr, si elle mourrait et me laissait ausculter son corps ce serait différent. Mais même ainsi, ce serait purement un intérêt scientifique. Qui ne servirait pas du tout ma cause. **
En tous cas, c’était très curieux. Ces deux-là étaient une équipe formée après que les équipes Genins eurent été annoncées. En somme, ceux qu’on avait oubliés. Pourtant, en général, les ninjas provenant de clans possédaient des techniques ancestrales qui les rendaient bien plus compétents que le commun des ninjas. Leiko haussa les épaules. Elle verrait bien par elle-même.

Leiko n’était pas la première arrivée au point de rendez-vous : la jeune Akimichi était déjà là. Elle passa devant elle, et lui glissa un simple « Bonjour. », avant de s’asseoir sur la petite rambarde de l’escalier montant à la porte Sud. Elle y resta silencieuse, que l’autre lui parle ou non ne l’intéressait pas et elle pouvait être très patiente. Simplement, elle ne désirait pas avoir à se présenter deux fois quand l’Uzumaki serait arrivé. Elle préférait donc ne rien dire pour le moment, et se contenter d’attendre. Pendant tout ce temps, elle fixait l’Akimichi de ses grands yeux bleus et pâles, froids comme la glace. A quoi pouvait-elle bien penser en cet instant ?

Akira ne mit même pas deux minutes à arriver à son tour. Il se présenta rapidement, sourire charmeur, très calme. Plutôt sûr de lui, malgré ce qu’insinuaient ses paroles. Mais du côté de la fille en kimono, il se heurta à un mur de glace. Pourtant, même si ce n’était pas évident à deviner étant donné qu’un sourire étrangement sinistre était sa seule réaction, elle l’étudiait avec un réel intérêt.
* Fascinant. Homme ou femme, telle est la question ? Son corps est incroyablement rare de confusion. * Enfin, ils attendaient sûrement d’elle qu’elle se présente à son tour. Et maintenant qu’elle était sûre que tout le monde était là, elle n’y voyait plus de problème. « Leiko. » Eh bien, oui, personne n’a affirmé qu’elle serait particulièrement bavarde. En fait, elle donnait toujours un peu d’espace à ses différentes paroles. Afin de bien les remâcher avant de les prononcer. Trois mots bien réfléchis étaient de meilleurs assassins qu’un kunaï, comme on dit. « C’est l’église du Vent qui m’a demandé de vous accompagner. Je n’ai pas non plus d’expérience du terrain. Ou en tous cas pas des missions shinobis. » L’évidence, même, mais elle répondait simplement à ce qu’avait affirmé Akira : pour le moment, elle se contentait de réagir. Mieux valait ne pas prendre les devants. Ils étaient formés pour ce métier après tout, ce qui n’était pas son cas.

Depuis qu’on m’a annoncé pour la mission, je ne tiens plus en place. Bon sang, enfin un peu d’action, ça fait grave plaisir ! Bon, ok, je ne suis Genin que depuis une semaine, et je viens juste de rentrer de mon village natal. Mais quand même, deux jours, c’est beaucoup trop long.
Ce matin, j’ai à peine pris le temps de m’habiller et d’avaler mes six bols de céréales matinaux, que je suis déjà partie en courant. J’ai bien lu l’ordre de mission en diagonal, assez pour comprendre que ça parle de loups. Le reste ? Aucune importance ! Ce n’est pas avec leurs noms que je vais savoir qui sont mes équipiers, et je me fiche éperdument de la récompense. Tout ce que je veux, c’est de l’action.

A mi-chemin de la porte, je croise une boulangerie. Je la dépasse. Je m’arrête. Je reviens en arrière. J’ai oublié de prendre des casse-croûtes pour le second petit déjeuner, à dix heures. Et pour ce midi … Non, on aura probablement déjà terminé. Mais un Akimichi sait qu’il faut prendre des précautions pour être sûr de ne pas rater un repas ! Si je dois me battre le ventre vide, je perds environ quatre-vingt-dix pourcents d’efficacité. Du coup, prévoir, c’est pouvoir. Et une question de sécurité. Ni une ni deux, je rentre en trombe dans la boulangerie, et je la dévalise. J’ai un forfait Akimichi, ici, donc ils me font des prix de groupes scolaires. Un peu comme dans tous les restaurants et commerces de bouffe à trois cent mètres à la ronde autour de chez moi. Soit très exactement vingt-six établissements. Des endroits où l’on vendait du bonheur en barquettes, en sachets, en bouteilles, et autres boîtes en carton. Ces lieux qui faisaient la magnificence de l’homme et rappelait ce qu’il avait de plus que l’animal : la cuisine.

Mon sac bien rempli à ras-bords de pâtisseries, et d’un fort petit nombre de sandwichs de secours, je m’élance à nouveau.

C’était bien la peine de me presser, parce que j’arrive en première. De peu, à peine j’ai posé les pieds de l’autre côté de l’arche délimitant la porte, qu’une autre jeune fille arrive. Elle a des yeux magnifiques, j’en reste même bouche bée. Elle doit avoir à peu près mon âge, mais sa tenue, son regard, et la gravité de son visage … Bordel, elle est trop belle. Je suis jalouse. C’est ma coéquipière ? Oui, je vois pas pourquoi elle serait ici sinon. Je lève un pouce victorieux et souriant à son encontre, et je m’apprête à me présenter avec énergie.
Mais elle me dit à peine bonjour, me dépasse, et se met à m’ignorer complètement. Un frisson me parcoure l’échine. Brrr. Elle est grave belle, mais elle est super flippante ! Et pas très bavarde …

Eh mais attends ?! Elle me fixe là ?! J’ai l’impression qu’elle est en train de prévoir le jour de ma mort. Qu’est-ce qu’elle a au juste ? Normalement ça m’aurait énervé, mais elle n’est pas non plus hostile, et finalement elle m’a dit bonjour … Du coup je lui tourne le dos, même si ça me file la chaire de poule de sentir le poids glacé de son regard. Mais au moins comme ça je peux fulminer et bouder pépère.
Un … euh … Une … Raaaaah, bordel. Un mec sans doute plus féminin et sexy que moi se pointe. Enfin, je crois. Je suis pas totalement sûr. Akira. Je jette un œil à l’ordre de mission. La fille qui m’a ignorée se décide aussi à se lever, et à nous dire son nom. Leiko. Ouais, c’est mes deux équipiers. Ah, c’est une religieuse ! Normal qu’elle soit flippante. Elle doit être dans un délire mystique bizarre. Tout s’explique.
Je saute sur la petite rambarde de l’escalier, et j’agite mes poings devant mon visage en mimant un sac de sable.

« Et moi c’est Yachiru ! J’ai fait quelques missions quand j’étais étudiante … Mais je pouvais rien frapper. C’était super chiant ! »

D’un bond agile, je me réceptionne sur une marche.

« Yooooooosssshhhh ! C’est parti ! Le premier qui trouve les loups a le droit de se battre avec ! »

Et je partis, sprintant de toute la force de mes gambettes. Héhé, vu leurs physiques, impossible qu’il puisse me suivre. Je me retourne en biais. En quelques minutes je suis déjà loin dans les marais. Pas moyen qu’ils me rattrapent ! La bagarre est à moi !

Tant d'énergie ça me fatigue. Si elle pense faire la course avec moi, courir aussi vite est inutile, trotiner aurait suffit. Et courir comme ça, directement vers le danger, sans aucun plan d'action, ça me dépasse. M'enfin j'ai toujours vu les Akimichis comme des gens étranges.

Me voila donc seul avec cet personne étrange. Mais bon, je serais très mal placé pour juger quelqu'un au physique.

*Akira avance de quelques pas très lentement en soufflant, puis se retourne vers Leiko*

- Bon, j'imagine qu'on n'a pas d'autres choix que de la suivre. On y va?D'ailleurs, on devrait peut être échanger nos numéros, en cas d'urgence ça peut être utile, et si l'on fait partie de la même équipe, je suppose qu'on va être amené à se revoir. D'ailleurs, tant qu'on a un peu de marche, tu as une idée de comment mener cette mission?

Leiko regarda la petite Akimichi s’éloigner en courant à toute vitesse. La fille au kimono, elle, n’avait même pas esquissé un mouvement pour tenter de la suivre. Une course ne la tentait vraiment pas. En plus, elle n’avait strictement aucune chance de la rattraper. Tant d’énergie, et d’athlétisme, c’était beaucoup trop. Au moins, la motivation semblait être de la partie. Comme Akira se retournait vers elle, Leiko descendit de son perchoir et s’épousseta pensivement.

Les ninjas étaient composés de personnalités disparates. Là où les membres du clergé se rejoignaient tous plus ou moins, selon leur église, en termes de caractéristiques mentales et physiques. Enfin, il y avait au moins des redondances. Alors que trouver des points communs entre l’Akimichi et l’Uzumaki semblait relever du défi.
Pas d’autre choix que de la suivre, hein ? A nouveau, elle resta de marbre. Ce serait difficile. Elle venait de s’engouffrer dans les forêts denses et humides qui entouraient les marais. A vrai dire, Leiko avait déjà perdue leur équipière de vue. Mais oui, il avait probablement raison. Prendre sensiblement le même chemin était tout indiqué.  « De toute manière, si on ne la retrouve pas, elle va probablement se perdre. J’espère simplement pour elle qu’elle a pensé à emmener une carte ou qu’elle sait s’orienter dans les marécages. La végétation est trompeuse, dans les parages. »  Une carte. Ca, c’était un outil auquel elle aurait pu penser. Enfin, dans son esprit à elle, l’un des ninjas formés pour ce genre de missions y aurait pensé avant elle. Mais apparemment pas. Il semblait que la journée allait être un peu plus ardue que prévue. Restait à espérer que la jeune Akimichi savait se défendre. Vu le boucan qu’elle faisait, il y avait moyen que les loups ne la trouve avant qu’elle ne leur tombe dessus.

Alors que les deux restés en arrière esquissait quelques pas, descendant une à une les marches du long escalier descendant vers l’orée de la tourbière, Akira suggéra d’échanger leurs numéros. Leiko le regarda quelques instants, sans comprendre où il voulait en venir. Etait-il un spécimen de laboratoire auquel on avait attribué un code ? C’était plutôt fréquent. Ou alors les ninjas avaient des sortes de numéro de série ? Après tout, on pouvait bien imaginer l’académie comme une sorte d’usine. Non, il avait sorti son téléphone. Voilà donc où il voulait en venir. Il devait y avoir une sorte de numérotation permettant de communiquer de l’un à l’autre. Enfin, là, pour le coup, il était plutôt mal tombé. « Je n’ai pas de téléphone. Il aurait mieux fallu prendre celui de Yachiru. Je pense que si l’on perd quelqu’un lors de nos missions, ce sera plutôt elle … pas moi. » Preuve en était qu’elle était effectivement déjà très loin. Leiko s’arrêta à l’orée de la forêt. Pas de sentier. On pouvait deviner le passage de l’Akimichi aux arbustes défoncés au-travers du chemin. Mais c’était périlleux de s’aventurer sans préparation ici. Que faire ? C’était justement la question que lui posait Akira.

Alors ce n’était pas forcément les ninjas qui décidaient de la marche à suivre, et elle qui les suivait pour les soigner en cas de problème. C’était pourtant ce qu’on lui avait dit de faire. Enfin, l’officieux et l’officiel se rejoignaient rarement. Et vraisemblablement, elle avait son mot à dire sur la marche à suivre. « Je ne pense pas qu’on la rattrapera. On ne devrait pas essayer, mais plutôt aller à un endroit où nous pourrons la retrouver si elle finit par réaliser qu’elle est toute seule et qu’elle est perdue. Voyons … Ici. ». Quelques mètres plus loin, il y avait un plan, qui indiquait d’ailleurs la manière dont était fléchée et organisée la tourbière. Si Yachiru consultait les panneaux indicateurs, perdue ou non, alors elle aurait accès à ce plan, elle aussi. Et si elle était intelligente … un minimum du moins, et qu’elle réalisait qu’on ne s’aventurait pas au pifomètre dans les marais. Alors la destination semblait toute trouvée. Leiko posa le doigt sur le panneau, indiquant ce qui ressemblait à une sorte de grand ranch mal dessiné. « Là. Il est marqué que c’est l’endroit où les bergers rentrent le troupeau le soir. Et à côté il y a une petite zone habitée. Comme ça on sera au bon endroit pour démarrer des recherches. Les loups ont peut-être laissés des traces aux alentours, et les bergers pourront peut-être nous dire ce qu’ils savent. Ca semble être un bon point de départ. ». Il restait à espérer que l’Akimichi aurait ce même genre de logique et les retrouverait facilement.

Malgré le fait qu’elle pensait son raisonnement infaillible, Leiko n’entama pas pour autant la marche en avant. Elle avait pleinement conscience qu’elle était membre de l’Eglise, et non une kunoichi. Alors mieux valait laisser les ninjas prendre les décisions. En plus, si leur équipière décédait parce qu’ils avaient renoncés à la suivre, Akira aurait probablement plus d’ennuis que la prêtresse du vent. En tous cas, c’était à se demander comment l’Empire avait triomphé pendant la guerre avec Shousan. Sans doute que tous les shinobis n’étaient pas fait du même bois. Ou qu’ils s’amélioraient avec les années et l’expérience.

Je cours tout droit sans me poser de questions, à travers boue et buissons, persuadée d’avoir complètement prit l’avantage dans la course. Seulement, à un moment, je finis par m’arrêter. Et je regarde en arrière. Je reviens sur mes pas. Quelques pas. Un peu plus. Ils ne m’ont pas suivie ! A tous les coups, chacun est partie de son côté pour trouver les loups en premier. Bien vu, comme ça le défi était de taille !

Je regarde tout autour de moi, à la recherche des loups. Apparemment, ils ne sont pas ici. Et en regardant un peu par terre, je ne trouve qu’une seule série d’empreinte, un peu déformée, on dirait un marcassin, avec le sabot, là … Bon, si y’a des marcassins ici, pas de loups, normalement. Le gibier ne côtoie pas le prédateur. Donc les loups se trouvaient dans la direction opposée ! Logique imbattable, j’allais sûrement les dénicher en première.

Le problème ? Eh bien, après avoir avancé longtemps dans la bonne direction, je réalise que tous les endroits de cette forêt se ressemblent. Et que je suis complètement paumée. Pas de sentier, pas de panneaux indicateurs … Mince, on fait comment dans ce genre de situations ? J’avais séché un peu trop de cours sur la survie, et les rares où j’allais, c’était les cours pratiques, sur le terrain. Parce qu’on s’amusait bien, à se raconter des histoires qui font peur dans les tentes. Du coup, l’orientation, et ce genre de choses, j’avais toujours pris ça pour de la camelote …
Bon, pas de soucis. Y’avait des moyens de réussir à s’orienter. Le soleil ? Pas en hiver en tous cas. Non, vraiment, j’étais complètement perdue.

Toute seule dans la forêt, j’avoue que ça me sapait un peu ma joie de vivre. C’est vrai quoi ! Je risquais de ne pas trouver les loups en première … Du coup, pour me consoler, je m’asseyais dans l’ombre d’un arbre pour manger quelques pâtisseries, et réfléchir. Le ventre plein, on a toujours plein de bonnes idées.
Si j’avais eu une hache, j’aurais pu abattre un arbre, histoire de faire un maximum de boucan et d’attirer mes coéquipiers, qui auraient peut-être pensés à amener une carte, eux. Je pouvais tenter de balancer un parchemin explosif dans des branchages pour qu’on voit le feu de loin, mais je risquais surtout de provoquer un incendie. Je connaissais bien ce genre de problèmes : je venais quand même des forêts du Nord.

Bon, je suis requinquée, je me relève d’un bond, pleine d’espoir. Et j’avance, plus tranquillement cette fois, et attentive aux arbres qui m’entourent, et là où je mets les pieds pour éviter de me faire avoir par les marécages. L’idée ? Elle est toute simple : trouver des arbres marqués, pour savoir où je suis exactement. Ou alors, un cours d’eau. Là où il y a de l’eau, il y a forcément des hommes à un bout, ou à l’autre ! Surtout qu’il y a des élevages dans le coin, donc ils doivent bien avoir un ruisseau pour abreuver les bestioles.

** Et avec un peu de chance, les loups aussi boivent au ruisseau, et je pourrais leur tomber dessus et les défoncer ! **

Ouais, c’est décidé, mon plan est génial.

Leiko attendit docilement, tandis qu’Akira prenait sa photo. Elle regardait fixement dans sa direction, mais ce n’était ni son action, ni le jeune homme, qui retenaient son attention. C’était le téléphone. Lorsque ses parents l’avaient tuée, quand elle était toute petite, l’essor technologique n’avait pas encore commencé. Et lorsqu’elle était revenue, c’était presque déjà devenu une habitude pour tout le monde que de vivre avec. En si peu de temps, tout était allé très vite, c’était quelque chose de déroutant pour elle. Elle avait bien tenté de s’y faire, mais inexplicablement, les appareils électroniques semblaient dotés d’une volonté propre lorsqu’elle s’en approchait. Une volonté qui essayait à tout prix de s’autodétruire pour qu’elle ne puisse pas les utiliser correctement. Ou bien elle était comme ces vieilles personnes qui n’arrivaient pas à s’adapter aux évolutions de la technologie ? Le vécu en moins, cependant. Elle s’était aussi demandée si ce n’était pas son protecteur, et son nouveau chakra, qui s’y accoutumaient mal … mais ça ne semblait pas très logique. Même si les dieux et les machines n’étaient pas faits pour s’entendre, c’était difficile de croire qu’ils en aient quelque chose à faire les uns des autres. Après tout, elles avaient été construites avec le savoir et le monde qu’ils avaient laissés aux hommes.

Alors qu’ils se mettaient en route vers le ranch, Akira exposa à Leiko un plan auquel il avait songé un peu plus tôt. A nouveau, il lui demandait son avis. Elle avait du mal à savoir si les ninjas étaient contents de l’aide de l’Eglise, ou s’ils auraient préférés la rejeter. Pourtant, on l’avait prévenue en amont qu’elle serait peut-être mal accueillie dans une équipe, ce qui n’était pas le cas, puisqu’on semblait la considérer comme un membre de celle-ci à part entière. La conclusion la plus probante, c’était que la haute hiérarchie se cherchait des poux, tandis que les agents et les soldats tâchaient de bosser ensembles du mieux qu’ils pouvaient, et étaient satisfaits de s’épauler. Rien d’illogique, et rien de nouveau, que ce soit dans le monde des Neufs ou sous le soleil des Cinq. Ceux qui dirigent et ceux qui exécutent ne s’entendront jamais sur les sujets importants.
Alors qu’Akira régressait son idée, en arguant qu’elle était peut-être bête, Leiko secoua la tête avec un peu plus d’énergie qu’elle l’aurait voulue. « Non, ça me semble être une bonne idée. A condition bien sûr qu’il s’agisse d’une tanière : j’ignore totalement de quelle manière vivent les loups. Mais si c’est le cas, alors nous aurons effectivement un avantage certain et nous pourront même les précipiter dans notre piège. Après, il faut également que nous nous préparions et songions à tous les paramètres : est-ce que, si tanière ou grotte il y a, elle n’a qu’une seule entrée ? Sont-ils tous dedans ? Et est-ce qu’ils vont s’y terrer en sentant notre odeur qui approche ? Il ne faut pas sous-estimer les animaux, leurs méthodes de survie sont naturellement très efficaces. Je ne sais pas s’ils s’acculeront d’eux-mêmes. Mais pour résumer, si tous les paramètres sont réunis pour que ton plan fonctionne, alors je ne pense pas qu’il y en ait de meilleur. » C’était Leiko, donc c’était une observation objective, elle ne voulait ni le faire passer pour un idiot, ni le complimenter. Simplement, s’il lui demandait son avis, elle lui rendait sa confiance en lui donnant sa réelle impression.

Leiko porta son regard sur la forêt, estimant la direction dans laquelle Yachiru était partie d’après leur avancée. « Je viens juste d’y penser, et je me demande pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt. Si on envoyait quelques clones à la recherche de Yachiru ? Si on peut en envoyer quatre ou cinq, on peut couvrir une large zone pour la retrouver, et la ramener au ranch. Et sans prendre d’avantage de risques, puisque ce ne sont que des clones. En plus s’il y a un danger, ou qu’ils tombent sur les loups, ils nous donneront leur position en explosant. » Elle aurait également pu envoyer quelques zombies, mais ça aurait usé beaucoup de chakra simplement pour couvrir l’erreur de leur équipière, qui venait quand même des clans du Nord. Les clans de la forêt !  Si elle ne savait pas survivre dedans, ce serait un comble. Et puis, ce n’était probablement pas encore le moment de mettre ses meilleurs atouts sur la table, même si Akira devait devenir son équipier. Déjà, l’idée de faire des clones n’était peut-être pas si fameuse … Enfin, cette étrangeté-là, elle ne pourrait pas la garder bien secrète longtemps de toute manière.
Leiko malaxa son chakra, et l’aura noire d’encre s’accumula autour d’elle comme à chaque fois. C’était du chakra, mais au lieu d’être bleu … eh bien, il était différent. Froid comme la mort, et noir comme la nuit. Et contrairement à la légère aura bleutée du chakra des vivants, il était également très facile à voir même à l’œil nu, lorsqu’elle faisait appel à lui. Deux copies inconsistantes apparurent à ses côtés, tandis que le chakra, aspirant sa force vitale, lui arracha une grimace de douleur.

[Leiko : -10 chakra, -6 vie, 2 clones créés]

Elle avait l’habitude. Akira avait forcément senti tout cela mais … est-ce qu’il poserait des questions ou se contenterait de se murer dans le silence ? Elle préférait lui laisser le choix que de lui imposer toute explication. En attendant, les deux clones de la jeune femme partirent en direction de la forêt. Leiko attendit de voir si Akira adhérait à son plan et faisait de même, ou pas, et se remit en marche vers le ranch. Ils y seraient très bientôt, normalement. Ce n’était pas si loin, puisque c’était aux abords de la ville après tout.

Yachiru ne trouve pas de traces des loups. Par contre, elle finit par arriver à un ruisseau, qui s'écoule entre deux zones très marécageuses. A première vue, elle n'a aucune idée d'où il vient ni où il va.
Les arbres ne sont en revanche absolument pas marqués, en tous cas dans cette partie de la forêt.

Je commençais à me demander si je n’avais pas fait une boulette, en partant comme une furie dans la forêt marécageuse. A vouloir trop en faire … C’était évident que quelques loups n’étaient pas un problème. Mais j’avais sous-estimée la région des marécages, comme une idio…
Un ruisseau ! J’étais trop forte ! La meilleure ! Et la plus intelligente, normal pour une Akimichi de renom comme moi !
Je fonce vers le bras d’eau, revigorée de ma trouvaille. Toujours pas de signe, êtres humains comme animaux. Mais j’avais le point d’eau, donc je pouvais retrouver mon chemin, maintenant.
J’observais consciencieusement le ruisseau. Il était plutôt large, c’était sans doute celui qui venait de Taki. Donc logiquement, si je le remontais, je devrais arriver aux abords de la ville, donc probablement là où il y avait de la vie humaine. Et qui disait vie humaine, disait les bergers qui habitaient tout près des marécages.
Je n’avais pas suivi beaucoup de cours, mais celui-là était simple au possible, donc je m’en souvenais très bien : la géographie du pays de la Cascade. Comme les étudiants effectuaient toutes leurs missions dans les parages, on l’avait pas mal visité. Et on apprend que la grande cascade est alimentée par une rivière venant du pays de la roche. Pas une petite rivière, le genre plutôt massif. Et elle se divisait, après Taki, en plusieurs ruisseaux, qui parcouraient les marécages. Donc en remontant le ruisseau, on allait dans la direction de la cascade, donc vers la ville, et on sortait de la tourbière.
Ni une, ni deux, je fonce. J’ai bien hâte de trouver un endroit plus amical.

En plus, à bien y réfléchir, aller voir les bergers n’était pas une si mauvaise idée. Par contre, je commençais à m’inquiéter pour mes équipiers que j’avais semés dans la forêt …

** J’espère qu’ils ne se sont pas perdus … **

Surtout que je ne savais pas grand-chose d’eux, mais qu’ils avaient l’air assez fragiles tous les deux. Enfin, ils étaient deux justement. Ils devraient réussir à se démerder pour retrouver les loups … Donc fallait que j’arrive en première !

Quelques enjambées plus loin, le ruisseau s’élargissait, et j’aperçus des signes d’habitation : au loin, de grandes bâtisses en bois, et j’entendis aussi des aboiements. Alors que je me rapprochais, je contournais un enclos rempli de moutons. Deux molosses me regardaient, l’air patibulaire et méfiant. J’étais tenté d’aller me battre avec, mais les proprios le prendraient sûrement assez mal, du coup je me contentais de leur faire un coucou de la main et d’éviter de passer au milieu, longeant plutôt les barrières jusqu’à arriver sur la zone habitée. Un chemin partait de la maison, d’où une épaisse fumée s’échappait par la cheminée, et semblait contourner la forêt …

** Ah oui, on aurait pu longer l’orée de la tourbière plutôt que de passer au-travers … **

Alors que je remontais le chemin des yeux, j’aperçus deux silhouettes familières … Merde ! Ils m’avaient piqué mon idée de parler aux bergers ! Bah, je ne pouvais pas leur en vouloir. J’étais un peu le génie du groupe, ils marchaient donc sur mes pas !
Je courais vers eux en agitant la main, leur ayant déjà pardonné dans mon cœur.

« Hééééé ! Héééé ! »

Je me plante fièrement devant eux :

« Aha ! Vous ne vous êtes pas perdus ! Je suis contente ! J’ai presque eu peur que vous n’arriviez pas à vous retrouver dans la forêt … »

Je me remets dans le sens de la marche, les bras croisés derrière la tête, très causante maintenant que j’avais retrouvé mes équipiers et que je les guidais sur le chemin de la victoire.

« Bon ! J’ai pas croisé les loups, mais j’ai trouvé les bergers, là-bas ! On devrait aller leur parler ! »

Mon plan lui plaît, et elle y a même ajouté des choses que je n'avais même pas pris la peine de penser! Je pense qu'on va bien s'entendre, même si elle n'a pas l'air très causante, elle doit juste être timide j'imagine. Et cette idée des clones est une idée de génie ! C'est toujours comme ça de toute façon, plus on apprend de choses spécialisées, moins on pense à utiliser les bases.

- Oui tu as raison... Je n'avais pas pensé aux autres entrées, mais bon, gardons tout ça en tête pour le moment venu, et surtout pour l'expliquer soigneusement à Yachiru, j'ai bien l'impression que les plans et le raisonnement ne sont pas ses points forts. Mais bon, ça c'est dans le cas où on arrive à la retrouver dans ce bourbier ! Bref, assez parlé, créons des clones et avançons, plus on prend notre temps, plus Yachiru s'éloigne. C'est parti !

Allez, comme à l'université, on malaxe son chakra et... Mais... Qu'est-ce que c'est que ça? Cette sorte d'aura sort d’elle ? Ça me ferait presque froid dans le dos... Un chakra noir... Je n'ai jamais vu ça, ni de mes yeux, ni dans les bouquins de l'académie, alors je sais bien que je n’étais pas le plus assidu des élèves mais là... Et on dirait que... Non, on ne dirait pas, elle a souffert d'avoir utilisé cette technique ! Cette Leiko me parait de plus en plus étrange...
Mince, tout ça m'a interrompu dans la création de clone, elle a dû se rendre compte que je l'observais d'un drôle d'air. Enfin, au moins je tiens notre sujet de discussion jusqu'au Ranch !

[Akira : -10 chakra, 2 clones créés]

- Bon, j'envoie les miens dans cette direction ! En espérant trouver Yachiru dans le meilleur des cas, ou des loups.

C'est le moment de se mettre en marche. On n’a pas beaucoup de temps, et je ne vois pas comment aborder le sujet de son chakra sans la vexer, ou sans passer pour une petite fouine. Je vais attendre un peu et peut-être qu'elle en parlera d'elle-même.

Bon, ça fait plusieurs minutes qu'on marche et je vois le ranch au bout du chemin, elle ne m'en a pas parlé, elle ne m'a même pas adressé un mot à vrai dire, donc j'imagine que c'est à moi de mettre le sujet sur la table !

- Sinon, Leiko, je suis désolé si ça peut te paraître indiscret, mais... Mais attends, je vois une personne que je crois connaître là-bas ! Une fille, petite, toute menue, avec une mèche rose... Pas de doute, c'est Yachiru! ... c'est Yachiru là-bas! Elle s'approche mine de rien, je crois pas qu'elle se rende compte du risque qu'elle a pris!

*Akira écoute Yachiru, d'un air totalement dépité*

- On a un plan de la forêt, j'imagine que tu en avais un pour t'être retrouvé ici. En tout cas la prochaine fois, essaie de te retenir avant de te lancer comme ça, on a perdu du temps pour rien malheureusement. Mais bon, maintenant qu'on est là, autant commencé la traque. Nous avons envoyé deux clones chacun dans les marécages chercher un petit ninja perdu, ou des loups. Pour le moment les miens n'ont rien trouvé sur ces sales bêtes, et les tiens Leiko?

Les clones s’éloignent pour chercher Yachiru, tandis que Leiko et Akira reprennent la route de la bergerie. Maintenant qu’elle y pense, même si la mission revêt un aspect très routinier, elle n’en demeure pas moins très poétique. On la croirait même sortie d’un conte de fée. Des loups, des bergers, des moutons, et de fiers héros venus sauver la situation. Il ne reste qu’à transformer les bergers en une jeune et belle bergère vierge et pure comme l’eau claire, et les fiers héros en prince charmant. Et tout cela serait teinté d’un zeste d’illusion propre à être raconté aux enfants, le soir, pour qu’ils s’endorment, en affublant tous les personnages de noms conventionnés et un peu ronflants.
Enfin, dans la réalité, c’était des loups qui écharpaient des moutons, et des ninjas qui trucidaient des loups. Chacun luttait pour la survie de son espèce, au dépend de l’autre. Et cette guerre était au moins aussi impitoyable que celle qui se déroulait aux  frontières du pays du vent, et sur la côte de l’océan Monoki. Même si des personnes un peu trop suffisantes diraient que ça n’avait rien à voir.

A un détour du sentier, alors qu’ils marchent à bonne allure, les deux ninjas aperçoivent enfin, au loin, un grand bâtiment en bois. La bergerie, à n’en pas douter. Mais avant qu’ils n’aient pu la rallier, un visage familier fait son apparition. Apparemment, ils avaient un peu sous-estimée l’énergique Akimichi, qui avait réussi à retrouver son chemin dans les forêts marécageuses. Elle ne semblait pas avoir de plan à la main, par contre, donc il y avait de quoi se demander comment elle avait fait … Enfin, comme Akira se chargeait des remontrances, Leiko ne rajouta pas le moindre commentaire. De toute manière, ce n’était pas son rôle de dire à un ninja s’il faisait bien ou pas sa mission. En plus, elle devait reconnaître que Yachiru avait réussi à se rendre au même endroit qu’eux et à peu près au même timing. Donc même si tout était parti en sucette, tout était bien qui finissait bien. Enfin, elle était quand même plutôt d’accord avec Akira sur le fait que l’attitude de la petite boule  de nerfs lui faisait prendre des risques inconsidérés et stupides. Même si ce jugement, elle le garda pour elle.

Au terminus de son laïus moralisateur, Akira demanda soudain à Leiko ce qu’il en était de ses clones. A dire la vérité, elle n’avait plus de lien avec et ne savait pas vraiment ce qui leur étaient arrivé. Les clones  semi-consistants ne pouvaient pas transmettre d’informations … Voilà donc pourquoi elle n’y avait pas pensé plus tôt, finalement. Elle maîtrisait encore mal le sujet, et n’en avait pas fait beaucoup dans sa vie, donc ce n’était pas si étonnant quand on y songeait. « Il se peut que j’ai un peu surestimée la technique de clonage basique. Navrée. Leur utilité est bien plus moindre que ce à quoi je m’attendais … » En même temps, au cours de sa nouvelle vie de prêtresse, et de scientifique, elle n’avait guère d’attention à prêter aux techniques ninjas et à leur pratique. Et elle s’exerçait extrêmement peu à leur utilisation. Une chose en entraînant une autre, Leiko se retrouvait dans une situation gênante, avec un manque flagrant de résultat. Heureusement, Akira était dans la même, ce qui la réconfortait un peu, mais lui faisait se poser quelques questions quand même. Avait-il oublié lui aussi, témoignant d’un manque d’attention cruel pendant ses études, ou alors avait-il accepté machinalement pour lui faire plaisir et sceller leur travail d’équipe, sans réaliser sur le coup que l’idée de la prêtresse était mauvaise ? Les deux étaient déplorables, mais la seconde avait au moins le mérite de présenter quelques éléments encourageants pour le futur de leur petite troupe. Enfin, si futur il y avait, avec Yachiru qui semblait vouloir courir dans tous les sens.

D’ailleurs, la voilà reparti, vers la porte de la maison des bergers, cette fois ; Avant qu’elle ne rentre dedans et ne martèle la porte, Leiko crut bon de faire entendre sa voix. « Je pense que ce serait une bonne idée que ce soit Akira qui parle avec ces bergers, Yachiru, sans vouloir t’offenser. » Comme il se pouvait tout à fait que la suggestion soit mal accueillie, elle choisit quand même d’y rajouter un  certain zeste de diplomatie. « Je pense que les bergers font partie d’une caste de métier ancrée dans des traditions patriarcales. Ils respecteront sans doute d’avantage un homme qu’une femme qui leur parle, et le prendront d’avantage au sérieux. » Elle n’en pensait pas un mot, mais si la petite Akimichi pouvait y croire, ce serait déjà ça de gagné pour que leur équipe continue de tourner, sans pour autant prendre à rebrousse poils leur équipière. Le fait de s’inclure elle aussi dans ceux qui ne devraient pas prendre la parole les mettaient de plus dans le même sac, ça participerait peut-être à adoucir son constat imaginaire. Cela dit, elle n’y connaissait rien en berger et en milieux ruraux. Il pouvait bien se trouver qu’elle ait raison, au final.

En tous cas, arrivés devant la porte, Leiko s’arrêta tout simplement, et se tourna vers Akira pour lui laisser l’occasion de frapper et de parler lui-même. C’était la suite la plus logique aux événements arrivés depuis le début de la mission, vu que Yachiru et elle avaient toutes deux fait une erreur un peu bête, même si on ne parlait pas tout à fait du même genre d’erreur. Autant que ce soit celui qui avait à la fois l’expérience et la tête sur les épaules, plutôt que celles qui n’avait que l’un ou l’autre.

Yachiru n'a pas l'air d'avoir apprécié. Tant pis. Je ne lui avais dit que la vérité, je n'ai rien a me reprocher.

Leiko a l'air de s'en vouloir pour les clones. Il faut vraiment que je fasse tout pour qu'elle prenne en confiance et que se voit comme l'égal de nous.

*Je prends le sourire le plus rassurant possible*
T'inquiètes pas Leiko, ça restait une bonne idée, et a vrai dire, j'ai beaucoup raté de cours pour réussir à maîtriser Hiroki.

C'est vrai que je n'y avais pas pensé non plus, alors que ce ne sont que des techniques de base.

Bon, c'est a moi de frapper à la porte. Le raisonnement de Leiko tient la route, à un point près. Je ne suis pas de sexe masculin. Mais je ne peut pas lui en vouloir, je comprends la confusion.

- Je vais frapper à la porte, n’hésitez pas a posez vos question malgré tout. Par contre Leiko, je ne suis pas un homme.

Avec un petit clin d’œil pour conclure. Je ne pense pas qu'elle l'aie mal pris. Et si c'est le cas ce n'était pas ce que je voulais. Bref, frappons à cette porte, avant que Yachiru ne s’énerve et la défonce.

Un vieil homme ouvre la porte. Surement trop vieux pour aller travailler avec ces bêtes.

- Bonjour monsieur, je me nomme Akira Uzumaki, et voici mes coéquipières, Leiko et Yachiru. Nous sommes envoyés pour régler votre problème de loups! Donc si vous aviez n'importe quelles informations à ce propos, que ça soit le lieu ou ils logent, s'ils avaient quelque chose d'étrange, les lieux où ils attaquent fréquemment ou quoi que ce soit d'autre, nous sommes preneurs!

Le vieil homme regarda celui qui venait de frapper à sa porte d'un air surpris, puis lui attrapa la main, des étoiles dans ses yeux ternis par les années et ridés par le passage des saisons.

« Oh, mademoiselle Uzumaki ! Et vous aussi mesdemoiselles Leiko et Yachiru, c'est la providence qui vous envoie ! Je vous en prie, entrez ! »

Il le tire presque à l'intérieur, dans la joie et l'excitation. La maison est très rustique, mais le tout est très propre. Quelques meubles en bois de qualité, qu'Akira reconnait comme étant du noyer et de l'orme, la garnissent chaleureusement. Elle est très bien éclairée par plusieurs fenêtres, malgré le temps morne des jours d'hiver. Le vieux berger vous tire une chaise chacun pour vous asseoir, et s'affaire en toussant.

« Je suis Moïsu ! Il était grand temps que de braves âmes viennent nous aider avec ces loups ... Je pensais que les ninjas jugeaient notre problème trop peu important, en ces temps de guerre ... Mais je remercie le ciel que vous soyez là ... »

Tandis qu'il parle, il pose en boitillant une carafe de lait et un plateau avec du pain, cinq fromages de brebis différents et de bonne taille, des biscuits avec des pépites de chocolat, du beurre, et il y a même des crêpes fourrées avec quelque chose qui ressemble à du sirop d'érable ... Sans oublier un pot de crème de marron et quelques pommes !

« Servez-vous autant que vous voulez, je suis votre obligé. »

Son visage s'assombrit, soudain ...

« Ces loups ... Ils ont emportés mon ami Ferumi il y a quelques jours ... Et depuis qu'ils sont là, plus d'une dizaine de nos moutons les plus ventripotents. De bonnes bêtes ! Qui devaient nous aider à ragaillardir notre commerce. C'est déjà pas facile avec la concurrence du pays du feu et du pays du blé ! Et on n'a même pas retrouvé ce pauvre Ferumi, ils ont emmenés son corps. Je l'entends encore, criant à l'aide, traîné dans les bois par ces sales bêtes ... Jamais vu des loups aussi gros ... »

Il secoue la tête, peiné.

« J'aurais bien voulu lui venir en aide, mais ces vieux os ne pouvaient rien pour lui ... Je ne mets plus les pieds dans la forêt, et j'essaie de sortir les bêtes le moins tard possible. Mais ils viennent de plus en plus tôt, si je les rentre trop tôt ! L'autre soir, ils ont même fait une attaque alors que j'avais fermé la bergerie ! Ils ont enfoncé la porte comme des possédés ! Je ne sais plus quoi faire ... »

Les larmes coulent sur ses vieilles joues ... Le pauvre homme doit être en train de vivre un véritable calvaire, et il a clairement peur pour sa vie.

Leiko fixa quelques secondes Akira de ses yeux de glace. Avant de répondre, d’un ton toujours très neutre : « Je ne suis pas inquiète. » Ce qui était totalement véridique : ce n’était pas elle la shinobi, après tout. Au contraire, faire cette erreur maintenant lui permettrait de ne pas la faire dans le futur. C’était même un bon enseignement, pour elle qui n’utilisait que très rarement les techniques empruntés aux ninjas qu’elle avait appris à l’Eglise du Vent.

L’attitude de Yachiru prêtait au rire. Ou plutôt, dans le cas de Leiko, au sourire. La jeune adolescente était pleine de vie, et chacune de ses phrases, chacun de ses gestes, en était emprunt. Elle aimait cela chez cette jeune femme qui peinait à sortir de l’enfance. Son esprit était vif et curieux, comme celui d’une gamine, mais son corps létal comme celui d’une guerrière aguerrie. Le contraste formé ainsi était détonant, et lui octroyait de nombreux défauts de caractère … mais aussi d’indétrônables qualités. Par exemple, elle était réellement arrivée en première au niveau de la bergerie, même si les méthodes étaient discutables. Leiko sentait bien qu’à l’avenir son caractère bien trempé leur serait utile, même si en d’autres occasions comme ici, il leur porterait préjudice. S’ils parvenaient à s’entendre et à gagner sa confiance, ils pourraient partiellement la canaliser, et elle ferait des miracles. Ce genre de personne peut devenir une valeur sûre, comme pêcher par excès de passion. Pendant qu’elle boudait, Leiko passa devant elle et suivit Akira vers l’entrée de la maison.

L’homme qui sortit était très vieux. Mais son diagnostic était évident : il était encore en pleine forme. La jeune femme en aurait bien conclut que le grand air faisait des merveilles sur sa santé, mais sa toux et l’air vicié des marécages démentaient cette affirmation. La légiste en elle était formelle : il ne lui restait pas tant de temps qu’on le croirait à vivre. Enfin, suffisamment d’années pour que les loups demeurent un problème et une menace, cependant.
Il était particulièrement accueillant, et sa maison semblait très confortable. Leiko accepta la chaise tirée pour elle avec reconnaissance, et s’assit non sans le remercier poliment d’un signe de tête appréciateur.

Ce pauvre homme, Moïsu, était la victime des loups et semblait vivre des jours de malheur. Et pourtant, il prenait le temps de les accueillir avec beaucoup de gentillesse. C’était peut-être pour les séduire, mais comme il le disait il attendait de l’aide depuis un moment. Et plutôt que de se mettre en colère, il les remerciait encore et encore. C’était une chose de savoir se contenir, mais une autre de ne pas rejeter la faute sur les autres. Leiko aimait bien cet homme, et elle avait réellement envie de faire quelque chose pour lui. Elle ne savait que trop bien comme les morts et les vivants se regrettaient en étant séparés. C’était injuste que son ami lui ait été arraché trop tôt. On ne devrait franchir le seuil de la mort que quand notre temps est venu, et ne pas être arraché injustement à la vie. Pour avoir vécu cette expérience, que d’autres la vive lui était extrêmement pénible. Aussi, la jeune femme se leva avant même d’avoir touché au lait ou aux victuailles, et elle déposa une main froide et frêle sur la joue du vieil homme, pour planter ses yeux gelés dans les siens. « Maintenant que nous sommes là, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Ces loups ne vous embêteront plus très longtemps. » Elle cessa le contact, reculant de quelques pas, et sortit de sa poche une amulette de Kazejin qui était la preuve de son rang au sein de l’Eglise. D’habitude, les prêtresses la portait autour du cou, mais elle n’aimait pas vraiment poser de collier sur les marques de strangulation gravées dans sa chair. « Je suis une prêtresse du Vent. Quand les loups ne seront plus un problème, je vous aiderais à offrir un chemin doux et prospère à votre ami pour l’autre monde, par une oraison en l'honneur de Kazejin. Nul homme ne devrait rendre son dernier souffle aux Dieux sans avoir cet honneur. »

La jeune femme se rassit, puis porta à ses lèvres un verre de lait de brebis. Le goût était particulier, plus fort que le lait de vache. Mais ce n’était pas immonde, loin de là. En fait, c’était même très bon, ce qui était fort surprenant.
Leiko se rendit compte qu’elle avait agi sans tenir compte de l’avis et de l’intérêt du groupe, impulsivement, en s’adressant à Moïsu. Elle ne pensait pas qu’on lui en tiendrait rigueur puisque ce rôle était parfait pour les agents de l’Eglise, mais n’était-ce pas plus procédural de s’en tenir aux instructions des shinobis ? Non, après tout Akira et Yachiru ne lui avaient pas fait sentir qu’elle n’était pas la bienvenue. Alors elle pouvait agir comme bon lui semblait, tant qu’elle le faisait intelligemment et humainement. Elle n’avait, de surcroit, rien à se reprocher.
Consciente qu’elle n’avait fait que tenter de rassurer le vieil homme, et lui manifester sa sympathie, sans avancer sur des questions plus importantes, la jeune femme se tourna vers Akira, à qui incombait d’avantage ce genre de choses. Elle ne pensait pas que Yachiru allait cesser de bouder de toute façon, et encore moins poser une question pertinente. Elle appréciait la petite Akimichi, mais de là à s’attendre à ce qu’elle s’occupe d’un interrogatoire plus poussé …
Ou peut-être avaient-ils tout ce dont ils avaient besoin, désormais ?

Quelle bande de nazes ! Non seulement je me faisais gronder, mais en plus maintenant plus personne ne faisait gaffe à moi. Lorsque le vieux berger ouvrit la porte, cependant, je sus que les reproches viendraient plus tard : il avait l’air d’avoir vraiment besoin d’aide. Avec ses petits bras tremblants, c’était pas étonnant qu’il ait besoin d’un coup de main et que les loups lui en fassent voir des vertes et des pas mûres.
Une bonne surprise nous attendait à l’intérieur : le vieil homme avait préparé un  vrai festin pour nous accueillir ! Je sautais sur ma chaise, enjouée :

« Woooaaah ! J’avais une faim de lo… euh, super faim ! Merci Papi ! »

Par quoi je commençais ? Le fromage, évidemment ! Quand on arrive quelque part, on goûte toujours les spécialités locales en premières. Question de principe, et de politesse envers notre hôte. Je coupais donc le fromage en deux, et fourrait ce bon gros morceau dans un tiers de baguette de pain, avant d’enfourner le tout en quelques bouchées. C’était juste trop bon. Heureusement, j'y allais doucement : on était invités après tout, et en mission, donc il fallait bien se comporter ...
Pendant que je me régalais, Moïsu racontait ses déboires à Akira et Leiko. J’écoutais d’une oreille un peu distraite, mais je saisis les grandes lignes.

Leiko se leva soudainement, pour lui effleurer la joue. A quoi elle joue au juste ? Enfin, elle vient de dire qu’elle est prêtresse. Dire que je pensais qu’elle était juste apprentie dans l’Eglise, un peu comme nous comme ninjas … Mais non, elle avait le droit de faire des cérémonies apparemment, et elle avait même un pendentif. C’était un peu comme notre bandeau au final, non ? En tous cas le viel homme avait l’air rassuré, ça devait être ça le but !
Comme elle disait qu’on allait s’occuper des loups, je sautais sur ma chaise, pour battre mes poings dans le vide, comme si je frappais sur quelque chose.

« Cronch. Ouais ! On va les … Cronch … défoncer ! Vous en faîtes pas … Cronch … Papi ! Bientôt même les … Gloups … loups des autres pays voudront plus venir par ici, tellement on aura botter le cul de ceux-là ! »

J’arrêtais mon dernier coup de poing dans sa direction, avec un sourire déterminé :

« Vous avez clairement plus de mauvais sang à vous faire. Il y a un vieux dicton dans mon clan : celui qui remplit le ventre d’un Akimichi avant de lui demander son aide, peut déjà considérer son problème comme résolu ! »

Je n’avais jamais trop compris ce que ça voulait dire, mais aujourd’hui tout me semblait beaucoup plus clair.
Bon, Akira avait déjà posé ses questions et Leiko ne semblait pas vouloir réagir. On attendait quoi au juste ? Je regardais par la fenêtre. On y voyait le grand enclos. Voir. Ah ben tiens, justement !

« Dites, Papi. Vous avez dit que vous n’avez jamais vu des loups aussi gros. Ca veut dire que vous les avez vus emmener votre ami ? Dans ce cas vous savez dans quelle direction ils sont partis, non ? Vous pourriez nous montrer ? Ca nous fera un point de départ. »

Citation :

Le vieil homme hésita quelques instants, puis hocha la tête :

« Oui, oui, j’ai bien vu où ils étaient. J’étais à cette fenêtre, là. Vous voyez au fond de l’enclos, l’abreuvoir ? C’était juste derrière. »

J’étais toute fière, c’était moi qui avait trouvé la bonne idée. Encore une fois, j’avais envie de dire, même si mes deux équipiers semblaient penser autrement. C’était ça, être un génie, tout simplement ! Je commence à me précipiter vers la sortie … Mais je me ravise, pour embarquer quelques vivres pour la route. Je ne connaissais pas le lait de brebis, mais ça donnait tout un tas de mets succulents ! Peut-être que ce n’était pas poli de me servir comme ça alors qu’on s’en allait ? Bah, donner c’est donner, reprendre c’est voler !
Je pose la main sur la poignée de la porte, et je revois la tronche d’Akira quand il m’engueulait. Je soupire, et je me retourne.

« Bon, on y va ?! »

Quand vous approchez de l'endroit indiqué par Moïsu, vous ne remarquez rien au premier coup d'oeil.

[Compétence Survie de Yachiru]

Yachiru, tu remarques une série d'empreintes un peu effacées par les intempéries, mais pourtant visible à un oeil attentifs. Tu n'es pas sûre à cent pourcent, mais tu crois déceler dans l'épaisse boue des tourbières des empreintes de canidé, à cause de la position des griffes et des coussinets. Tu penses que ça pourrait être des empreintes de loup, puisqu'elles vont vers, et repartent, de la bergerie.

[Etant donné la situation, je vous propose de changer l'ordre de post : Yachiru-Leiko-Akira.]

Permission accordée ! Yeah ! Attendez, j’avais besoin d’une permission ? Non, mais bon, on était une équipe toute neuve, alors je commençais à comprendre pourquoi Akira préfère qu’on bosse tous ensembles plutôt que chacun de son côté, ou de faire la course à qui y arriverait … Après tout, il fallait s’habituer avant des missions plus compliquées. Et puis bon, c’était pas drôle d’être celle qui se fait gronder. Alors bon, autant que ça se passe bien et que tout le monde soit content. Enfin, sauf Leiko qui apparaissait comme toujours égale à ce qu’on faisait. C’était bizarre une prêtresse, décidément. Ca ne semblait pas très joyeux comme métier, ninja c’était quand même vachement plus sympa !

Je fonçais dans la direction indiquée par Moïsu, arrivant quelques instants avant mes équipiers. Puisque c’était moi le guide de toute façon, autant en profiter pour inspecter les lieux avant qu’ils ne me rejoignent.
Bon, en partant des barrières de l’enclot, aux abords des marécages et du bois, il devait bien y avoir un indice qui trainait. Du sang séché ou … Des empreintes dans la boue ! Toute fière de ma découverte, je me précipitais vers elles. C’était presque effacé, mais heureusement, dans ce genre d’endroit humide, les traces peuvent rester plutôt longtemps. Et même les animaux qui ont le pas le plus léger du monde ne peuvent pas ne pas laisser d’empreintes, quand ils pataugent dans la boue d’une tourbière !
C’était quand même vachement léger par rapport à celles que je laissais, moi. Et pourtant, je n’étais pas bien lourde quand je n’utilisais pas les techniques de mon clan …

** Ca ressemble aux traces de Kitty, le chien de la vieile Laochi. Je m’en souviens, avec les autres gamins du clan, on était allé le chercher quand il s’était perdu dans la forêt, quand j’habitais encore au village … Bon, par contre c’est plus gros. **

Rien que d’y repenser elle avait l’eau à la bouche : la vieille Laochi était une expatriée du pays de la roche, qui était venu se réfugier dans le village, pour être protégée par l’Empire. Quand les enfants, couverts de griffures, lui avaient ramenés sont chat égaré, elle leur avait préparé des biscuits qui venaient de là-bas. C’était un peu dur sous la dent, mais quand on avait trouvé le moyen de croquer dedans, c’était une explosion de saveurs ! C’était même incroyablement bon. Le doux parfum de la cannelle me poursuivrait toute ma vie, désormais … Rolalala, des biscuits à la cannelle …

Les floc floc que faisaient les pieds de mes équipiers en arrivant au niveau de la tourbe me tirèrent de mes pensées. Je leur montrais, toute fière, les traces dans la boue, qui remontaient dans la forêt, un peu plus loin, et s’éloignait jusqu’à son cœur dense et envahi de lianes et de buissons épineux.

« C’était il y a quelques jours, mais ils étaient là. Et ils sont partis par ici ! Je peux remonter les traces jusqu’à leur terrier, leur grotte, ou quoi que ce soit dans quoi ils vivent ! »

Une vision me traversa l’esprit …

« Par contre … S’ils ont un refuge, ils doivent avoir des petits. Ca me dérange pas d’assommer quelques louveteaux, mais on ne les tue pas, hein ? Ils sont dangereux si près de chez nous, mais on doit pouvoir contacter quelqu’un pour les déplacer une fois neutralisés … Ca se fait trop pas de tuer des animaux comme ça ! On pique un chien qui mord, mais on ne maltraite pas ses petits pour autant ! »

Même s’ils avaient tués un être humain, et que les adultes ne nous laisseraient sans doute pas le choix, je ne me voyais clairement pas tuer des petits loups sans défense. Je préférais encore les adopter. Et ça, je ne pouvais pas … Ouais, ça n’avait aucun sens. Mais je ne les tuerais pas. S’ils voulaient le faire, grand bien leur fasse, mais ce ne serait pas moi qui allait faire une chose pareille. Déjà que les adultes, je le faisais uniquement parce qu’ils avaient attaqués des civils et que c’était réellement une menace, donc pas trop le choix.

Je guettais leur réaction, puis je continuais quand même mon analyse des empreintes :

« Par contre papi n’a pas menti : c’est vraiment de gros loups. Plus gros que des bergers allemands en tous cas, va falloir faire attention quand on les aura trouvés. Je comprends pourquoi ils ont envoyés des ninjas, maintenant … »

Je frappe dans mes mains dans toutes mes forces, pour faire renaître un plein de motivation.

« Yosh ! C’est par là ! On y va ? »

Bien que la première impression qu’elle ait eue de Yachiru n’ait pas été très méliorative, Leiko commençait à comprendre quel genre de personne elle était. Ou plus simplement, à quel type de ninja elle avait à faire. Elle était pétrie de défauts flagrants. Elle était très bruyante, aussi. Mais son énergie et ses compétences sur le terrain sautaient de plus en plus aux yeux. Pas étonnant qu’elle ait foncée tout droit au tout début de la mission : la petite boule de nerfs était très capable de se repérer en milieux naturels. Le mystère de son action s’éclaircissait d’un seul coup, de fait. Elle était convaincue, et pas folle, lorsqu’elle avait voulu entamer une course, que ses deux équipiers pouvaient aussi tenir la cadence.
Elle était donc l’agent de terrain. Quant à Akira, il avait un naturel charismatique, et une élégance de parole, qui faisait de lui la personne la plus apte à mener les discussions importantes. Yachiru était sociable. Lui, était diplomate. Pas nécessairement gentil, mais d’une approche pragmatique et raisonnable des évènements. Il pouvait prendre des décisions plus posées.
Mais dans ce cas, qu’est-ce que la jeune prêtresse pouvait apporter à ce duo déjà bien fourni en aptitudes ? C’était la question qu’elle se devait de se poser. Quelques réponses évidentes s’imposaient d’elles-mêmes : elle pouvait les soigner en cas de problème. Ce devait être la principale motivation de la hiérarchie ninja, pour avoir choisi de la placer en renfort dans cette équipe précise. Ses compétences médicales. De toute manière, c’était tout ce qu’ils savaient d’elle pour l’heure. Mais elle n’était pas que ça, finalement. Plus elle les observait, et plus elle le réalisait. ** Je suis l’équilibre du groupe. Ou tout du moins, je suis amenée à devoir le maintenir. Yachiru a une personnalité explosive, et Akira également à sa manière plus concentrée. Moi je suis la glace. Je ne dois pas que les soigner. Je dois éviter qu’ils se blessent ou ne s’entrainent, l’un ou l’autre, vers la mauvaise direction. ** Même si personne ne pouvait le voir, en cet instant, Leiko sourit. C’était tellement anodin ! Cette toute petite aventure, dans un monde si grand. Et même sur sa personne, tout cela n’était qu’une parenthèse : son protecteur l’avait bien prévenu à ce sujet. Et pourtant, elle y prenait beaucoup de plaisir alors que ça ne venait que de commencer.
Il ne fallait pas qu’elle se projette. Même, elle devait l’éviter à tout prix. De plus grands desseins étaient à l’œuvre, et la miraculée n’avait simplement pas le droit de se laisser distraire.

Alors que Yachiru achevait de commenter les empreintes qu’elle avait trouvées, elle s’anima soudainement en faveur de la cause animale. Dans ce type de situation, elle pensait aux louveteaux ? Bien qu’elle savait pertinemment qu’ils ne pourraient pas capturer les parents et seraient contraints de les tuer ? C’était un peu contradictoire comme attitude, mais quelque part ça prouvait aussi que cette jeune fille avait beaucoup de cœur. Leiko s’était forgée une image bien différente des ninjas de l’Empire. Peut-être parce que son père en avait été un, lui aussi.
Pensivement, elle se massa le cou. Le souvenir des mains qui l’étranglaient n’avait jamais cessé d’être vif, comme gravé au fer, dans l’océan imprécis de ses souvenirs. Si certains étaient parfois ténébreux, celui-là n’était fait que de lumière. Une lumière vive, aveuglante, et brûlante. Douloureuse.
Yachiru était peut-être un peu naïve, mais la prêtresse était pourtant en accord avec ce qu’elle avait dit. Ils n’avaient pas à tuer aveuglément. « Ces louveteaux ne sont coupables de rien. Ce serait plus que du zèle de mettre fin à leurs jours : ce serait de la cruauté. Je ne souhaite pas non plus les tuer. » Leiko coulissa son regard sur Akira. Il apparaissait évident que, d’eux trois, c’était le plus à même de prendre les décisions. Il était celui qui avait le plus de recul des deux ninjas. Et même si l’avis de la jeune femme aux yeux bleus sonnait comme un couperet, et qu’il avait l’air de le considérer avec beaucoup de respect … Eh bien, les ninjas devaient prendre les décisions importantes. Alors guetter son approbation était la réaction la plus logique en cet instant.

Une fois cette question réglée, Leiko se tourna à nouveau vers Yachiru, qui affirmait pouvoir remonter la piste des loups. « Nous n’avons guère de raison d’attendre. En revanche, je crois que ce serait une bonne idée de s’organiser d’avance concernant une éventuelle altercation : je doute que nous puissions nous approcher d’eux sans qu’ils nous repèrent. Et je doute également qu’ils soient très amicaux lorsque nous nous approcherons. Donc ce serait probablement très utile de savoir ce que chacun d’entre nous peut faire. Et aussi, de décider d’une formation, ce genre de choses. Je sais que pour vous tout ça doit tomber sous le sens, mais je n’ai reçu aucune formation à la stratégie et au combat, alors j’ai vraiment besoin de savoir ce que je dois faire, et de pouvoir un minimum anticiper vos actions. » Leiko parlait beaucoup, mais elle se sentait en confiance. L’Eglise du Vent avait raison finalement, l’envoyer sur le terrain était une très bonne idée. Prendre l’air lui faisait le plus grand bien. « Pour ma part, on m’a initié aux techniques de base des ninjas, mais je n’y excelle pas. J’ai en revanche de solides connaissances médicales, et je suis capable d’utiliser le chakra guérisseur. Je ne suis pas une grande combattante, mais je sais également me servir d’un fouet, ce qui me permet de me défendre à plusieurs types de distances. » Leiko omettait volontairement d’autres compétences, mais elle n’avait aucune intention de s’en servir dès aujourd’hui. Surtout pas à la première mission alors qu’elle venait juste de les rencontrer ! De plus, contre des loups ce serait particulièrement superflu. Et puis, si déjà elle pouvait les soigner et se défendre, ce serait amplement suffisant. Elle ne tenait pas particulièrement à se servir à foison de son chakra corrompu. C’était douloureux, en plus de ne pas être très bon pour son enveloppe charnelle. Si elle pouvait s’en passer, c’était mieux.

J’avais complètement oublié pour quelle raison je boudais deux dizaines de minutes plus tôt. Entre le fait que j’avais trouvé les traces des loups, et les compliments qui pleuvaient, j’étais juste très satisfaite de moi. Je représentais tellement bien le clan Akimichi ! J’avais donné la preuve qu’un jour, j’en serais le chef de clan émérite et que tout le monde nous respecterait. Sous peine de se prendre mon poing dans la gueule.
En plus mes équipiers semblaient d’accord pour ne pas faire de tuerie inutile, et Akira avançait même une solution pour les louveteaux ou les autres loups qu’on parviendrait à capturer plutôt que dézinguer. C’est pas gagné, que je me dis, mais bon on peut toujours tenter de pas être trop brutaux. Mais bon vu la taille des bestiaux, faudra sans doute pas se retenir, et je savais bien que dans ce genre de situation, j’avais tendance à proprement démolir mes ennemis sans qu’il y ait un espoir de retour pour eux. Après tout, une mission, c’est question de vie ou de mort, même pour des questions d’éthique, pas trop le temps de tergiverser.

Alors qu’on commence à suivre la piste, Leiko évoque le fait de partager nos capacités. Apparemment, les deux ne sont pas spécialement à l’aise en combat. La prêtresse est là pour nous soigner, et Akira préfère garder ses distances. Il ajoute aussi, contrairement à Leiko qui est venue armée, qu’il n’a pas d’équipements adaptés. Le truc, c’est qu’on va se battre contre des loups. C’est sûr que c’est pas un ninja ennemi, mais ça reste plutôt dangereux.
J’hésitais un petit peu, mais finalement je tranchais : il en aurait plus besoin que moi. J’interromps ma marche et je farfouille dans ma pochette, avant de lui tendre une dizaine d’aiguilles.

« Tiens, t’en auras plus besoin que moi quand on devra maitriser les loups. Tu pourras au moins te défendre si t’en as une, et donner les autres à ton pantin. J’en garde cinq pour moi, c’est même pas dit que j’en ai besoin … »

Ce n’était pas grand-chose, mais en guise d’armes je n’avais que celles-là et mon nunchaku, mais lui il était précieux pour mon style de combat. Ce n’était pas que je ne me pensais pas capable de botter le cul à des loups toute seule. Simplement, ce ne serait pas du jeu si mes équipiers n’étaient pas équipés pour se battre. Si j’en dégommais plus qu’eux, ce serait juste parce qu’ils n’avaient pas pensé à ramener leurs armes, pas parce que je me battais mieux. Pas question de lui laisser de fausses excuses ! Bon, et puis il y avait aussi le fait qu’Akira semblait un peu maigrichon. Le laisser sans armes ça aurait été irresponsable. Une aiguille peut s’utiliser à distance, mais aussi en combat rapproché. Avec un seul shuriken, il n’allait pas aller bien loin sinon …

« Moi je suis une pure Akimichi ! Je vais au charbon, et je démonte tout à coups de poings ! »

Réponse évidente. Mais en même temps elle avait posé la question.

Comme la question semblait réglée, je repris mon opération de pistage. Les empreintes n’étaient pas simples à trouver : un loup, ça fait un minimum attention. Ou alors ils ont le pas naturellement léger, je sais pas trop. Le point positif pour nous, c’était que c’était un marécage, donc pas moyen de mettre une patte dans la tourbe sans laisser d’empreintes. Donc en cherchant un peu, le petit jeu de piste nous menait systématiquement quelque part. Et petit à petit, on avançait. Je courais un peu partout devant mes équipiers, tandis qu’eux avançaient plus tranquillement, les sens en alerte. Au moins, j’étais une pisteuse énergique à défaut d’avoir le charisme d’une véritable chasseresse.

A un moment, la densité de la forêt se mit à se faire moindre. Et nous débouchons sur une clairière. Enfin, je les arrête avant que nous sortions du bosquet. Il y a la rivière qui passe par là. Et tout près, une petite colline. Aux pieds de la colline, on peut très clairement distingué un passage. Un trou, même. Ca devait être leur terrier. Par contre, dans la clairière, plus aucune empreinte. La terre était beaucoup moins boueuse ici. Je regardais attentivement les environs. Pas de loups apparemment : ils devaient être dans l’abri, du coup, non ? Malheureusement, les habitudes de ces animaux, je ne les avais jamais appris. Dans les plaines arc-en-ciel, il y en a, mais loin des villages. Donc la forêt qui bordait le mien n’en abritait aucun : je n’en avais jamais croisé en pleine nature.
Bon, j’avais fait ma part du contrat en amenant mes équipiers ici. Je dissimulais mon chakra du mieux que je pouvais, et je m’accroupis dans le buisson, prête à bondir sur ce qui sortirait du terrier. Je crus quand même bon de chuchoter :

« Comment on les fait sortir ? J’ai du jambon dans mon sac, on en lance au milieu de la clairière vous pensez ? »