'' Aux petites baguettes '' - Bar/Restaurant

J'écoute avec attention tous ce qui se dit. Si on est pas d'accord sur la façon d'agir nous le sommes tout du moins sur le pourquoi. Tous trois nous nous étions tout simplement senti au pied du mur. Que l'on ait foncé dans le tas ou essayé de tirer son épingle du jeu le résultat était le même. On avait agi sous la pression et c'est réellement là que l'on montre son vrai visage. Me voyaient-ils comme un lâche ? J'en ai pas l'impression.

Le but d'Ihoko est bien différent du miens ou de celui de Mikeru. Le sien n'a rien d'égoïste contrairement au notre. Elle veut continuer sur la route des shinobis pour protéger le peuple ou plutôt l'Empire.
Même si j'avais répondu de façon réellement honnête à la question de notre senseï ca n'aurait changé en rien que mon but était tout ce qu'il y a de plus personnel. Mais est-ce réellement de l'égoïsme de vouloir faire quelque chose pour soi et non les autres ? Ça dépend du point de vue je suppose. Du miens oui. Mais faut dire que ça me va très bien comme ça.

Le roi dragon… Un livre à ajouter à mes lectures. J'en connais déjà la fin mais ça me permettra de profiter différent de l'histoire…

Même le but de notre senseï sonne personnel. Il ne dit pas vouloir améliorer quoi que ce soit… Il veut tout simplement marquer l'histoire… Un but courant si je me trompe. Une façon de devenir immortel à travers ses actes. Quand on ne peut vivre mille ans on trouve une façon de rester tout de même dans les mémoires des gens. Une peur cachée ?

Je suis pas vraiment étonné de ce que nous balance Genki-senseï à la face sans prendre de gants. Mais ça fait tout de même du mal à entendre. Être vu comme un moins que rien n'est jamais agréable. Et encore moins par des gens qui nous sont totalement inconnu… C'est donc ça que je dégage ? Un potentiel tellement naze que personne ne veut y croire ? Ou alors mon potentiel serait-il encore plus diminué aux yeux des gens face aux exploits de mon père ?

Je peux pas m'empêcher de voir là une tentative du senseï de commencer à marquer l'histoire. Certes avec un petit h ici. L'homme ayant fait des moins que rien une équipe tenant la route. Et peut-être même plus dans le futur.

Le bruit des poings d'Ihoko sur la table me font sursauter en me sortant de mes pensées sur le but de Genki-senseï de nous avoir pris sous son aile. Apparemment elle encaisse bien moins la nouvelle. Je dirais même que ça la rend totalement furieuse au point d'en perdre ses moyens vu sa réaction à l'instant de sa prise de conscience.

Elle marque un point. Cet homme s'est battu pour nous. Elle soulève une question. Pourquoi l'avoir fait ? Pourquoi mettre sa carrière en danger ? Si ce n'est pour s'imposer comme celui ayant réussi là où personne y croyait. Il a tout de même réussi à avoir l'appui de l'Empereur en personne… Ça ne doit pas être n'importe qui.

Ihoko est pas très difficile à convaincre. A vrai dire elle signe directement.

On a donc peu de temps pour prouver ce que l'on peut faire. Mais j'ai deux question avant d'accepter quoi que ce soit.

Je pose mon bandeau sur la table après l'avoir d'effet de mon front. Lui que je portais si fièrement a subitement un goût amer.

Je ferais pas partie de cette équipe sans réponse. Je voudrai d'abord savoir pourquoi vous avez remué ciel et terre pour pouvoir être notre senseï en ne sachant pratiquement rien sur nous et surtout en mettant votre carrière en jeu.

Je met mon bandeau entre Genki-senseï et moi.

Je voudrais aussi une bonne raison de me battre pour des gens qui n'ont même pas pris la peine de croire en moi. Sans me connaître. Il va de soit que d'utiliser ce que j'ai dit pour y répondre n'est pas une réponse viable à mes yeux. Et ça serait bien d'avoir la vérité, de toute façon elle finit toujours par tomber.

Voilà mes conditions. Je sais que c'est un peu spéciale mais c'est comme ça. Je vois pas l'intérêt de mettre ma vie en jeu pour des gens qui en valent très certainement pas la peine.

Vous pouvez très bien refuser de me répondre. Surtout à la première. Y a pas de soucis. Je m'y ferais du fait d'avoir été exclu de l'Empire. Vous avez juste à reprendre mon bandeau si vous préfère ne pas répondre à une de mes deux questions.

Je suis on ne peut plus sérieux. Ma carrière peut se terminer à cet instant.

La nouvelle était vraiment difficile à avaler : certes l'ego de Mikeru n'était pas des plus développés mais ça ne fait plaisir à personne de se faire traiter de la pire des sous merdes, même si l’Aburame aurait pu s'y habituer au fil du temps passé à l'académie. Certes il était déjà en train de serrer ses poings en dessous de la table, essayant de cacher au maximum sa colère face à terme injustice. Pourquoi purent ils présenter l'examen, si c'était pour de toute façon ne pas leur permettre de continuer leur carrière ? L'espace d'un instant, Mikeru put comprendre ce qui avait pu pousser son ancien sensei à rejoindre les rangs de l’Ordre. Toujours était il que malgré tout, Genishiro (c'était ainsi que l’Aburame appelait son sensei, pour l'instant) était tout autant dans la merde que ses trois élèves. Pourquoi avait-il lui aussi mis sa carrière en jeu ? Dans l'unique but d'aider trois jeunes shinobis complètement perdus ? C'était très altruiste et certains auraient même trouvé cela insensé de sa part mais Mikeru admirait le geste. C'était là une belle démonstration de gentillesse qui fit redescendre la colère du jeune homme aussi vite qu'elle était montée. Ne sachant pas trop quoi dire après tout ça, il se contentait de continuer à manger, attendant patiemment que ses équipiers prennent la parole.

Contrairement à ce qu’il aurait put penser, c’était Ihoko qui réagit la première et ce de manière plutôt virulente. Parfait. Il n’était donc pas le seul à réagir de la sorte, bien qu’il était trop retenu par ses propres inhibitions que pour pouvoir démontrer sa rage devant ses trois nouvelles connaissances. Mais alors qu’il était en train de lutter contre ses propres pulsions, une autre voix commença à résonner à l’intérieur du corps de l’Aburame qui lui semblait familière mais sans pour autant qu’il puisse parvenir à en établir l’origine. Il s’avérait que c’était la même voix qui lui conseillait de tuer Zakaru quelques instants auparavant.

*Ca, c’est vraiment un coup de pute! Et dire que je pensais que t’allais pouvoir nous aider...*

Son humeur changeant de l’enragement à l’incompréhension, Mikeru paraissait tout aussi confus que semblait l’être la seule kunoichi présente à la table et put donc passer totalement inaperçue.

*Euh… Qui es...*

*Qui je suis? Qui JE suis? JE suis le gardien des âmes perdues! JE suis le très puissant, le très agréable, le très indestructible Jean! Humble représentant de la famille Kuchiyose des ténias et toi, mon ptit gars, je t’ai choisi comme hôte! Alors dès que t’as cinq minutes je te serais gré de t’éclipser aux toilettes et d’abaisser ton pantalon histoire qu’on aie une petite discussion de vive voix toi et moi! Pas la peine de me répondre maintenant, je retourne dormir, je serai au courant quand tu te défroqueras!*

De l’incompréhension, Mikeru passait à une sorte de dégoût plus ou moins masqué; l’idée de tailler la bavette avec un être lui sortant directement de l’arrière-train ne lui seoyait point mais il fallait surtout qu’il se concentre à nouveau sur la conversation qu’il avait avec ses équipiers. En parlant d’eux ils avaient d’ailleurs l’air d’être sur la même longueur d’onde: l’injustice dont ils étaient le sujet les avait vraiment rendus hors d’eux. Enfin, du moins c’était le cas pour Ihoko et Mikeru, qui avaient énormément de mal à garder leur sang-froid et qui ne purent s’empêcher de montrer (chacun à sa manière, bien sûr) leur révolte et de réagir de la façon la émotionnelle qui soit, c’est à dire en ajoutant une sorte de vengeance à leurs objectifs en tant que shinobis; alors que Hikaru lui avait su se contenir et se trouva même capable de retourner la situation à son avantage. Certes il n’était sans doute pas question d’un nouveau test de la part de leur sensei, mais si c’était le cas, Hikaru venait sans doute de le passer avec brio. De son côté, Mikeru se contenta de ne rien dire: ses coéquipiers avaient déjà tout dit et il n’avait rien d’intéressant à rajouter.

Pour la seconde fois, Ihoko fut la première de la jeune troupe à réagir. Même Genki sursauta quand elle s’en prit violemment à la table. Elle avait l’air gentille et calme, au premier abord, mais mine de rien elle avait le sang chaud. Elle en devenait lunatique. Quand elle se calma, elle affirma qu’elle serait de la partie. Ses brusques changements d’humeur étaient surprenants, et pourtant ses paroles se posaient plutôt en moteur pour l’équipe qui était en train de se former. Mikeru, lui, resta silencieux, mais Genki vit battre à sa tempe une veine énervée, et son poing se serrer. Il se contenait, et choisit de laisser ses équipiers parler. Mais il n’en était pas moins revanchard. Cette attitude introvertie était l’une des caractéristiques du garçon. Même si ses sentiments devaient être proches de ceux de sa coéquipière, il les manifestait d’une toute autre façon.
Celui qui semblait voir les choses différemment, en revanche, c’était Hikaru. Il y avait quelque chose de défaitiste dans son attitude, mais aussi beaucoup de pragmatisme. Il n’était pas du genre à se jeter dans la mêlée sans avoir de certitudes, il l’avait déjà prouvé. Genki se demandait s’il serait capable d’impliquer Hikaru, genre vraiment, et de lui faire donner son maximum. Si c’était le cas, il pouvait devenir une force très positive pour ses équipiers. C’était peut-être le moins fort au combat d’entre eux, mais c’était aussi une force de tempérance, qui pouvait les mener au succès et leur éviterait sûrement bien des ennuis ou des batailles inutiles à l’avenir.
Déjà, quand il parlait, les autres l’écoutaient. Dès qu’il avait pris la parole, ses deux équipiers semblaient s’être concentrés sur ce qu’il disait. Oui, il avait un élan naturel de leader, même s’il ne s’y efforçait pas.
Genki regrettait de moins en moins son choix. Il avait sous sa responsabilité une équipe qui pouvait devenir très forte. Seulement, aucun d’entre eux n’allait prendre une voie ordinaire. C’est ce qu’avaient pressentis les gérants de l’académie, sans l’accepter.

Quand Hikaru posa son bandeau sur la table, Genki partit d’un grand rire.

« Eh bien, tu es décidément quelqu’un de très méfiant ! Mais je comprends. Bien sûr que je suis prêt à te répondre. Ce n’est pas comme si c’étaient des choses que j’avais un quelconque intérêt à vous cacher. Ta première question, déjà. C’est très simple. Il n’y a rien de plus simple, même. Je pense que les moins que rien, ça n’existe pas. Je n’ai pas pitié de vous, je pense juste qu’ils ont tort. Et chaque être de ce monde possède un potentiel qui mérite d’éclore. »

Des bribes de souvenirs revinrent à Genki. Lui aussi avait été un Genin jugé comme extrêmement mauvais. Au point qu’il n’avait jamais pu intégrer une équipe, et avait dû endurer une carrière solitaire, et se forger lui-même. Si son propre senseï ne lui avait pas tendu la main, il n’aurait peut-être pas autant progressé. Et maintenant, il était Jounin, et plus personne n’osait lui dire en face qu’il était une pauvre merde. En cela, ils se ressemblaient tous les quatre.

« Et puis … On m’a jugé, un jour, comme étant le moins bon, moi aussi. Et aujourd’hui je suis Jounin et j’ai fait taire ces personnes. Mais pas seul. Je crois que chacun a le droit à sa chance. Et vous avez passé les épreuves finales de l’académie. Alors vous aussi vous avez le droit à la vôtre, ça me parait simplement logique. Vous n’avez pas moins mérité que les autres. »

« Pour ta seconde question … Déjà, je dirais que ce n’est pas pour ses supérieurs qu’un ninja se bat. La hiérarchie existe pour la coordination, et chacun y a son rôle. Mais ceux pour qui on se bat vraiment, ce sont les civils qui ne peuvent pas se protéger par eux-mêmes et qui ont besoin de nous, et qui nous font confiance pour vivre en sécurité. Nous ne sommes pas que des armes, nous sommes aussi des boucliers. Qu'ils le veuillent ou non, nos supérieurs sont anecdotiques comparés aux civils qui placent leurs espoirs en nous. Mais tu devrais aussi savoir une chose : je ne suis pas le seul à avoir fait remuer un peu l’administration pour vous. Quand j’ai eu l’occasion de lui en toucher un mot, l’Empereur Kensei a aussitôt accepté que je m’occupe de cette équipe. Ce n’est pas parce que certains membres de l’académie ont de la merde dans le cerveau, que tous les ninjas hauts placés sont des imbéciles. Et quand on y réfléchit, l’Empereur est le chef de l’armée. Alors il n’y a pas que moi, vous avez aussi la confiance du Big Boss ! »

Genki engloutit rapidement le contenu de son assiette, et se leva d’un mouvement souple et théâtral, tout en amenant son chapeau sur sa tête.

« Bien ! Quoique tu décides, je vous donne rendez-vous à tous les trois demain matin à l’aire d’entrainement numéro 8. J’ai eu l’occasion de voir un petit peu le problème de vos styles actuels. Hikaru, tu es quelqu’un de censé et tu as le tempérament pour organiser une équipe. Mais tu n’as aucune capacité de combat. Je pense que tu serais talentueux en Ninjutsu élémentaire. Je pensais te l’apprendre, si tu viens tu devrais y réfléchir. Cette voie ou une autre, mais en tous cas j’aimerais t’entrainer à utiliser quelques techniques que tu pourras utiliser si une situation comme celle d’aujourd’hui devient réelle. Ihoko, tu serais une redoutable kunoichi … si tu avais pris la peine d’apprendre une technique offensive ou deux. Je voudrais t’apprendre le genjutsu instrumental, ramène un instrument de musique. Sauf si tu préfères chanter, remarque. Et Mikeru, tu es aussi doué pour le corps à corps que pour les techniques de Ninjutsu. C’est à la fois ta force et ta faiblesse. Si ton style se stabilise, tu deviendras plus fort. En attendant, le mieux serait de renforcer tes capacités au corps à corps. Soit par le fait de compléter ton Taijutsu, soit par une nouvelle seconde spécialisation. Tu me diras ce que tu en penses demain ! »

« Ah ! Vers neuf heures ce sera très bien ! On aura toute la journée, prenez de quoi pour les en-cas, et tout ça, vous aurez des pauses ! Et dormez-bien ! »

Tout en sifflotant une comptine de son pays natal, le Jounin venu de l’Ouest se dirigea vers la porte de sortie.

Spoiler:

J'écoute avec attention ce qu'il nous dit, ou plutôt me dit. Faut dire qu'avec mes deux questions j'ai un peu imposer on ne peut plus fortement. Des réponses ou une démission, faut dire que ce n'est pas rien surtout pour un homme ayant misé sa carrière sur trois tête. Je dois avouer que ce rire m'a surpris, limite vexé à la base. Ses paroles calment un peu ce ressentiment mais il reste tout de même là. Surtout face à une vision si simpliste, oui tout le monde possède un potentiel mais celui-ci n'est pas fait pour tout. De ce que je comprend, à ses yeux ont a de quoi devenir des chuunins. Est-ce que j'y crois ? J'en sais foutrement rien. À vrai dire je doute de mes compétences, de ma capacité à pouvoir atteindre ce rang. Est-ce que je le montre ? Bien sûr que non, il faut rester le plus neutre possible pour ne donner aucune clef à qui que ce soit. Après tout, je ne connais personne autour de cette table. Est-ce que je doute d'eux ? Pas vraiment, il faut avoir des connaissances sur un humain pour pouvoir trancher. En tout cas, ils ont tous les deux un bon fond. Peut-être trop effacé pour l'un et trop impulsive pour l'autre. Pour les deux mêmes, juste pas sur tous les sujets. Après tout Mikeru a foncé tête baissée.

C'est le moment des révélations, un senseï se voyant dans ses élèves. Une personne voulant éviter à d'autre de vivre ce qu'il a pu vivre. Mais est-ce que c'est un exemple ? En quelque sorte, mais ce n'est pas parce que lui a pu le faire que ce sera le même pour nous. De toute façon pour trancher il n'y a qu'une solution, essayer.

Une phrase résonne pas mal dans ma tête. « Je dirais que ce n’est pas pour ses supérieurs qu’un ninja se bat. ». Je crois bien qu'elle va rester pas mal de temps imprimée. Comme il a dit, tout le monde n'est pas un écervelé dans la hiérarchie … Je ne suis pas trop d'accord avec ce point. Si le Big Boss comme il le dit s'est dit qu'il peut finalement peut-être faire quelque chose de nous. C'est lui aussi qui a mis ces personnes qui nous ont jugé bien trop rapidement. Il a peut-être redressé un peu la situation mais ça reste lui aussi qui l'a provoqué ce besoin. Sans l'intervention de Genki-senseï la situation n'aurait pas bougée d'un pouce pour nous. En quelque sorte il a réparé son erreur.

Ces révélations me laissent pensifs, mais elles ont l'art d'avoir tranché mon avis. Je ne touche pas encore à mon bandeau. Préférant laisser l'homme terminer sa tirade. Ainsi donc il avait déjà des plans pour nous … Le ninjutsu … J'avoue ne pas encore avoir réfléchi à la branche que j'aimerais suivre en tant qu'art principale. Je n'aime pas trop cette idée, bien trop violent à mon goût … Mais en même temps c'est avec cette branche que mon père Sham a réussi à calmer pas mal de situation sans faire couler une seule goutte de sang. A voir ce que mon chakra révélerait comme affinité … D'ailleurs est-ce que je peux seulement en avoir une ? A voir … J’espère que ce n'est pas trop dangereux de passer le test d'affinité pour moi … Faudra que j'en parle avec Sham, quoi que … Il ne m'aurait pas laissé me lancer dans une carrière de shinobi sans prendre ça en compte.

A l'écouter j'ai l'impression qu'il avait déjà prévu les domaines qu'il compte nous apprendre. Une équipe avec une dominance d'élémentaire. Certes un allant plus sur le taijutsu apparemment mais restant tout aussi bon en ninjutsu. Une chose vraiment pas courante à mon avis.

Le rendez-vous est donc pour neuf heures sur une aire d'entraînement. Je reste pensif alors que le senseï s'en va. Finir mon assiette ? J'en ai plus vraiment envie, tout ça m'a coupé l’appétit. Je reprend plutôt mon bandeau, ne l'attachant pas sur moi, le fourrant plutôt dans une poche trop petite pour le contenir totalement. Au bout de quelques secondes je me lève à mon tour.

Je serais là demain mais je promet pas de l'être plus tard. Je trancherais plus tard si l'Empire vaut vraiment la peine de risquer sa vie. A demain.

Je quitte le restaurant moi aussi, me dirigeant directement vers le clan Uchiwa histoire de réfléchir calmement à tout ce qui vient de se passer.

Ihoko resta tassée au fond de sa chaise durant le reste de la conversation, se contentant d’écouter ce que chacun avait à dire. Ou plus exactement, le dialogue entre Hikaru et Genki. Apparemment, Mikeru semblait ne rien avoir de pertinent à ajouter et préférait également se taire. Pour la jeune femme, c’était surtout qu’elle n’était pas tout à fait calmée et voulait éviter de refaire une démonstration un peu trop voyante de sa frustration. En plus, elle n’avait rien d’utile non plus à ajouter. L’essentiel avait été dit.

Genki lui paraissait être quelqu’un de bien. Plutôt simple, même. Est-ce qu’il serait un bon senseï ? Elle pensait sincèrement que oui. Après tout, il avait déjà concocté un test afin de révéler leurs points faibles, mais aussi préparé l’entraînement futur, qui sonnait très juste. EN tous cas, pour sa part. Même si, suite au combat contre Leiko, elle avait pris la peine d’apprendre une technique offensive, elle restait loin d’être débrouillarde sur ce point. Si elle devait compter sur Kagamiko à chaque combat individuel, et sur ses équipiers en équipe, elle allait finir par devenir un fardeau.
Pourtant, elle n’avait rien de spécial pour ne pas avoir appris de techniques offensives. Pas d’idéalisme, ou rien de ce genre. Peut-être un peu de répulsion, à cause des actes commis par son père avec des jutsus destructeurs … Mais ce n’était qu’une hypothèse. Concrètement, elle n’en avait simplement jamais eu besoin, et donc n’en avait jamais appris. Maintenant, elle en avait besoin. Alors elle comptait bien les apprendre.
Un instrument de musique … Elle avait bien une vieille flûte traversière, qui avait appartenue à sa mère. Elle en jouait un petit peu, quand elle était adolescente. Mais rien d’incroyable. Au pire des cas, elle apprendrait des bases de musique. Après tout, ce n’était pas la donnée principale pour utiliser du genjutsu instrumental. Le talent artistique n’était là que pour l’esthétique. Elle devrait être capable de faire avec le peu qu’elle avait.

Ce fut Hikaru qui prit congé le premier, après avoir conclu qu’il serait là le lendemain pour leur premier entraînement. Peut-être pas plus tard … Les phrases prononcées par son équipier et Genki trottait dans la tête de la jeune femme. Et elles y resteraient, en boucle, toute la nuit, d’ailleurs, même si elle ne le savait pas pour le moment. Ils se battaient pour les civils, pas pour leurs supérieurs. L’Empereur leur avait laissé une chance. Et où était-il, l’Empereur, avant ? Elle, en particulier, aurait bien voulu l’entendre parler publiquement. Pour l’aider à s’intégrer. Mais il ne lui avait jamais tendu la main, malgré tout ce que sa mère avait fait pour l’Empire, il avait laissé son souvenir sombrer dans l’oubli et être vaincus par les rumeurs. Tout ça pour redorer sa propre image de sauveur ? Oui, ça ne suffirait pas à dissiper le fait qu’elle lui en voulait beaucoup. Même s’il faisait du bon travail, il ne serait jamais que l’ombre de Nanaki. Une version médiocre de ce qu’elle était, un remplaçant opportuniste. Non, il n’avait pas sauvé la situation. C’était Genki qui l’avait fait, pas lui. Impossible qu’elle suive son senseï sur son raisonnement, sur ce coup.
Protéger des civils qui la voyaient comme la fille d’un traître et comme rien d’autre. Une sorte de façon de regagner leur confiance et racheter les fautes de son père ? Pas du tout. Elle n’avait rien fait, et elle n’était toujours pas d’accord avec leur manichéisme tranché. Le mal et le bien, ce n’est pas si simple. Mais il y avait des choses qui valaient la peine d’être protégées au sein de l’Empire. Un idéal, notamment. Modifier en profondeur, sans toutefois tout transformer. C’était ça. Oui, les civils étaient innocents. Stupides, mais fragiles. Bien sûr que c’étaient eux la priorité, et pas quelques ninjas planqués derrière leurs bureaux. Ou quelques senseïs arrogants qui s’étaient permis de les juger sur des résultats ou des on-dit, sans même essayer de les connaître.

L’amertume. Voilà, c’était le mot qu’elle cherchait. Cette journée en était remplie. Sa salive aussi. Elle était à la fois en elle, et autour d’elle. Comme l’ombre d’un gigantesque oiseau qui la piégeait dans son ombre.

Ihoko finit rapidement son repas. C’était très bon, et elle ne se voyait pas gâcher. Mais pourtant, elle ne savoura qu’à peine. La faim n’était plus tellement au rendez-vous. Sa soif de revanche, et sa frustration, c’étaient elles qui l’emportaient sur toutes les autres sensations qui pouvaient la traverser. Le repas n’effaçait rien et ne parvenait pas à détourner son attention de leur situation. Elle n’était pas si périlleuse, finalement.
Les ninjas qui terminaient leur carrière au cours de l’examen étaient nombreux après tout. Il y avait même des morts, régulièrement. Ou des blessés graves qui devaient interrompre leur carrière. Pour eux, ça reviendrait simplement au même. Ils joueraient le tout pour le tout. Soit ce serait une grande victoire, soit ce serait la fin de leur aventure. Ce n’était pas si compliqué, finalement.

Etait-il possible de devenir de grands ninjas, d’aimer l’Empire, alors que tant de choses la dégoûtaient en son sein ? Le regard de la jeune femme passa sur ses deux équipiers. Hikaru semblait être quelqu’un de méfiant, limite sarcastique, mais avait aussi une sorte de … distance. C’était difficile de le dire, mais pourtant, elle n’arrivait pas qu’à avoir une sorte d’intuition. Pour Mikeru c’était plus simple. Il ne parlait pas beaucoup, mais ses actes en disaient long sur sa personnalité. Tous deux, en tous cas, étaient dans le même bateau qu’elle désormais. Rejetés, et revanchards, mais pourtant pas au point de vouloir à tout prix prouver leur valeur. Certes, ce serait une conséquence, et ils avaient tous un bon fond, donc ils feraient leur boulot correctement. Mais on sentait des graines de révolution naitre en cet instant. Cette équipe qu’ils avaient refusés … elle allait devenir leur plus grande honte, peu importait la manière. En leur mettant leur incompétence en pleine figure. Mais ce que sous-entendait Hikaru dans ses paroles … Elle adhérait totalement. La Poubelle, hein ? Les générations s’en souviendraient. En bien ou en mal, ça n’avait pas d’importance. Mais cette équipe avait quelque chose que les autres n’auraient jamais. Quelque chose de particulier. Elle naissait difficilement et dans la douleur. Elle ne serait pas comme les autres.

Comme Genki et Hikaru étaient déjà partis et qu’elle avait fini son repas, Ihoko se leva à son tour. Elle tenta un sourire et un signe de main, mais c’était très maladroit, comme crispé. Difficile de se départir de ses mauvais sentiments à cause des révélations. Elle était tendue.

« Je vais y aller aussi. On se voit demain. »

Elle hésita. Se prit la table dans le genou. Grimaça. Et s’en alla en pestant. Ca faisait un mal de chien.

Hikaru/Mikeru/Ihoko : 22x2=44 xps

Genki (Shigure) : 15 drâkes

Trois jours que l'on a fait sauter ce sceau et autant de temps que je me sens au meilleur de ma forme. Là où je perdais l'équilibre en permanence n'est plus du tout vrai, j'ai retrouvé le prolongement de ma colonne vertébrale me permettant de retrouver mon équilibre. Cette nouvelle façon de me mouvoir me rend tout simplement de bonne humeur. Ça peut paraître con dit comme ça, mais je vous assure que passer d'un corps que l'on a du mal à mouvoir à celui que l'on aurait dû avoir est un changement radicale qui ne peut que vous apporter une once de bonheur. J'ai par contre du refaire la totalité de ma garde-robe. Si j'assume totalement ma forme naturelle, ou en tout cas celle qui s'en rapproche le plus, je doute qu'elle soit vue d'un bon œil. C'est simple, je porte pratiquement toujours des tenues venue tout droit du mon Hansei. Cousue main par ma mère Shian, un travail d’orfévré. Des détails tout simplement hallucinant. Une véritable prouesse, un mélange de couture et de Fuinjutsu. Il faut dire que les Kitsunes ont vraiment l'art de mêler cet art à tout et n'importe quoi. Cette tenue a tout de même était revue, plus large qu'elle ne l'est normalement, se fermant sur le devant jusqu'au cuisse pour cacher les queues que j'enroule autour de ma taille. Je suppose qu'il serait mal vu de me balader celles-ci à l'air … Non, je ne parle pas de celle d'on vous pensez mais tout simplement celles qui me sont dues par ma par de Chikyuu. Ce qui est amusant c'est que cette tenue reprend des points qui me sont naturellement miens. Ces oreilles sur ma capuche ne sont pas là pour décorer mais tout simplement pour accueillir les miennes. Ce ne sont plus celles d'un humain mais d'un renard. On pourrait croire que je me vernis les ongles, mais non c'est tout simplement la nouvelle couleur que ceux-ci possèdent. Noir comme peut l'être les griffes de ma famille. Il m'arrive encore souvent de passer ma langue sur mes dents pointues, c'est bien l'une des seules choses que je n'arrive pas à cacher tout comme mes yeux plus en amande et cette pupille rappelant celle d'un renard.

C'est une nouvelle missive qui me pousse à quitter mon chez moi. Cette fois-ci elle n'est pas envoyée directement par l'Empire mais par l'Anbu en personne. Ce n'est pas bien difficile de le deviner vu la signature étant totalement à l'effigie de son masque. Cette fois-ci c'est seul que je me vais me rendre sur l'air d'entraînement ressemblant plus à une décharge qu'autre chose. Avant de me mettre en route j'attache consciencieusement l'immense gourde que j'ai acheté il n'y a pas longtemps. Je ne me suis pas encore fait à celle-ci, peut-être devrais-je la porter en permanence pour m'y habituer. À peine sur mon dos que je souffle déjà sous le poids de celle-ci. Il faut dire qu'un tel contenant remplis de sable n'est pas des plus léger. Pour tout dire, j'en ai vidé les trois quart dans des seaux histoire de m'habituer petit-à-petit à cette charge. Je me passe une dernière fois le visage à l'eau pour me rafraîchir, cette charge est vraiment incommodante.

C'est avec l'envie d'en coller une bonne dans la face de l'Anbu que je referme la porte de mon appartement. C'est un sentiment bien étrange pour moi, normalement toujours dans l'optique de régler toute chose par la parole et non par de tels actes. Pourtant, là c'est bien ce sentiment de violence qui augmente en moi au fur et à mesure de mes pas. Oui, c'est décidé, à l'instant où j'arrive je lui en place une bonne histoire de lui remettre les idées en place. Qu'il se rende compte que l'on ne peut pas imposer une vision comme lui l'a fait. Moi qui était si maladroit jusque là, je me retrouve à marcher la tête haute et le pas assuré.

Vingt mètres, c'est la distance que j'ai parcouru avant de me stopper net. Mon attention est attirée par une source de chakra phénoménale. Je n'irais pas jusqu'à dire que peu de gens arrivent à ce niveau mais je connais très peu de personne capable de se dévoiler à un tel point. Je ne suis pas le seul à avoir ressenti cette source. Vu le nombre de visages pointant tous dans la même direction. Le plus fou, c'est que dans le tas il y a même des personnes que l'on pourrait voir comme civile. Ça démontre que même dans ces rangs il y a des gens sensibles à ce genre de chose. J'avance d'un seul pas, toujours dans cette optique de me rendre sur l'aire d'entraînement avant qu'un déclic ne se fasse. Ce chakra, je le connais. Je ne sais pas comment j'ai fais pour ne pas le repérer avant mais aucun doute, c'est celui d'Ihoko. Ce sentiment de violence laisse rapidement place à celui de la joie, je n'ai pas beaucoup fréquenté ma camarade, mais elle m'a beaucoup marquée. Il n'en faut pas plus pour que je change totalement de direction, l'Anbu attendra autant de temps qu'il faudra. Je m'en contre fiche. C'est sourire aux lèvres que je prend route vers la source. Hum, peut-être aurais-je dû passer par chez moi pour déposer la gourde histoire de voyager un peu plus léger. Quoi que, au moins comme ça je vais bien finir par m'y habituer.
Il ne me faut pas bien longtemps pour comprendre où est la source. D'ailleurs pourquoi je la suis ? Est-ce que c'est seulement pour moi qu'elle brille de mille feu ? Je ne saurais pas dire mais je suppose que c'est une façon pour elle d'annoncer son retour. Je me demande bien ce qu'elle a pu faire pendant tout ce temps, j'ai bien cherché à la revoir mais on m'avait tout simplement répondu qu'elle n'était plus sur Taki et que l'on ne pouvait pas communiquer sur l'endroit où elle s'était rendue. Une mission spéciale ? Peut-être. En tout cas, c'est avec grand plaisir que je pousse la porte du restaurant le plus huppé de Taki … Jusqu'au moment de me souvenir des prix qui sont pratiqués dans cet établissement. À peine arrivé je retire ma capuche, entrer avec celle-ci sur la tête attirera plus l'attention que les oreilles que je possède maintenant. Avec un peu de chance elles passeront comme des fausses, une sorte d'accessoire.

Bonjour monsieur Ono. sa voix est un peu hésitante face à mon visage un rien modifié mais suffisamment pour pouvoir porter le doute, il lui faut bien une petite seconde pour se convaincre Ça faisait longtemps que nous vous avions pas vu. Voulez-vous la table où vous aviez l'habitude de manger avec votre père ?

Bonjour, je ne sais qui non sais c'est bien aimable. Je suis attendu par une personne que je connais.

Très bien, si vous m'indiquez la table je vais pouvoir vous conduire jusqu'à elle. elle tendit ses mains Puis-je vous délester de votre manteau ?

C'est bien aimable mais ça ira, je n'ai pas très chaud je préfère le garder. Et je trouverais mon chemin ne vous en faites pas.

Elle a l'air un peu contrariée mais le montre au minimum, il faut dire qu'ici ils sont plutôt du genre protocolaire.

Par contre je veux bien vous laisser ceci.

Je détache la gourde et la pause au sol. Lui demandant en silence où je peux poser celle-ci. Elle serait bien trop encombrante dans le restaurant. Une fois rangée je cherche Ihoko du regard, il me faut un peu de temps pour la repérer. Cherchant après une chevelure rouge, apparemment elle a changé de style. Je suis un peu con, j'aurais pu tout simplement me fier à la source de chakra mais sous l’excitation de revoir ma camarade j'ai juste pas du tout pas pensé à ce point.
Je tire la chaise.

Ça fait longtemps Ihoko. Voilà une drôle de façon de marquer son retour. un large sourire dévoilant mes dents pointues J'espère que tu vas bien. En tout cas ça me fait plaisir de te revoir.

Elle est recouverte d'une large couche de chakra, je reconnais bien là le sceau de Shura. J'en aurais été totalement incapable il y quelque temps mais avec le savoir volé à Sham je connais bien ce sceau aujourd'hui. Je serais même capable de l'utiliser.

C'est du Shura tout craché que je vois là. encore un large sourire

Le Loup et l’Agneau. En temps normal, Ihoko aurait bifurqué vers cet établissement sans même regarder celui d’en face. Elle avait toujours bien aimé l’ambiance de l’auberge, et on ne l’avait jamais trop emmerdée là-bas. Une fois ou deux, au grand maximum : un score honorable si on le comparait à celui de l’académie. De toute manière, aujourd’hui, elle poussa plutôt la porte des Petites Baguettes. Un endroit bien plus huppé, mais aussi celui on elle avait rencontré son équipe. Ou ancienne équipe, peut-être ? Maintenant que l’examen Chuunin était passé, elle était pour ainsi dire dissoute. Même si rien n’était officiel. Tous les quatre avaient pris des chemins différents, et elle avait eu peu de nouvelles de ses anciens camarades. Et, même si elle en avait honte, la jeune femme n’avait pas encore cherché à en avoir. Justement, c’était pour rectifier ça qu’elle était venue ici. Entre l’entraînement avec Sham, puis celui avec l’Eclair Blanc, elle avait eu très peu de temps pour remédier à cette situation. Mais cet entraînement était terminé. Sham n’était plus que l’ombre de lui-même, et Eihiko Tsubazame ne pouvait plus du tout l’aider. Et donc, elle venait de regagner son appartement à Taki, afin de reprendre du service. Curieusement, même si elle était restée disponible pour l’Empire, celui-ci ne lui avait confié aucune mission depuis l’examen. Pas étonnant : ils les considéraient sans doute toujours comme des moins que rien. D’ailleurs, c’était par chance que Ihoko avait réussi l’examen avant de partir s’entrainer.
Ils allaient tous changer d’avis très bientôt. Elle avait été formée, en quelques mois, par deux des plus grandes légendes de son époque. Et elle était la fille de deux autres. Ces derniers temps, elle était différente : c’était comme si elle s’était éveillée. Et puis, son enquête avait enfin abouti à quelque chose. L’ombre au tableau ; l’incohérence. Elle avait enfin réussi à la trouver. Le chemin qui menait à prouver, à elle-même aussi bien qu’au monde, que son père était très différent de ce que ses actes laissaient croire, elle venait de le fouler de plein pied. Elle était dans la bonne direction, elle le sentait. Autrefois, elle avait réalisé que l’Empire était un colosse aux pieds d’argile. Avec la vérité, elle saurait enfin comment le réparer. Se guérir elle-même n’était pas son seul objectif.

Enfin, c’était pour un autre jour. Tout de suite, elle avait quelque chose de plus sympathique à faire. Ce n’était pas sûr qu’elle y rencontre moins de secrets à dévoiler, cela dit … C’est sans doute pour ça qu’elle allait commencer par Hikaru : Mikeru et Genki semblaient sur la même longueur d’ondes, tandis qu’elle était plus proche de Hikaru. Elle considérait les deux premiers comme des camarades. Avec Hikaru, c’était une amitié plus solide. Le passé de leurs familles n’était qu’une des raisons. La principale, c’était qu’ils s’entendaient tout simplement bien.

Une employée s’approcha d’elle. Ihoko la reconnut immédiatement. C’était la même que la première fois qu’elle était venue. Elle s’attendit à recevoir un flot de souvenirs, et à ressentir de la nostalgie. Mais pas du tout. Elle laissait moins de place au passé depuis quelques temps, même si elle ne pouvait pas s’en empêcher totalement : cette indécision donnait lieu à ce genre de déconvenue. Comme elle demandait, la kunoichi se contenta de lui confier sa veste, et de lui montrer son bandeau, tout en lui demandant une table pour deux personnes. L’avantage d’être Chuunin, c’est qu’ils ne posent même plus la question de savoir si on a les moyens pour ce type de restaurant. Comme le salaire est deux fois plus élevé, autant dire que oui, les gradés de l’armée peuvent se le permettre. Et encore ! Elle n’était QUE Chuunin. Elle réalisait depuis quelques temps que les grades supérieurs avaient vraiment la belle vie.
Enfin, c’était peut-être aussi que la maîtresse d’hôtel se souvenait d’elle. Hikaru était issu d’un milieu social plutôt élevé, du coup comme elle faisait partie de son équipe … C’était le genre d’informations qu’ils devaient garder en réserve.
Ce serait fort qu’elle l’ait reconnue quand même. Surtout qu’elle avait changé de couleur de cheveux pour essayer de paraître plus intimidante. Son ancien look faisait trop gentil. Le physique, c’est important pour montrer ses ambitions. Et quand on les assume à ce point, plus moyen de faire marche arrière.

Restait à faire venir Hikaru. Les moyens de communication conventionnels ne marchaient pas avec lui. En plus, elle ne savait pas ce qu’il se passait exactement entre Sham et lui, mais ce qui était sûr c’est qu’elle ne risquait pas de le trouver chez lui. Et Sham était abattu, et ne bougeait presque plus. Elle n’avait pas posé de question, et mis ça sur le dos de l’utilisation du sharingan : ce ne serait pas le premier. Les exemples constellaient l’histoire. Des Uchiwas détruits par la pupille écarlate, c’était presque devenu un grand classique.
Du coup, elle avait dû trouver une stratégie un peu plus élaborée pour l’inviter à dîner. Une stratégie qui avait l’avantage de dégager un maximum de charisme, et d’attirer l’attention d’un peu tout le monde. Mais de ne faire venir que Hikaru. Enfin, normalement.
Une fois à table, elle activa simplement le sceau de l’Empereur. A son intensité maximale, faisant irradier son aura chakratique à pas mal de mètres à la ronde. Ce restaurant avait une autre particularité : il était situé à l’extrémité de la rue commerçante. Et donc, proche des quartiers habités. En se mettant ici, elle couvrait un maximum de ces habitations, et multipliait ses chances que Hikaru soit dans le rayon d’action du sceau de l’empereur.

Elle fit légèrement refluer le sceau de l’empereur, en tâchant d’ignorer les regards paniqués tournés vers elle, et entama son jus d’ananas.
Heureusement, elle n’aurait pas besoin d’attirer l’attention trop longtemps : Hikaru ne mit pas si longtemps que ça à arriver. Elle s’attendait même à devoir envoyer plusieurs fois sa technique, mais visiblement, il ne devait pas être très loin. Si ça se trouvait, elle avait même réussi à l’intercepter alors qu’il s’apprêtait à aller prendre un repas au restaurant, justement. Ce serait amusant.

Alors qu’il arrivait à sa hauteur, il fit un léger commentaire concernant le procédé. Elle lui rendit un sourire, les dents aiguisées en moins :

« En même temps, tu n’as pas de téléphone … »

En attendant qu’il prenne place, elle le détailla. Pas tellement physiquement : c’était sûr qu’il avait changé, mais ce changement avait déjà été amorcé avant qu’elle s’en aille. C’est sûr que c’était curieux, évidemment. Mais ce n’était pas le plus marquant : son aura toute entière n’était plus la même. Ou alors c’était ses sens à elle qui s’était aiguisés ? En tous cas, même si elle reconnaissait le chakra de Hikaru, il avait quand même quelque chose de changé. Ce n’était pas vraiment une question de puissance : elle arrivait à doser ça aussi, oui, mais c’était plus difficile à sonder. Pour être honnête, elle n’arrivait pas à dire exactement en quoi. Il dégageait encore plus d’assurance qu’à l’époque, aussi. Même s’il en avait déjà beaucoup … Peut-être sa façon de bouger ? Ou de se tenir ?

Qu’il était loin le temps où ils avaient été jetés dans ‘la poubelle’. Comment des ninjas compétents avaient-ils pu faire une erreur aussi affligeante ?

« Oui, ça va bien. Pour dire la vérité, je ne me suis pas sentie aussi bien depuis très longtemps. M’entraîner avec Sham et Eihiko-senseï, ça m’a bien fait avancer. Même si j’ai pas mal souffert, surtout avec Eihiko-senseï. Je n’aurais jamais imaginé que quelqu’un d’aussi gentil pouvait être aussi sévère comme maître. »

Elle passa pensivement ses doigts sur le haut de son omoplate, à l’endroit qu’indiquait le jeune homme.

« Oui … J’ai appris comment le tracer, et l’améliorer, mais je n’arrive pas à m’y résoudre. Je l’aime bien tel quel. »

Ihoko lui envoya un regard perçant. Elle savait très bien que les capacités de son équipier en termes de Fuinjutsu étaient exceptionnelles. Sans nul doute largement supérieures à celles de son père à l’époque. Etait-il capable de déceler la différence entre son style à lui, et le style de la jeune femme ? D’où le sens de sa remarque. Enfin, la première fois qu’elle l’avait rencontré, il avait balancé qu’il connaissait bien la réputation de ses parents sans aucune langue de bois. C’était tout simplement son genre de ne pas retenir ses mots. Il n’y avait peut-être aucun sens caché à trouver dans ses paroles, tout simplement.

« Et ça me fait plaisir aussi de te revoir. Avec l’entraînement, et mon enquête, je n’ai pas trop eu le temps de prendre des nouvelles. Mais tu as plutôt l’air de bien te porter, je me trompe ? Et toi aussi tu as bien progressé, j’ai l’impression. »

Elle brûlait d’envie de lui demander ce qu’il s’était passé entre Sham et lui, mais elle ne savait pas trop comment il réagirait et ce n’était pas complètement ses affaires non plus. Elle préférait éventuellement tourner autour du pot pour voir s'il lui laissait une ouverture ou abordait le sujet lui-même. Mentionner Sham serait suffisant pour le moment. En plus, alors que son père était abattu et faible, lui regorgeait de vie plus que jamais. Ah voilà l’expression qu’elle cherchait ! Il n’avait pas changé, pas fondamentalement, mais il semblait avoir plus de vitalité. D’énergie.

« Je n’ai pas réussi à retrouver Mikeru, et il parait que Genki n’est plus shinobi. Tu as eu des nouvelles, toi ? »

Bon, ça c’était plus pour faire la conversation.

« Oh ! Et j’ai mis au point mes propres sceaux ! Il faudra que je te les montre. Je cherche encore un peu mon style, donc ça va sans doute te paraître très loin de ton niveau, mais j’en suis quand même assez fière. Qui sait, tu pourras peut-être même m’aider ! Après tout, c’est pas pour rien qu’on t’appelait ‘’L’Expert’’ ! »

Elle lui adressa un sourire complice. C’était son surnom au sein de l’unité poubelle. Plus précisément, Genki l’avait appelé une fois comme ça, et c’était un peu rentré dans les habitudes de tout le monde.

Elle marque un point, moi et la technologie on peut dire que l'on n'est pas vraiment de grand copain. Mais bon, comme elle vient de le démontrer il y a toujours moyen de faire autrement, d'accord c'est bien moins pratique mais ça fonctionne bel et bien. Peut-être qu'il faudrait qu'un jour je me décide à suivre le courant, surtout que même l'Empire s'y ai mis pour donner les informations sur diverses choses comme les missions. Si j'en avais eu un jamais je n'aurais eu la mauvaise surprise de me retrouver avec Kai, j'aurais pu me préparer à l'avance.
Ça me fait un peu bizarre de me retrouver ici, face à Ihoko, j'ai l'impression qu'il maque quelqu'un sans que ce ne soit vraiment le cas. Mais une retrouvaille à trois aurait été bien plus percutante mais bien moins plaisante. Après tout elle n'est ni plus ni moins que mon binôme.

Je me mord la lèvre en tentant de rester le plus calme possible. Je vois que je me retrouve une nouvelle fois face à une injustice. Cet exactement pour ce genre de chose que l'autre abruti d'Uchiwa s'est retrouvé coupé de son savoir. Ça et le fait qu'il ait tenté de vendre le fuinjutsu Kitsune aux Emplumées à travers moi. Un fin manipulateur … Comme toute ma famille à vrai dire, que ce soit celle de Chikyuu ou d'Onogoro. Mais en tout cas ça me fait bien chier d'apprendre qu'elle a pu suivre un entraînement avec Sham. J'ai toujours cherché à pouvoir en avoir un, au maximum il trouvait une demi-heure à me consacrer par-ci par là. Jamais plus. Je ne me le cache pas mais je laisse paraître le moins possible cette jalousie qui s'engouffre en moi. Encore un sentiment que je ne connais pas trop, après tout pour les Kitsunes je reste tout de même bien souvent au centre de leur attention. Contrairement à cette enflure humaine qui ne voit en moi qu'un teste échoué ou plutôt qui doit être amélioré.
L'envie de savoir comment mon père va, me brûle les lèvres, je ne sais pas si c'est dans l'espoir d'entendre que pour lui tout roule et être heureux de cette information ou alors entendre qu'il est au fond du fond avec Tak et que ça me rendrait un minimum joyeux. Je me demande bien comment ils réagiraient en me voyant débarquer au clan.
L'emprise de mes dents sur ma lèvre inférieur se défait, reportant mon attention sur Ihoko, bien que visuellement je n'ai jamais vraiment quitté celle-ci, juste été distrait rien de plus. La preuve c'est que j'ai entendu qu'elle a aussi été entraînée par Eihiko, je ne l'ai jamais vu mais j'ai beaucoup entendu parlé de lui. Que ce soit via Sham et Tak ou alors dans les livres d'histoires, après tout il reste l'un des plus grand de la génération nous ayant précédé. C'est tout de même fou, retrouver en une seule personne quatre des plus grands noms.

Améliorer le sceau de Shura ? Même s'il s'agit d'un sceau de base ça prouve une compréhension au Fuinjutsu que tout le monde ne possède pas. Créer de toute pièce est une chose mais modifier ce qui n'est pas de soi en est une autre. Surtout sur un style comme celui de son père que j'ai pu étudier aux travers des documents de Sham. Il est simple et va droit au but, c'est ce qui rend la modification totalement hasardeuse. Au fur et à mesure que j'ai créé si j'ai bien compris une chose c'est que plus il y a de symbole plus simple il est de pouvoir modelé, après tout une petite erreur peut être compensée par les autres. Dans le style du Dragon, c'est un surnom qui m'est venu comme ça, après tout tout le monde n'invoque pas les Salamandres et manipule la lave. Enfin le faisait, bien que doté de lourdes casseroles c'est une personne que j'aurais aimé connaître. Mais pour revenir à ce que je pensais, un sceau aussi simple que celui de l'Empereur est très complexe à modifié, il possède un base tellement solide que le moindre ajout peut totalement foutre tout en l'air. Et je sais de quoi je parle, je possède moi-même la capacité de l'utiliser. Jamais je n'ai tenté de le modifier mais c'est un savoir que j'ai acquis au fur et à mesure de mon apprentissage.

Je vois que ces six mois semblent être vachement remplis pour ma camarade, là où moi je me suis surtout baladé et parfait mon fuinjutsu elle est vraiment devenue bien plus forte … Si je n'étais pas tombé sur cet Anbu, ou plutôt que lui m'avait pas mis la main dessus, il y aurait un tel cratère entre elle est moi. Pas que je me réjouis d'avoir vécu ça mais quelque part j'en suis sorti plus grandi.
Impossible à l'arrêter, il vaut mieux que j'attende encore un peu pour en placer une. En attendant, tout en l'écoutant j'attrape la carte, à la recherche de ce que je vais bien pouvoir boire et manger. Il faut juste que je fasse gaffe aux prix. L'époque où Sham arrosé est bel et bien révolue.

L'Expert, voilà qui me ramène quelques temps en arrière. Alors que je pose le menu avec l'idée de ce que je vais prendre je cherche à trouver de quel bout je vais rebondir à tout ce qu'elle vient de me dire. Sham ? Et puis quoi encore, je préfère faire semblant de n'avoir rien entendu, du coup l'Èclair Blanc, ou quelque chose comme ça, passera lui aussi à la trappe.

Je me posais justement la question l'autre jour à propos de Genki, vu que j'ai pas passé l'examen je suppose que c'est le cas. Ou alors il nous a juste menti pour nous motiver et nous donner une raison de nous surpasser en nous montrant que lui croyait en nous. J'espère pour lui en tout cas, sinon ça voudrait dire que j'ai poussé notre ancien senseï à la retraite.

Tout en parlant j'attire un peu de sable vers moi, c'est vraiment un élément qui me plaît beaucoup, un se basant sur la construction et la défense et non sur la destruction et la désolation. Une sorte de doton deux point zéro. Le sable arrive au niveau de la table, je le sculpte dans différentes formes sourire aux lèvres. Rien de bien complexe, j'ai encore un peu de mal avec cet art récemment acquis.

Oui ! Je n'ai plus rien à voir avec le Hikaru que tu as connu, je peux compter sur autre chose que mon Fuinjutsu, bien que j'ai continué à le peaufiner. Et pour les nouvelles tu n'as pas à te justifier, je n'en ai pas prise non plus et puis tu aurais eu du mal avec moi, ça fait vraiment pas longtemps que je suis revenu sur Onogoro, disons que j'avais une sorte de mission sur Chikyuu, c'est en tout cas ce qui se dit. un petit clin d'oeil malicieux pendant que les grains de sable s'en vont retrouver les leurs dans la gourde en longeant le sol pour être le plus discret possible, avec le sceau qu'Ihoko a lancé l'attention a bien suffisamment été accaparée En tout cas ça me replonge dans le bon vieux temps ces retrouvailles. je suis vraiment euphorique, il faut dire que pour mois un peu plus de six mois ça reste un septièmement de ma vie, un laps de temps qui n'a pas le même écho pour tout le monde Et oui comme tu as pu le voir je vais plutôt bien, mieux que jamais à vrai dire. bien que j'ai toujours besoin de l'eau du mont Hansei pour stabiliser mon corps Mais tu t'en tires pas mal toi aussi. D'ailleurs ça te va plutôt bien cette couleur.

Je la fixe quelques secondes sans rien dire, je ne sais pas si c'est mon imagination mais elle n'a jamais autant ressemblé à sa mère. Je n'ai vu l'Impératrice que en photo ou en peinture mais c'est frappant, Ou alors c'est juste le fait de savoir que c'est sa fille qui me joue des tours.

Je n'ai pas de nouvelle de Mikeru non plus, pour tout te dire j'ai pas encore essayé de le revoir. Je me demande bien ce qu'il est devenu, sûrement chuunin comme toute la promotion. oui je fais partie de la minorité, pas très flatteur tout ça Je serais heureux de voir tes progrès en Fuinjutsu, c'est toujours intéressant de voir ce qu'une personne pratiquant cet art a mis au point. Ça ouvre de nouvelles portes.

Je marque une nouvelle pause alors qu'une serveuse s'avance vers nous, nous demandant ce que l'on désire commander.

Pour moi ça sera un cocktail des quatre saisons avec un verre d'eau. Et comme plat je vais me laisser tenter par la carpe arc-en-ciel. Elle est bien sans arrête ?

Totalement monsieur Ono.

Parfait, c'est ce que je vais prendre dans ce cas.

Je pose la carte sur le bord de la table, afin que celle-ci puisse être débarrassée plus facilement par la serveuse et attend patiemment que ma camarade commande elle aussi. Je me demande quand même bien quel est l'entraînement que Sham lui a fait subir, je meurs d'envie de savoir ce qu'il s'est passé mais en même temps je veux rester dans l'ignorance. Après tout, si je ne sais pas je peux imaginer ce que je veux et me rassurer sur le fait qu'il lui a peut-être rien enseigné du tout … J'en doute, elle n'aurait pas dit s'être entraîné avec. Et cette histoire d'enquête ? De quoi parle-t-elle ? De son père ? C'est possible. Ce n'est peut-être pas le meilleur endroit pour parler de ça.

Si tu veux tu pourras me montrer ce que tu sais faire en Fuinjutsu après le repas. Je crois que l'on a déjà suffisamment attiré l'attention dans cet endroit. j’attrape le cocktail qui vient d'arriver, comme toujours succulent et sans alcool, celui que j'ai toujours pris en venant ici Tu m'as parlé d'une enquête, c'est ce à quoi je pense ? Je sais que c'est peut-être pas le lieu le plus adéquat pour parler de ce genre de chose, surtout si ça concerne ton père. En parlant de ça, tant pis je me lance tu t'es entraîné avec deux grands noms de l'histoire. Enfin, un grand nom et un déchu. je pose mon verre, c'est décidé il est hors de question que des gens voient encore cette ordure comme un héros Tu as de la chance d'avoir pu t'entraîner avec lui, j'ai jamais pu le faire moi. Apparemment il n'a jamais eu suffisamment de temps pour ça. je parle sans penser au fait que Ihoko n'est pas au courant de mon statut … comme tout le monde d'ailleurs Je suppose qu'il n'est pas en très grande forme, pas très étonnant vu que ses capacités ont été scellées par les Kitsunes après sa trahison. est-ce que ma voix est plus basse pour que personne puisse entendre ? Absolument pas, autant que l'information circule Si tu veux un bon conseil, évite le comme la peste ou il tentera de t'utiliser comme il l'a fait avec pas mal de gens. Si tu veux une autre version, tu peux très bien parler avec un nabot roux du nom de Kai Uzumaki. Lui aussi en a bavé avec Sham.

Je bois une nouvelle gorgée de mon cocktail, à la paille, tout en m'enfonçant un peu sur ma chaise. Le visage mécontent. Je ne la connais pas beaucoup mais je sais que je peux lui faire confiance.

Il faudra que je te montre aussi quelque chose après, pour que tu comprennes un peu mieux. je m'accoude sur la table, c'est bon j'ai vidé mon sac à propos de lui, je me sens plus léger Tu es revenue pour de bon ? Ou tu comptes encore partir en vadrouille ? Si ça te dis, je suis occupé de mettre sur pied un voyage à travers Onogoro, pour voir de quoi est fait ce monde et ce qui en est sa source.

Passer du coq à l'âne, je crois qu'il serait difficile de trouver meilleur exemple. Et je viens à parler de ce monde d'une façon un peu étrange. C'est pas comme si c'était anormal pour moi, après tout moi je suis de Chikyuu.

Hikaru non plus n’avait pas de nouvelles de Mikeru. Elle n’avait pas réussi à le retrouver de son côté, alors elle avait simplement formulé deux hypothèses : soit l’Empire avait décidé d’exploiter ses capacités en informatique plutôt que ses aptitudes de ninja ; soit il était reparti sur les terres du clan Aburame, au Nord, et c’était pour cette raison que personne ne semblait savoir où il était. Elle avait pris la peine de consulter le registre des missions à l’académie pour savoir si Hikaru et Mikeru étaient disponibles, donc aucune piste à creuser de ce côté-là. Pour ce qui était de Genki-senseï …

« Je n’ai pas encore de nouvelles, non. Je me sens un peu ingrate maintenant que tu le mentionnes, mais j’ai surtout cherché à vous recontacter, Mikeru et toi. Et comme tu es le seul que je savais être à Taki, j’ai commencé par là. C’est vrai qu’après ce qu’il a fait pour nous, j’aurais au moins put chercher à savoir où il en était … D’un autre côté, s’ils n’ont pas été capables de reconnaître leur erreur et qu’ils ont réellement viré Genki-senseï, c’est révoltant. Il est compétent, et nous le sommes aussi. S’ils sont trop fiers ou trop bêtes pour remarquer qu’ils ont commis une erreur, ce serait une injustice de plus à mettre sur le compte de l’Empire. »

Ihoko tourna d’un air pensif sa touillette dans le café qu’on lui apportait.

« Ca commencerait à faire beaucoup. Je me demande si on n’aurait pas besoin d’un autre empereur … Celui-là me parait bon et juste, mais si tout ce qu’on nous a dit est vrai il manque sérieusement de poigne. Seulement il y a peu de personnes légitimes pour prétendre à le remplacer. L’Eglise a bien conçu son système ! Tant que plus de divinités ne donnent pas leur accord, impossible de le remettre en question. Qui pourrait bien avoir autant de crédit auprès d’eux … Ou tout du moins faire croire à l’Eglise qu’ils tireront leur épingle du jeu, tout en faisant bien en sorte que ce ne soit qu’une illusion sinon ça ne mène à rien, ? »

Elle s’arrêta de remuer le café presque soudainement, avec une fermeté et un sérieux rares chez elle. Les cours de Sham ne concernaient pas que les techniques du sharingan, mais également pour beaucoup la géopolitique de l’Empire et son histoire, entre autres connaissances très utiles sur le fonctionnement du monde et de sa nation majeure. Il lui avait expliqué certaines choses, elle en avait deviné ou supposées plein d’autres. Finalement, c’était un fonctionnement très logique ; des rouages qui s’entrainaient mutuellement. En comprendre une petite quantité suffisait à spéculer sur presque tous les autres. Il fallait simplement un peu d’objectivité, et connaitre les bons et les mauvais côté du genre humain. Ou tout du moins, des catégories d’humains qui parvenaient à se hisser le plus facilement au pouvoir. Pour les autres qui y accédaient quand même, c’était des données positives à rajouter par après. La base n’était pas saine, au sein de l’Empire. Ses fondations n’étaient plus que du sable, prêtes à s’écrouler : son père y avait veillé et elle comprenait parfaitement la stratégie employée. Quelque part, même s’ils s’étaient entretués, si on devait admettre la victoire d’un de ses deux parents, elle tendait à croire que c’était son père qui l’avait obtenue. Être adulée par la postérité ne durerait qu’un temps, si l’Empire s’écroulait.
L’œuvre de sa mère, qu’elle voyait gâchée stupidement par ceux qui la poursuivaient. Elle releva soudain son regard vers Hikaru et chuchota, presque comme une confidence :

« Tu penses que j’aurais fait une aussi bonne impératrice que ma mère ? »

La question sortait un peu de nulle part, et en réalisant, elle s’empourpra quelques secondes.

« Non pas que ce soit mon objectif, hein ! Je me dis juste qu’on a besoin de changement, c’est sorti tout seul sans que je réfléchisse ! »

C’était tellement faux. Elle détourna le regard. Ihoko connaissait un minimum son équipier. Ce serait passé avec n’importe qui, mais lui ne serait pas dupe. Il avait un flair extraordinaire pour déceler ce que les autres cherchaient à cacher. Peut-être qu’elle le trouvait extraordinaire parce qu’elle-même, sans recours au genjutsu, était incroyablement mauvaise à ce jeu-là ? Ce qui était le plus surprenant, c’était qu’au moment de leur rencontre, il était plutôt naïf. Elle sauta sur la première porte de sortie qui lui offrit son équipier : sa remarque sur ses cheveux. Tout en passant les doigts dedans, elle commenta simplement :

« Oui, je trouvais l’ancienne couleur trop … gentille. J’avais besoin de quelque chose qui dégage plus d’assurance. Qui fasse plus kunoichi, quelque chose dans ce goût-là. »

Inutile de trop s’étendre dessus non plus. C’était plaisant de voir qu’il avait remarqué, mais un peu gênant quand même d’orienter la conversation sur ce genre de sujets. Une autre porte de sortie, vite !

« Ta mission à Chikyuu, ça a un rapport avec ta visite à Junnali ? Le premier mari de la reine Onahime, Kamo, m’en a parlé. Il avait l’air très surpris de t’avoir rencontré, il m’a posé beaucoup de questions. Les belettes reçoivent peu de visiteurs, mais je crois que tu lui as beaucoup plu. La preuve, pas moyen d’en savoir plus : je n’ai pas réussi à en placer une quand il m’en a parlé. Heureusement que Kirikizu est arrivée pour m’emmener m’entrainer sinon il m’aurait noyée de louanges à ton égard. Elle a tenté de m’apprendre le taijutsu des belettes … Elle m’a surtout appris à encaisser les bleus et à guérir les coupures. »

Elle le fixa d’un air mi accusateur, mi amusé : comme s’il existait un monde où tout ceci était de sa faute. Volontairement, la jeune femme se contenta d’un sourire du même ordre pour ce qui était du Fuinjutsu. Ses sceaux, ce serait pour plus tard. En plus, Hikaru sembla être du même avis.
Elle commençait surtout à avoir faim, aussi indiqua-t-elle simplement à la serveuse d’amener une deuxième carpe comme avait commandé Hikaru. Quand on est en mal d’inspiration … Et puis, ce serait un autre sujet de conversation de secours dans l’éventualité peu probable où la conversation s’enliserait.
Ce serait peut-être utile, car les sujets sensibles arrivaient sur la table.

« Oui, c’est toujours la même enquête. Sauf que cette fois-ci j’ai une preuve tangible que quelque chose ne va pas dans l’histoire de l’Empire. J’ai trouvé une anomalie. Je t’en parlerais plus tard, mais ça pourrait remettre en question certaines choses. Par contre, j’ai l’impression que le sujet est dangereux : les grands noms qui gravitent autour de ce secret sont presque tous morts ou disparus, aujourd’hui. Pas facile d’avancer dans ces conditions. Je t’expliquerais plus tard. J’ai un procédé de communication sécurisé pour ça, mais ici ce ne sera pas possible. »

« Et oui je suis revenue pour de bon. Tu sais déjà pourquoi j’ai dû arrêter l’entrainement avec Sham, et Eihiko-senseï n’a plus rien à m’apprendre non plus. Il est gentil, et je crois qu’il est encore plus fort que mon père. Je l’admire énormément. Par contre, ses qualités d’enseignants sont discutables, et je n’ai jamais pu tenir physiquement la moitié de son échauffement. »

Ihoko avait bien compris qu’il s’en foutait d’Eihiko, ce qui était compréhensible. Avoir évoqué le sujet de Sham avait jeté un peu de froid entre eux. C’était léger, presque imperceptible, mais au moins il était honnête avec elle, ce qui rendait la discussion encore possible. S’il n’avait pas mentionné le fait de n’avoir jamais pu s’entrainer avec son père, la jeune femme n’aurait jamais pu comprendre la surface du problème. Parce que du côté de SHam, impossible d’obtenir la moindre information : le sujet Hikaru le fermait comme une huître et le rendait triste, déçu, ou grognon, quelque part entre ces trois adjectifs en tous cas. Ihoko avait une certaine affection pour Sham, il était son parrain et un ami de son père. Mais justement, ce n’était que ça. L’ami de son père. Hikaru, c’était son compagnon de route à elle. Et sans aucun doute son meilleur ami. En tous cas, elle ne s’entendait mieux avec personne dans tout l’Empire, même pas avec les membres de l’Eglise de Suijin qui avaient pourtant joué un rôle actif dans son éducation. Alors évidemment, elle aurait tendance à prendre le parti de son ami. Surtout qu’en l’occurrence, il semblait plutôt enclin à parler, lui. Ihoko enregistra d’ailleurs les quelques informations que lui donna Hikaru sur le sujet. Il était donc scellé par les Kitsunes. Le dôjutsu de sa mère pourrait peut-être le libérer … mais elle n’aimait pas beaucoup l’idée de l’utiliser pour le moment. Elle aimait beaucoup Sham aussi, mais si Hikaru disait qu’il y avait une explication, alors elle devait au moins en parler avec lui. Et elle ne comptait pas faire sauter ce sceau s’il ne lui demandait pas de le faire. A moins que …

« Ce sceau … Il ne met pas sa vie en danger au moins ? »

C’est la première question qui lui échappa. Mais Ihoko se reprit très vite. Elle avait peur que Hikaru ne sombre du mauvais côté, ou quoi ? C’était stupide, il n’était pas comme ça.

« Enfin, oui, il semble s’être beaucoup affaibli. Et pas que. Il m’a semblé abattu, et ne plus en avoir grand-chose à faire de … Eh bien, d’un peut tout en fait. Il m’a appris à maîtriser quelques arcanes du sharingan, mais je crois que sans l’amitié entre nos deux pères, il ne m’aurait jamais même permis d’entrer chez lui. Donc non, il n’est pas en forme. Je commence à comprendre cela dit, pourquoi il est dans cet état : il se fermait quand je parlais de toi. Je ne sais pas si c’était de la tristesse ou de la colère, mais je crois qu’il regrette. Tu devrais peut-être … »

Elle balaya sa propre phrase de la main.

« Désolée, c’est évident qu’il t’as fait du mal. Instinctivement, j’essaie de vous réconcilier mais … Ce ne sont pas mes affaires, pardon. En revanche, pour suivre ton conseil je vais avoir besoin d’en savoir plus. Et si tu as besoin de mes conseils, je suis bien évidemment prête à te les donner. Je vais essayer de ne pas m’immiscer dans vos histoires mais ce ne sera pas facile … »

Ihoko avait bien entendu son histoire de voyage autour d’Onogoro, mais pour le moment ce sujet passerait à la trappe aussi. De toute manière, il y avait encore du temps pour ça. C’était quand même amusant : elle cherchait à tout prix à remettre l’Empire debout, et se concentrait donc exclusivement sur lui, alors que Hikaru lui voyait au-delà de ses frontières, vers le monde dans son intégralité.
Similitudes et complémentarités, c’était la base d’un bon travail d’équipe après tout.

Je regarde Ihoko touiller dans son café tout en réfléchissant à ce qu'elle vient de dire. Comme ça Mikeru a totalement disparu de la circulation. Et tout comme moi elle n'a pas vraiment cherchée à prendre des nouvelles de notre ancien senseï, quoi que techniquement pour moi il est encore officiellement le mien. Après tout, je suis encore genin.
C'est vrai que l'Empire commettrait une grande erreur en mettant Genki sur le carreau car l'un de shinobi sur son aile n'a pas passé l'examen, ou deux peut-être.
Elle a l'air si calme et en même temps elle a une certaine sévérité sur son visage, peut-être que c'est son côté pensif qui me donne cette impression. Quelque chose se dégage d'elle, un petit truc plutôt agréable à vrai dire.
J'avale de travers la gorgée de mon cocktail en entendant ce qu'elle vient de dire. Ni une ni deux je regarde autour de nous, voir si quelqu'un d'autre que moi l'aurait entendu. De tels propos peuvent être plus que mal vu. Elle n'a pas totalement tort, mais de là à le partager de cette façon sans se soucier de qui pourrait l'entendre c'est vraiment prendre des risques. Il est vrai que de ce que j'ai appris sur le règne de cet Empereur et de la mère de mon amie n'a rien à voir. On passe d'une figure adulée à une bien plus discrète. Mais de ce que je sais, il y a eu tout de même pas mal de secret sous la mère d'Ihoko. La preuve est juste sous mes yeux. Je ne suis pas autant calé en politique que semble l'être mon amie, mais je peux au moins me rendre compte de ça … Enfin si je le suis pas mal, mais pas sur celle d'Onogoro … Si on peut nommer ça une politique sur Chikyuu.
Je reporte la paille à ma bouche mais me retient de la boire voyant qu'elle porte son attention sur moi. Heureusement, sans quoi j'aurais très certainement recraché tout simplement. Cette question sort vraiment de nulle part, je me retrouve pris au dépourvu. Elle a beau essayer de feinter sa réaction ne trompe pas. C'est d'ailleurs celle-ci qui me décide à pas rebondir dessus, à tout simplement sourire pour toute réponse. Ou tout du moins pour le moment, car se demander une telle chose ne trompe pas. Une recherche de ce que l'on est ou plutôt que l'on pourrait être. C'est en tout cas ma vision. Elle l'avoue elle-même, c'est une question qui a trouvé son chemin sans que son cerveau ne donne l'ordre de la poser. Cherche-t-elle vraiment une réponse à celle-ci ou alors c'est tout simplement une idée qui lui a traversé l'esprit vu que le sujet s'y prête ? Aurait-elle fait une bonne impératrice … Elle a peut-être les idées pour pouvoir se poser sur le trône, mais elle manque d'expérience. Ce point pourrait lui coûter le fait d'être qu'un pantin.
Le sujet n'avait pas à être traité dans l'immédiat, ou plutôt elle ne le voulait pas. Elle ne rebondirait pas sur un sujet aussi futile si c'était le cas. Ou alors, peut-être a-t-elle un peu honte d'avoir pu croire un instant d'être capable de prendre la succession de sa mère ? C'est une possibilité.

En tout cas le noir te vas bien.

À chacun son tour de compliment, les miens remontent à bien plus longtemps mais ils me font extrêmement plaisir. Surtout de la part de Kamo, il reste un être très important pour moi. Le premier que j'ai rencontré durant mon long voyage. Savoir qu'elle aurait pu se retrouver submergée de louanges me fait le plus grand plaisir. D'ailleurs ça me fait penser que je dois toujours rapporter du raisin chez les Belettes afin que Kamo puisse y goutter.
Je réponds au sourire d'Ihoko alors qu'elle commande. Je garde mes questions de côté vu qu'elle reprend la parole. C'est amusant, ça fait tellement de temps que l'on ne s'est pas vu et pourtant c'est comme si c'était hier.

Oui, si ce que tu me dis est aussi dangereux, il vaut mieux prendre des sécurité. je rougis un petit peu En tout cas ça me fait plaisir de savoir que Kamo parle de moi. J'ai beaucoup apprécié sa compagnie, mais on dirait bien que nos visites sur Junnali ont été très différentes. Moi je n'ai pas eu un bleu. je lâche un petit rire amusé

Le sujet de Sham comme toujours me rend un peu mouron, noircissant mon visage. Pas au point de sembler être désagréable mais suffisant pour montrer mon mépris pour lui. De la tristesse ou de la colère ? Je crois bien savoir lequel des deux est le véritable sentiment qui l'habite. Il doit me détester aujourd'hui, après tout j'ai scellé l'une des branches pour laquelle il était le plus reconnu, sur laquelle une partie de sa vie est bassée. Étrangement, savoir qu'il va mal me fait du bien. L'état dans le quel il se trouve est uniquement dû à ses actes. Il mérite ce qu'il lui ai arrivé.

En effet ce ne sont pas tes affaires. je me rend compte immédiatement de la dureté de mes propos Désolé, mais tu me connais, je ne suis pas du genre à tourner du pot. Mais ce qu'il y a entre Sham et moi relève plus de la gangrène qu'autre chose. Par contre pour les conseils, je reste preneur. Et non, je te rassure sa vie n'est pas en danger. Je peux te donner plus de détail si tu le désires. Par contre, il faudra bien suivre.

Je tape une fois de mon indexe sur la table, en diffusant un peu de chakra dans le bois pour signer une flèche. Je retape une fois fois pour être certain qu'elle ait bien compris le message. Parler de ceci ouvertement serait dangereux, par contre le signer sur le bois va me permettre de donner plus de détail juste pour ma coéquipière. Je me pince le nez de mes autres doigts, réfléchissant sur quel angle je vais pouvoir prendre ça. Il me faut quelques instants pour débuter.

Je vais faire cour pour le moment, si tu veux je te donnerais la version longue plus tard. Comme tu le sais, je suis le fils adoptifs de Sham. un X se signe sur le bois avant de disparaître une fois que je suis certain qu'Ihoko l'ait vu Ça fait un peu moins d'un an que je le connais mais ça été suffisant pour me rendre compte de la personne qu'il est vraiment, une croix et un V … je reste silencieux, me rendant compte de la complexité et la temps que ça me prendra d'expliquer de cette façon, je refrappe du doigt Je crois que le mieux sera de te raconter tout ceci une autre fois, quand on sera dans un endroit plus discret. Mais pour revenir à ce que tu disais. je me relève pour me pencher vers Ihoko, pas trop proche tout de même il faut garder un peu de distance. Et je murmure quelques mots Ce n'était pas vraiment une mission sur Chikyuu mais plus un choix. je me remet dans ma position initiale tout en frappant de l'indexe Donc oui, Junnali faisait en quelque sorte partie de ma ''mission'' C'est d'ailleurs le premier lieux où je me suis rendu..

Depuis le départ, tout en parlant je signe à une vitesse folle sur le bois, effaçant au fur et à mesure ce que je viens de tracer au chakra. Je met en place une suite d'images qui vont me permettre de conter par le visuel au lieu de la parole. Ça commence tout simplement par une tête sans visage, accompagné du haut d'un renard. Rapidement remplacé par un cristal, simplifié au maximum fait de traits. Je replace la même personne à ses côtés, la main posée dessus. Des traits apparaissant sur le cristal. Un zoom dessus … Même de cette façon ça reste quelque chose de très difficile à expliquer. La suite d'images zoome, sur le cristal mais les images disparaisse subitement. Ce n'est pas une bonne idée, trop complexe. Je me repenche vers Ihoko, parlant au plus bas.

On en reparlera, mais je suis en quelque sorte le fils de Sham. Je vais pas pouvoir t'expliquer tout ici mais pour faire court et simple. Je ne suis pas vraiment humain, j'ai été créé par lui et les Kitsunes. Je n'ai pas été conçu mais créé.

Je sens une présence, la serveuse un peu gênée par la situation. Je me demande bien pourquoi. À quoi pense-t-elle qui pourrait la mettre dans une telle situation ? Je reprend encore une fois ma place sur la chaise afin que les assiettes puissent être posées.

Merci. un large sourire, dévoilant mes dents anormales, elle ne semble pas les remarquer, elle s'éloigne Je crois bien que l'on n'a pas choisi le meilleur des endroits pour nos retrouvailles. Nos sujets se retrouvent un peu bloqués. À croire qu'ils son bien trop complexes …. On va devoir se rabattre sur autre chose apparemment ... Mais au fait, tant qu'à faire comment ça se passe avec les garçons ? Et bon appétit !

C’était si difficile à croire. Ihoko avait côtoyé Hikaru assez longtemps pour savoir qu’il avait des difficultés avec son père. Mais il a quelques mois encore, c’était plus une sorte de sentiment d’infériorité, d’envie de faire ses preuves auprès de lui. Depuis le début, elle s’était reconnue dans ce sentiment partagé d’amour paternel. Mais là avec ce qu’il lui disait, elle peina d’abord à comprendre son ami. Il avait parlé d’une trahison. Pouvait-elle se mettre à sa place ?
Une succession d’images s’imposa à Ihoko. De paroles, aussi. Oui, bien sûr qu’elle pouvait le comprendre. Si elle n’avait pas eu de moments heureux avec son père, jamais elle ne se serait remise de ce qu’elle avait considéré comme sa trahison. Hikaru n’avait pas ce qu’elle avait, et déjà qu’elle avait eu beaucoup de mal … Si lui aussi avait aimé son père, il avait souffert comme c’est pas permis. Maintenant, elle se sentait même un peu coupable d’avoir passé tout ce temps avec Sham. Ihoko était suffisamment vive d’esprit pour comprendre que rien dans toute cette histoire n’était de sa faute à elle. Et pourtant, le sentiment de lui avoir ravi une place légitime était bien présent. Tiraillée, elle entendit à peine la réponse du jeune homme sur sa mission à Chikyuu. Elle avait bien entendu, mais était trop absorbée pour répondre.
Comme Hikaru semblait réfléchir à quelque chose, elle en profita pour intervenir brièvement :

« Je suis désolée. Ce n’est pas juste, peu importe l’amitié entre Sham et mon père, je n’aurais pas dû avoir ce privilège. »

Ah ça, quand il était question de paternel, Ihoko devenait incroyablement plus sensible …

La suite ne fut pas facile à comprendre. Hikaru s’appuya sur le Fuinjutsu pour essayer de lui dire quelque chose. Sa dextérité pour enchainer les symboles et créer des sceaux, à un rythme aussi effréné, était tout bonnement impensable. Pour être sûre de parvenir à suivre et à décortiquer les mouvements pour bien tout comprendre, Ihoko fut même tentée d’activer son sharingan. Heureusement, elle avait déjà de bons yeux naturels. Et surtout, beaucoup d’éléments en sa possession pour comprendre où il voulait en venir.
D’abord, la façon de parler entre Hikaru et ses invocations. Ils parlaient comme des membres d’une même fratrie. Ensuite, les changements physiques assez évidents dans son anatomie. De manière générale, le fait curieux qu’il semble connaître Chikyuu sur le bout des doigts ; alors qu’à Onogoro il était parfois complètement perdu quand les missions s’éloignaient des zones très connues de l’Empire. On pouvait aussi ajouter le temps qu’il passait dans l’autre versant du monde. Sa facilité à s’entendre avec les belettes, pourtant plutôt revêches.
Quand le couperet tomba, elle ne fut donc qu’à moitié surprise. Elle s’attendait à une histoire un peu bizarre, et à l’entendre dire qu’il était en réalité un Kitsune. Franchement, c’était devinable et ça expliquait pourquoi Sham ne lui prêtait pas assez d’attention.
Mais c’était encore plus tordu que prévu. Créé et non conçu. La différence tenait à un mot qui avait presque la même signification. Mais quand on parle d’un être vivant, et non d’un objet, là, la différence était un immense fossé.

Elle en resta sans voix pendant quelques instants. D’ailleurs, comme la serveuse apportait les plats, elle en profita pour ne pas avoir à répondre tout de suite. Avec un sourire un peu triste, finalement, elle commenta :

« Tu n’as pas l’air d’avoir besoin d’être rassuré, donc cette vérité doit te déranger aussi peu que moi. Pour te dire la vérité, je ne suis pas surprise. Tu as toujours été différent. Pour moi, ça ne change rien, mais cette histoire me parait encore plus injuste, du coup. C’est à cause de ce que tu viens de me dire qu’Il a été aussi distant avec toi ? C'est si ... »

Ihoko ferma les yeux quelques secondes pour tenter de décrypter comment elle se sentait. Ce n’était pas si dur : de la même manière que ses parents, son parrain la décevait. Bon sang, c’était une sale manie. C’était peut-être humain, tout simplement. Comme il était humain de continuer à faire confiance pour finir par tomber sur les bonnes personnes. Avec Hikaru, Genki, Mikeru, et Eihiko, finalement elle n’était pas si mal tombée. Mais elle avait cru que Sham pouvait faire partie de ce cercle de confiance.
Dire qu’au moment où Hikaru avait parlé du sceau elle était prête à aller le briser ! Pendant un instant, elle avait pensé à le faire quitte à perdre son ami quelques temps. Mais la jeune femme comprenait maintenant que si elle l’avait fait, il n’aurait jamais pu la pardonner. A sa place, elle ne se serait pas pardonné en tous cas.

« Quelle déception. »

Ils mangèrent quelques instants en silence. Difficile de pousser plus loin les sujets de conversation. Hikaru balança un sujet sans aucun rapport, lui demandant si elle s’amusait à flirter pendant son temps libre. Elle manqua de recracher son poisson. Et puis quoi encore ? Avec une grimace, elle répondit plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu :

« Pour être honnête, je n’en ai pas grand-chose à faire pour l’instant … »

Il fallait redresser cette conversation de toute urgence, sinon il allait finir par parler de la pluie et du beau temps. Et ce serait un ennui qui enterrerait probablement toute envie d’aborder des sujets plus intéressants. Merde quoi, quelle mouche le piquait d’un coup ? Elle ne savait pas trop bien si elle piquait un fard ou si ça l’énervait, mais non, définitivement, elle n’allait pas laisser la conversation s’enliser dans ce genre de banalités.

« Tu sais, j’ai vraiment progressé en genjutsu. Je peux nous créer un espace à nous en dissociant certains sens et deux réalités. Une sorte de réalité alternative. Je créerais une conversation pour les autres personnes présentes, tandis que nous aurons la vraie ailleurs. On pourra même savourer le repas en même temps malgré tout, si je dissocie le sens du goût de la vraie réalité pour la mettre dans la nôtre. Et ça me permettra de te montrer un premier secret, au passage, sur l’origine de mon genjutsu … »

Vrai : comme elle n’avait jamais utilisé le sharingan du temps où elle était Genin (parce qu’elle ne maitrisait qu’une virgule inutile), peu de personnes dans l’Empire savaient qu’elle disposait d’un sharingan. Il allait être surpris de le voir, pas de doute. Elle espérait seulement que ce ne serait pas un motif de jalousie supplémentaire.

« Je le suggère sans te l’imposer pour une bonne raison par contre. C’est une technique dangereuse enfin seulement si tu ne me fais pas confiance. Donc tu peux refuser. Dans ma réalité alternative, j’aurais théoriquement accès à ton esprit tout entier. Je peux regarder à l’intérieur, je peux l’utiliser pour te faire faire ce que je désire. Je ne dis pas ça pour te faire peur, au contraire, je te promets sur mon honneur de ne pas le faire. Pas le moindre coup d’œil. Mais ce ne serait pas réglo de ne pas te prévenir. Enfin, au moins, on pourrait parler tranquillement. »

Etait-ce une manière de tester sa confiance ? Peut-être un peu. Mais non, elle était honnête avec lui comme il l’avait toujours été avec elle, simplement. Si elle l’emmenait dans les arcanes lunaires sans sa permission, c’était impardonnable et irrespectueux. Ca n’allait pas vraiment plus loin que ça.

Ça fait du bien de vider son sac comme ça même si je n'ai pas pu le faire autant que je l'aurais voulu. Les oreilles indiscrètes … Oui j'assume totalement ce que je suis mais ce n'est en rien une raison pour le crier sous les toits. Elle a raison, ce n'est pas juste que ce soit elle qui ait passé du temps avec Sham mais ce n'est en rien de sa faute. Elle ne le savait pas et même si c'était le cas il n'y avait aucune raison de lui en vouloir. Sentir une pointe de jalousie oui mais pas lui jeter la pierre. Après tout elle n'a fait qu'accepter ce que l'on lui a donné. Si c'est ce qui ne m'a jamais été proposé n'est en rien de son ressort. Bien que je ne lui en veuille pas, je ne relève tout de même pas la phrase. La jalousie peut nous pousser à faire des choses stupides. Ici en temps normal je l'aurais tout de suite rassurée, lui expliquant comme je viens de le penser que non elle n'y peut rien et que au contraire elle a bien fait de profiter de cette possibilité. Après tout, peu de gens peuvent se vanter d'avoir été entraîner par mon père humain. L'un des grands noms de l'Empire qui aujourd'hui doit encore avoir un certain écho bien que je ne suis pas certain que sa place dans le conseil soit encore d'actualité. Cependant ce qu'il a fait n'en reste pas moins extraordinaire et je ne déroge pas à cette règle. Avec l'aide des Kitsunes il a tout de même réussi à outrepasser les lois de la nature. Créer un être certes instable mais tout de même il a su créer la vie. Donner une personnalité et un libre-arbitre. N'est-ce pas là l'un des pouvoirs qui est techniquement seulement la propriété des divinités ? En quelque sorte il a pu se hisser à ce niveau lors de ma mise au monde. Une idée un peu horrible me traverse l'esprit, je doute être le premier … Qu'est-il advenu de ces frères qui n'ont peut-être jamais vu le jour. Je dégluti à cette idée. Tiraillé entre l'envie de savoir et cette de rester dans l'ignorance.

Je suis rassuré d’entendre que pour elle rien ne change. Que je suis ce que je suis et rien d'autre. Que cette information ne changera rien à notre entente. C'est le point qui me fait le plus peur, être rejeté à cause de ma nature. Comme tout le monde le sait, l'inconnu fait toujours peur. N'est-ce pas ce que je suis ? Quelque chose que l'on ne peut vraiment comprendre.

On mange tous deux silencieusement. C'est dérangeant, il y a quelque chose qui tourne mal depuis que j'ai parlé, une certaine gêne que j'avais instauré via mes paroles et les symboles que j'ai tracé un peu plus tôt. Apparemment je ne suis pas le seul à ressentir ceci, vu ce que me propose Ihoko. Ce n'est pas rien, ouvrir son esprit à ce point. Pas que je n'ai pas confiance en elle bien au contraire mais j'avoue que l'idée ne me plaît pas beaucoup. Laisser tout ce qui fait ce que je suis à sa portée. Je prend une nouvelle bouchée pour réfléchir. Pesant le pour et le contre. Rester ici dans la réalité va nous bloquer totalement, nous retrouver avec des chaînes sur nos paroles. De l'autre, être libre de dire ce que l'on veut sans craindre que ce ne soit écouté. C'est la confiance que je porte en elle et le confort de la discussion qui l'emporte.

Je suis d'accord, je ne m'en fais pas à propos du fait que tu pourrais en quelque sorte voir en moi. Je suis même en confiance totale. Mais j'avoue que l'idée est un peu inconfortable mais je m'y ferais. Après tout c'est la seule façon que l'on aura pour être tranquille.

Je pause mes couverts, ne sachant pas trop comment les choses vont tourner. Ou plutôt de ce qui va se passer. Surtout que ma seule expérience face à cet art n'est vraiment pas plaisante. Mais je n'ai pas à m'en faire sur ce point, Ihoko ne me ferait jamais quelque chose de mal.

Je suis prêt.

Je fixe mon amie dans les yeux. Un hoquet d'étonnement m'échappe en voyant ses yeux. C'est donc ça le secret d'on elle vient de parler. Je comprend mieux pourquoi Sham a accepté de l'entraîner.
Je m'attend à ressentir une drôle de sensation, pourtant non, absolument pas. Je comprend que nous nous trouvons autre part et pourtant si elle ne m'avait pas prévenu jamais je n'aurais pu déceler cette différence. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis en tête que mon corps allait comprendre ce changement, après tout celui imposé par l'Anbu n'avait été percé que quand il l'avait levé. Par curiosité je pique ma fourchette dans le poisson, bien que prévenu je suis étonné d'en ressentir le goût … Est-ce que je le mange vraiment ou alors est-ce que je n'ai que l'impression de le faire ? Je garde cette question au fond de mon crâne, je le saurais bien suffisamment tôt mais il y a bien sûr le fait que nous pouvons à partir de maintenant parler normalement comme si nous étions en tête-à-tête.

Je comprend mieux pour Sham maintenant. Si ça se trouve c'est aussi un des points qui me manque à ses yeux. par contre pour ses yeux je ne ressens aucune once de jalousie, les Kitsunes m'ont parlé de ce dojutsu et je connais les effets retour Tu devrais faire attention. Les horreurs que l'on raconte sur lui doivent être plus que vrai. Ça a rendu Sham aveugle. je bois une gorgée de mon verre Je vais pouvoir t'expliquer de façon bien plus facile maintenant, tout comme tu pourras mettre sur la table les sujets que tu avais abordé. Mais autant clôturer en premier le sujet Sham. je prend une profonde inspiration Comme je te l'ai dit Sham et les Kitsunes m'ont créer. Je suis ce que l'on appelle un homoncule, un être fait et non conçu. Je suis le résultat de longue recherche sur le Fuinjutsu, que ce soit celui des humains ou des Kitsunes. Je suis tout simplement le résulta premier de ce qu'il a toujours voulu. Le Sharigan et les sceaux qu'il s'est imposés ont fini par dérégler totalement le corps de Sham. Il s'est dans un premier temps mis dans l'idée que s'il est dans l'incapacité d'avoir un enfant par voie naturelle il l'aurait d'une autre façon. Il voulait que son sang coule dans les veines de l'enfant. C'est pour ça que l'adoption n'était pas un choix. Pendant des années ils ont tous fait des recherches durant des années pour mettre au point ce que je suis. Comme tu peux le voir, ils ont réussi à me créer, ainsi que Ochi, Gumai, Sai et Oni. On est tous les cinq de la même portée en quelque sorte. Ça a eu lieu il y a trois ans et demi, je n'ai pas l'âge que mon corps et ma tête le laisse penser. Ou en tout cas ma tête de moins en moins, j'ai appris à me méfier des gens contrairement à ce que je faisais avant. On aurait pu penser que ça aurait suffit à Sham … Mais non, lui tout ce qu'il a vu c'est qu'il pouvait créer la vie et il s'est mis en tête de remettre son corps en état normal si on peut le dire. Je n'est pas été suffisant à ses yeux.

Je prend quelques secondes pour boire de nouveau.

Je ne te raconte pas ceci pour que tu me vois différemment, pour que tu me plaigne. Ce que tu m'as dit, me rassure sur ce point. Je te le dis parce que je juge que tu as le droit de le savoir. Je veux juste que tu ais au moins quelques armes face à Sham, je sais ce qu'il peut dégager pour cacher ce qu'il veut vraiment. Fait ce que tu désires de ces informations mais avec tu sauras à quoi t'attendre un minimum. Bien que c'est un peu différent pour toi. Il y a Shura dans la donne. Je pense que ça peut faire varier la balance.

Cette fois-ci j'ai pu le faire, vider vraiment mon sac. Enfin, une autre personne sait pour moi sur Onogoro … Je me sens en quelque sorte moins seul.

Est-ce que tu peux me parler de ton enquête ou alors ce n'est peut-être pas encore le moment ? Tu veux peut-être commencer par autre chose ?

En confiance totale. En même temps, elle ne lui avait pas exposé toutes les possibilités qu’offrait le Tsukiyomi. Enfin, ce n’était pas comme si Ihoko comptait s’en servir de manière invasive ou offensive. Quand Hikaru lui annonça qu’il était prêt, elle déploya donc les arcanes lunaires. Une illusion suffisamment puissante pour superposer plusieurs réalités, et qui offrait aussi l’avantage d’être différent d’un genjutsu classique, et donc plus dur à pénétrer. Dans le monde virtuel qu’elle mettait en place, ils seraient vraiment très tranquilles.
Pour tous les autres, ils étaient en train d’évoquer de vieux souvenirs de la Poubelle. Alors qu’eux étaient là à discuter de choses plus sérieuses … et ayant des implications plus dangereuses. Elle inclut quand même leur repas, qu’il aurait été dommage de gâcher en se privant de la sensation offerte par le poisson.

La première remarque de SHam fut au sujet du sharingan. En guise de réponse, Ihoko lui sourit. Un sourire très franc, vraiment heureux, comme elle avait rarement l’habitude d’en avoir. Et les shôkos rouges virèrent au blanc.

« Le sharingan n’est qu’une apparence. En réalité, j’ai commencé à maitriser l’œil des Dieux de ma mère. Mais je n’arrive pas à l’exploiter complètement sous sa forme parfaite. Alors je n’utilise que sa forme de sharingan, couramment. »

La pupille revint à sa forme de Mangekyou. C’était l’un de ses plus grands secrets. Si elle dévoilait ce Dôjutsu hérité de sa mère publiquement, elle pouvait provoquer un scandale, pouvant amener très loin.

En attendant, c’était à Hikaru de confier ses secrets en premier. Il lui raconta l’histoire de sa création, comme homoncule. Ihoko ferma les yeux, le temps de digérer l’information. Quand elle les rouvrit, Hikaru avait terminé de lui conter cette stupéfiante histoire. Créer la vie. Comment un tel don, aussi beau, avait-il pu être aussi mal considéré ? Ca aurait pu être un véritable conte de fée, comme histoire. Elle ne se demanda qu’un instant comment faire part de son sentiment à Hikaru. Puis choisi tout simplement de prendre les mots comme ils venaient. D’être complètement honnête avec lui.

« Je trouve ça extraordinaire. Et au sens propre du terme ! Les personnes dans le même cas que Sham, incapables de créer la vie, sont plus nombreuses qu’elles n’osent le dire. Ce serait si bien qu’elles puissent avoir cette chance ! Lui l’a eue. Et son comportement m’échappe encore plus : tu as tous les attributs des humains. Tu as même son sang, son ADN. Tu es bel et bien son fils, la création a juste suivi un processus différent. Je te dis tout ça pour te dire que mon avis sur la question n’a pas changé : la seule vérité, ce n’est pas cette histoire d’homoncule, c’est qu’il t’a déçu. Et que je comprends, vraiment. Mon père aussi m’a déçu, d’une certaine manière. Bien que … Ouais, non, ce n’est pas la même chose. Merci de m’avoir raconté tout ça, en tous cas. J’espère que je serais digne de ta confiance. »

Est-ce qu’elle devait être totalement honnête avec lui, et lui dire qu’elle pouvait peut-être libérer Sham au besoin ? Ce n’était peut-être pas le moment. S’il lui confiait qu’il avait envie de lui laisser une seconde chance, ou que SHam exprimait des regrets plus sincères, elle lui en parlerait. Inutile de lui parler de ça pour le moment. De toute évidence, ce n’était pas d’actualité. Et elle n’était même pas sûre de sa maitrise de l’œil des Dieux.

Hikaru clôtura le sujet en lui proposant de se lancer concernant son enquête. Elle secoua la tête : non, elle n’allait pas commencer par autre part. Et c’était exactement le bon moment d’en parler, puisqu’ils étaient protégés par les arcanes lunaires. Elle ne pouvait pas répéter cette technique n’importe où : elle consommait beaucoup de chakra. Donc elle en envoyait une grande quantité. LE faire ici signifiait le faire loin des grandes forces de la ville, et donc disposer de temps pour la mettre à profit. Et puis, si elle ne lui disait pas maintenant, quand est-ce qu’elle le ferait ? En plus, ce poids commençait à lui peser. Elle n’avait pas eu le cœur de le dire à SHam en voyant son état, et Eihiko devait déjà protéger la porte yokaï. Donc elle avait gardé ça pour elle seule, jusqu’à maintenant. Et un avis supplémentaire … lui ferait beaucoup de bien.

« Ca va peut-être te paraitre très mince comme indices, je te préviens. Voyons, par où commencer ? Mon père affirmait, et était persuadé, d’avoir été formé par une générale du nom de Danna, dès le premier jour où il a rejoint les rangs de l’Empire. Cette même générale est morte dans l’escadron suicide qui a eu pour but de tuer le Shoukage, à l’époque de la guerre entre l’Empire et le pays du feu. C’est l’histoire qu’il raconte. Mais dans le temple de Suijin, dans une alcôve cachée, j’ai trouvé un document : la personne qui dirigeait cette escouade était l’ancien cardinal de l’eau, Momusi. J’ai conservé cette preuve d’ailleurs, ainsi que le journal de mon père qui mentionne Danna. C’est la première incohérence que j’ai retrouvé. Mais ça va plus loin que ça : Danna n’a jamais existé. Aucun document officiel, dans les archives ninjas comme civiles. Personne ne semble se souvenir d’elle, nulle part. Elle semble être … Un fantôme. Ou alors une création de mon père ? J’y ai pensé mais je ne pense pas que ce soit le cas. Pas une création. D’autres l’auraient vu plus tôt. Je ne sais pas si les documents sur cette Danna ont été détruit, ou pas, mais elle était censée être générale ! Ce n’est pas un poste où l’on peut rester incognito. Du coup, je pense qu’elle est une anomalie. Mais je n’arrive pas encore à comprendre quel genre d’anomalie. »

Ihoko croisa les bras. Elle avait l’air calme, mais la simple mention de la possibilité que son père ait moins de responsabilités, qu’il ait été manipulé … L’espoir la faisait brûler, de rage et d’espoir.

« Ca te paraitra peut-être ridicule mais … c’est la première fois que j’ai quelque chose d’un peu concret. Une vraie piste. Je veux sauver l’Empire. Et ça passe par le fait de trouver ce qui l’empêche d’être l’idéal que voulait en faire ma mère. Et ce mystère, clairement, fait partie des fondations fragiles de l’Empire. Alors je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Je dois trouver qui était réellement cette Danna. »

Cette ambiance d econfidence était libératrice. Mais aussi un peu étrange : Ihoko n'avait clairement pas l'habitude de se livrer autant.

L'oeil des Dieux ? C'est quoi cette histoire ? Surtout qu'il semble pas sur le Sharigan, sans parler du fait que c'est totalement appuyé par ses paroles. Un présent de l'Impératrice elle-même. J'ai été habitué à entendre dans le clan Uchiwa qu'ils possédaient le dôjutsu le plus puissant, que c'est pour cette raison qu'il était important de savoir vivre avec et non de se laisser porter par ce d'on il était capable. Mon père humain comparaît toujours ceci au ninjutsu qui pouvait être plus parlant aux jeunes, afin de les éduquer sur l'utilisation de leurs plausibles futur pouvoir. Même si on maîtrise un élément on continuer à utiliser celui-ci en se déchargeant au maximum, celui qui maîtrise le Suiton utilise tout de même l'eau de la ville pour se laver tout comme celui qui penche vers le Katon ne va pas s'amuser à cuire son repas à l'aide de celui-ci. Il débutera peut-être le feu de cette façon mais ne le maintiendra pas par sa seule force. Si pour ceux-ci le faire ne provoque que l'épuisement, pour un pouvoir tel que le Sharigan le contre coup est bien plus grave. Il suffit de voir l'handicape de Sham … Et là j'apprends qu'apparemment il y aurait plus puissant, rien ne dit que cet œil ne permet pas de stabiliser les méfaits. Peut-être faudrait-il que je me renseigne dessus … Quoi que non, si je dois en savoir plus mon amie m'en parlera.

La maîtrise du Mangekyou, j'ai envie de lui dire de faire attention, de ne pas tomber dans le même vise que mon père. Pourtant je ne dis rien, elle doit être au courant. Elle doit savoir ce qui est encouru par ce don.

Est-ce que je suis que le fils de Sham ? Pas vraiment, ça va plus loin que ça. L'ADN a parlé, et que pour un seul des pans des mon être. Si j'ai été capable d'éveiller la mémoire de Sham qui était présente dans celui-ci est-ce que ce serait possible que ma génération en face de même avec chaque chef de famille ? Si c'est le cas ça risque de créer un sacré retour, je ne sais pas si la cervelle est faite pour débloquer des milliers d'années de savoir. Pour Sham ça na était que la vie d'un homme, un grain de sable dans la vie d'un Kitsune aussi vieux que mes parents.
J'ai envie de creuser un peu plus le sujet avec Ihoko, mais non ce serait juste monopoliser la discussion avec mon statu alors que nous avons déjà bien discuté de celui-ci. Là où je ne suis pas totalement d'accord avec elle c'est le fait que je sois bel et bien son fils, je suis plus une copie de ce qu'il aurait pu être. En retirant le fait que ce ne soit pas le seul à m'avoir créé, je suis un peu ce qui aurait pu arriver si Sham était né quand je suis venu au monde. Une sorte de version alternative de sa vie à lui. Je me demande s'il avait prévu que je puisse avoir accès a son passé dans des brides de souvenir.

Je prend une bouchée du poisson, pensif. Le goût n'est pas du tout altéré par le monde qu'Ihoko vient de créer. C'est fout ce que le genjutsu peut faire, enfin ici, je suppose que c'est en quelque sorte une version deux point zéro de celui-ci. Mon amie reprend la parole et je sens qu'il va falloir s'accrocher. Je la comprend sans réellement pouvoir dire le faire à cent pourcent, elle est dans une quête complexe. Laver le nom de son père ou en tout cas montrer que ce qu'il faisait n'était qu'une façade pour autre chose, ou alors des effets d'une manipulation … Déjà rien que ce point allait être complexe à faire, Shura a marqué les esprits au fer rouge sans vouloir faire de mauvais jeu de mot. Les actes qu'il a mis en place avec l'Aile du Phoenix, a vraiment laisser des traces qui ne pourront être effacées. Et même s'il était possible de prouver quoi que ce soit, toute une partie du peuple se voilerait la face. Il est plus facile de penser que le danger et passé.
L'autre n'est pas plus facile, redonner à l'Empire la possibilité de rentrer dans l'idéal que l'Impératrice avait voulu pour celui-ci. Je ne connais pas cette ligne directive mais je fais confiance en Ihoko, ainsi qu'au bien que j'ai entendu de sa mère.

Je reste quelques secondes pensifs, le regard braqué sur ma boisson. J'essaye de mettre mes idées en place, cette annonce a un certain écho, moins grand chez moi vu que mon cœur n'appartient pas à l'Empire. Que je ne me sens pas vraiment concerné par celui-ci. Onogoro n'est qu'un lieu de voyage à mes yeux.

En voilà un sacré morceau … Je pense que tu as raison, une personne occupant un poste comme l'aurait occupé cette Danna ne peut pas l'occuper tout en étant inconnue de tous. L'effacer des documents n'est pas difficile à faire, il suffit de les brûler. Par contre le retirer des mémoire des gens est bien plus complexe. Par contre, ce n'est peut-être pas une piste à mettre de côté. Ça peut être à la portée des Uchiwas et celui qui occupé le poste de Sham avant n'était pas du tout dans son optique à lui. Momusi … C'est la première fois que j'entends ce nom, c'est pas étonnant de ma par non plus ... je pense tout simple à voix haute Je suppose qu'il reste des documents sur Danna s'ils ont été détruit, je ne sais pas pourquoi les gens ne vont pas toujours au bout des choses, comme s'ils avaient besoin de quelque chose pour se souvenir, pour se persuader que finalement cette histoire n'est pas juste une création de leur cervelle. Par contre, on ne risque pas des les trouver. S'il en existent il doivent se trouver quelque part dans l'Empire sous haute surveillance. Le document qui prouve que c'est l'ancien cardinal qui a dirigé l'escouade c'est aussi un rapport sur celle-ci ? Je suppose que tu as du le décortiquer mais il y peut-être des informations qui t'ont échappées. je bois une gorgée, oubliant totalement mon repas Il n'y a rien de ridicule dans tous ça, bien au contraire … Par contre, la question qui était Danna a un nombre incalculable de réponse. Rapidement comme ça j'aurais envie de dire que ça peut être une personne installée là dans un but durant une courte période, en la présentant suffisamment bien et si elle a bien joué le jeu, il est possible de donner l'impression que sa place est justifiée, surtout en ajoutant une petite couche de genjutsu ou autre chose. Ça peut expliquer pourquoi personne ne la connaît et pourquoi il n'y a aucune information sur elle. S'il reste des personnes encore vivantes de cette escouade il faudrait les retrouver. Bien que ça ne veut pas dire que ce qu'ils diront serait vrai. On pourrait aussi comparer avec d'autres archives, je suppose que le nombre de général reste toujours plus ou moins égale. Si on apprend qui l'était à l'époque de Danna et combien ils étaient la génération d'avant on pourrait peut-être trouver une petite piste, un truc où se raccrocher. c'est amusant, sans m'en rendre compte je prend totalement par à cette énigme, je ne suis plus qu'aux théorie, je m'implique, ce n'est pas tu mais on Le hic, c'est qu'une enquête sur ceci doit se faire sous une bonne excuse, il serait rapidement aisé d'attirer l'attention si on cherche vraiment à effacer son existence tout comme si elle n'a jamais été vrai.

Machinalement je reprend une bouchée du repas, sans faire attention aux goûts qui se propagent. Les yeux fixant un point sans réellement le voir, je suis juste totalement plongé dans mes pensées, les théories s'entrechoquent dans mon crâne.

Est-ce que tu as pensé à faire des recherches du côté de Chikyuu ? Si on part du principe que l'Empire a détruit des documents sur elle et qu'elle était vraiment générale c'est que c'était une combattante hors paire. Surtout envoyée sur une telle mission. Si on prend ces points en tant que vrai, ça veut dire qu'elle était liée à une famille. Si c'est le cas et que l'on peut la retrouver, il est possible d'avoir des pistes plus que probante.

Je passe ma main sur mon front, dégageant quelques mèches, j'ai l'impression qu'il chauffe sous mes méninges. Je laisse redescendre un peu la pression en souriant, me rendant compte de cette façon d'on je me suis un peu engouffré par la force dans cette enquête. Un large sourire se dessine sur mon visage.

Désolé … Je veux juste t'aider, je ne veux pas m'engouffrer dans ton enquête si tu n'en as pas envie. Par contre, tu me connais. Si tu as besoin d'un coup de main je serais bien sûr heureux de pouvoir t'apporter mon aide.

Ihoko écouta attentivement les premières remarques de Hikaru. Il en venait aux mêmes conclusions qu’elles sur Danna. Si elle avait réellement occupé le poste de général, alors elle ne pouvait pas être inconnue. La jeune femme hocha la tête, elle avait suivi le même chemin de raisonnement que lui : c’était donc qu’il était le bon. Ce ne pouvait pas être juste une idée en l’air s’il en venait à la même conclusion. Les généraux de l’Empire. Sur ceux-ci aussi, elle s’était documentée. Le clan Uchiwa, en revanche, elle n’y avait pas pensé.

« Oui, je pense qu’il existe deux possibilités. Soit elle n’existe réellement pas. En ce cas, les généraux de l’histoire de l’Empire sont au nombre de deux, tout simplement. Jinji Nara a le premier occupé cette fonction, et il est aujourd’hui grand conseiller. Puis il y a eu mon père. Depuis sa trahison, plus personne n’occupe ce poste. L’Empereur Kensei ne doit pas vouloir raviver ce souvenir, j’imagine. Ou alors il n’a pas besoin d’un chef de guerre global. Pour cette histoire de mémoire, il faudrait l’élever à l’échelle du monde … Ca en deviendrait dingue. Mais tu as raison, il existe des forces dans ce monde qui nous dépassent complètement. Donc cette idée est peut-être plus valable que je ne le pensais … Mais même Kamen, qui occupait le poste avant Sham, était moins puissant que lui. Je ne suis pas sûr que ce soit humain, un tel oubli. Sans parler que le premier affecté n’est autre que mon père lui-même ! Et il n’était pas n’importe qui. J’en ai la certitude : ses mémoires, son journal, Danna y figure en pièce importante. Il était convaincu de son existence et de ses fonctions. Jusqu’à rencontrer ma mère, il n’avait même d’yeux que pour elle, et pour ma tante. Personne de plus. Le problème, c’est que mis à part Jinji Nara, tous les noms que je t’ai cité son morts. Et si Jinji Nara sait quelque chose, c’est difficile de le savoir : il est tout en haut de la hiérarchie. Presque impossible à atteindre pour nous à l’heure actuelle. »

Les dernières phrases étaient plus présentes pour lui permettre de réfléchir à haute voix. Elle savait bien que Hikaru ne pouvait pas ajouter grand-chose à tout ça.

« Mais tu as raison, malgré la multitude de possibilités, je ne fais qu’en écarter une avec cette histoire de généraux. Et non, je n’ai jamais pensé à Chikyuu … Les notes de mon père disent qu’elle pratiquait le Doton à un niveau phénoménal. Bien au-dessus d’une simple affinité ou même d’une double affinité. C’était prodigieux. Mais il ne parle jamais d’une invocation. Peut-être qu’on devrait chercher dans ce sens-là ? Un prodige du Doton, sans aucun égal. Plutôt qu’un nom qui n’est sans doute qu’un pseudonyme, sans même de nom de famille. Il ne parle pas de ses invocations, je crois, mais je peux vérifier. En revanche, à Chikyuu quelqu’un saura peut-être … Par contre, je sais bien moins de choses que toi sur ce monde. Et les belettes ne m’aideront pas beaucoup. Elles voyagent peu là-bas. Elles restent à Junnali et ne se déplacent que pour se battre contre les grandes menaces de ce monde. D’ailleurs, je crois qu’elles m’ont parlé du Mont Hansei. Je ne sais pas ce qu’il s’y passe mais la reine Onahime est en train de rassembler ses troupes. Tu en sais plus, peut-être ? »

Ihoko secoua la tête, sursautant presque. Elle venait de se rappeler d’une chose extrêmement importante, qui avait tout à voir avec l’histoire qu’elle venait de lui raconter. Sur la partie enquête, il pouvait peu lui apporter sur Onogoro, effectivement, mais …

« Je te suis reconnaissante, tu sais. Ne t’excuse pas. Tu es l’une des seules personnes à qui je peux parler de ça sans prendre de risques, et ta ligne de réflexion me donne des idées. Donc je ne t’en veux absolument pas. Si ça devient dangereux, j’aurais tendance à t’écarter, mais je suis quand même heureuse que tu m’aides. Surtout que ça m’a l’air très suspect. Et … En réalité … Il y a peut-être bien quelque chose sur quoi tu peux m’aider. Et ça me ferait beaucoup avancer. Attends, je te montre. »

Ihoko attrapa son stylet à plume, et de l’encre noire. Elle se leva pour s’éloigner de la table et tracer à même le sol. Le sceau était trop grand pour tenir sur le mobilier. Ihoko prit une profonde inspiration pour se concentrer, puis elle entama le tracé du sceau. Les liants étaient les fondateurs de ce sceau, selon le pur style de son père. Les symboles étaient importants, mais lui avait l’art de les faire ressortir grâce aux liants, et c’était sur lui qu’elle avait bâti son propre style. Le style de Shura se ressentait beaucoup plus qu’auparavant dans le style d’Ihoko.
Elle débuta par le grand classique de ceux qui font gaffe aux liants : le charme d’Asagi. C’était le liant utilisé par son père sur tous les sceaux. Il ne faisait rien en soi, à part donner une base solide aux sceaux. Elle enchaina ensuite avec quelque chose de bien plus révélateur : le cercle de Kokitsu. Enfin, en apparence. Cette fois il n’était pas utilisé pour consolider un même symbole, mais plutôt en tant que variante. Il rendait ce symbole libre d’influer où il voulait dans le sceau, de voyager dedans à sa guise en termes d’aura, en somme d’agir sur le sceau tout entier plutôt que de simplement se renforcer. Elle ajouta le symbole du pont, afin de faire traverser celui du chien, sous cercle de Kokitsu, d’un point à un autre. Et pour empêcher le chien, sous Kokitsu, de se déplacer exactement où il voulait, elle stabilisa le sceau avec des symboles de coq multiples. Ne restait que les destinations. L’une était le symbole de l’au-delà, et l’autre le centre du sceau, où était censé se placer l’utilisateur.
Elle ajouta ensuite le cheval sous le cercle de Kokitsu, pour permettre au chien de voyager. Puis lia le symbole de l’au-delà à celui du parent, grâce à un tracé de Kikubu, qui permettait d’associer deux symboles plus fortement que d’autres. Ce tracé n’était pas de son père, mais une découverte bien à elle, en revanche.
Il lui prit bien une demi-heure pour tracer la totalité du sceau, absorbée par son ouvrage.
Elle le peaufina en rajoutant deux ou trois symboles de coq pour bien pallier à l’instabilité du sceau, puis s’en écarta, un peu transpirante d’avoir œuvré aussi vite, et pourtant avec autant de concentration.

Ihoko se tourna à nouveau vers Hikaru.

« Je te présente ma dernière, et ma plus complexe création. Le sceau de l’au-delà. En se plaçant au centre, il permet de communiquer avec l’âme d’un défunt avec lequel on est lié très fortement. Le chien, psychopompe, est censé canaliser cette connexion et permettre la communication. Enfin, en théorie … »

Elle désigna le symbole du chien. L’encre tremblait, mais ne se mettait pas en mouvement malgré la clarté du tracé, du chemin.

« Je n’arrive pas à trouver un symbole qui fournisse assez d’énergie au chien pour le mettre en mouvement, tout simplement. Le cheval est censé aider au voyage, mais c’est un symbole du zodiaque, il n’est pas assez puissant pour faire se déplacer une énergie psychopompe. Le sceau me résiste. Et quand je tente quelque chose de plus fort, brutal, comme le géant ou ce genre de symbole, le sceau éclate en morceaux. Une énergie de transport douce, mais puissante, tout en contrôle, c’est ce que je cherche. Si j’arrivais à finaliser ce sceau je pourrais … »

Elle rougit. Comme une enfant prise en flagrant délit. C’était peut-être un idéal trop beau pour être vrai. Une idée utopique, celle d'une gamine qui n'a pas accepté la mort de ses parents. Et ce n'était pas entièrement faux.

« Enfin, peut-être, que je pourrais communiquer avec mon père. Ou encore mieux, ma mère. Elle doit savoir quelque chose, c’est obligé. Je pense que ça pourrait m’aider, c’est évident. Seulement, je n’arrive pas à le finaliser … Je sais que je profite un peu de toi en te demandant ça mais, si jamais tu as quelque chose qui puisse m’aider à le terminer, je t’en serais vraiment reconnaissante. Tu n’imagines pas le nombre d’essais avortés que j’ai tenté pour ce sceau. Tu es le meilleur en Fuinjutsu, de tous ceux que je connais. Si toi tu ne trouves pas, c'est que ce sceau est impossible à faire ... »

Des milliers, ce serait probablement trop gentil comme expression. Si Eihiko ne la trainait pas hors de ses tentatives, à l’époque où elle s’entrainait avec lui, Ihoko en aurait sans doute même oublié de manger ou de dormir.

Je l'ai écouté avec beaucoup d'attention, c'est promis mais ce qu'elle est occupée de faire balaye tout d'un coup tout ce que je m'étais dit garder dans un coin de la tête pour rebondir dessus ensuite. Au début, j'ai préféré regarder avec silence, elle traçait du Fuinjutsu et vu les larges traits qu'elle faisait à des moments ça n'allait pas être quelque chose de simple. Toute sa concentration était focalisée dessus et la mienne de plus en plus au fur et à mesure que l'architecture se mettait en place. Je reconnais rapidement le style de son père, il faut dire que posséder quelques uns de ses sceaux et avoir une sorte de mémoire inaccessible sur tout ce que lui et Sham on pu se raconter aide beaucoup sur ce point. C'est d'ailleurs le premier point qui me attire mon regard. Sa façon de construire a bien changée depuis le club, ça ne peut dire qu'une chose. Dans sa possession elle a tout simplement les recherche de son père tout comme j'ai celle du mien … J'aimerais beaucoup mettre la main dessus, Shura n'est pas aussi réputé que Sham dans le domaine mais de ce que je me souviens il possédait une vision très intéressante sur le sujet … Voilà que je me mets à m'accaparer les souvenirs qui ne sont pas les miens. Mon corps est parcouru par un frisson rapidement éteint par ce que je vois.
Elle commence par un symbole que je ne connais pas. Il n'a pas l'air de faire partie des runiques, très certainement un inventé … Mais pourtant il m'est un peu étrange, comme s'il ne venait pas totalement de mon amie. Je suis le stylet. Le second me fait écho mais sans savoir ce qu'il est, comme si j'en avais déjà entendu parler mais impossible de situer quand … Une bride de mon père très certainement. Encore un inconnu suivi enfin par un de base, le Chien par contre dans le contexte actuel je n'arrive pas à comprendre son utilité. Je remarque cependant que les deux sont sous le second, comme si celui-ci devait agir d'une façon ou d'une autre sur ce due. Le Coq, ajouté à plusieurs reprises. Elle ne doit pas l'utiliser comme moi … D'ailleurs je ne les utilises pratiquement jamais les Zodiaques, trop restrictif à mon goût. Elle ajoute à tout ceci un symbole qui semble relier un cercle centrale, pas totalement visible mais suffisamment pour voir qu'il y a un endroit vide. Peut-être sera-t-il rempli par la suite mais pour le moment il me fait surtout penser à une sorte de zone vierge destinée à recevoir quelque chose. Mais quoi ? Elle continue un bon moment, utilisant à des moments des symboles me faisant échos et à d'autres des inconnus. Parfois j'arrive à me faire une idée très vague sans certitude sur l'effet de tel ou de tel mais elle ne dure jamais bien longtemps. Balayée par une nouvelle suite qui me fait directement penser à autre chose.
Plus le temps passe et plus je suis passionné par ce que je vois, cette structure si complexe. Pas mal de groupes sont reliés par des symboles que je suppose liant ou alors ayant un effet sur ce qui se passera. J'en oublie ce qui se trouve sur la table, il faut dire qu'un tel spectacle coupe totalement l’appétit, non, il nous le fait tout simplement oublier.

Ce n'est qu'au bout d'une bonne demi-heure qu'elle lève le nez de son chef d'oeuvre, il n'y a pas d'autre mot pour ceci. La complexité de ce que j'ai sous les yeux mais en même temps tellement simple dans la façon d'on c'est mis en place. Je ne dénigre en rien ce travail, c'est juste qu'il est tellement loin du miens.
Je l'entend parler mais comme si elle était lointaine, je la comprend bien sûr mais je suis trop sur le cul sur ce que j'ai sous les yeux et sur l'effet que celui-ci devrait avoir. Un sceau capable de briser la mort en quelque sorte, parler avec un mort … C'est vraiment grisant … Oui ça fait peur mais en même temps ça apporte une telle excitation de peut-être pouvoir mettre une telle technique au point.

Si ça fonctionne on peut communiquer avec des morts ?

Ce n'est pas vraiment une question, plus un étonnement à haute voix. Je me lève pour surplomber le sceau, avoir une meilleure vue globale. Je n'ajoute rien d'autre, étudiant juste la structure. Il faut simplement faire bouger le symbole du Chien suffisamment fort pour qu'il se mette en mouvement mais en même temps suffisamment doucement pour que cet équilibre ne soit pas brisé …


J'active pour la première fois en publique le don qu'Inari m'a offert, tout comme Ihoko mon regard change. Mes iris virent au doré et se voient d'ôté d'une pupille bien spécifique, totalement inspirée d'un des symboles des Kitsunes, si on pouvait voir dans le microscopique on pourrait y percevoir un nombre incalculable d'autres tracés au niveau des couleurs. J'essuie d'un revers de main le sang s'écoulant comme une larme sur mes joues. Rien d'anormal dans tout ceci, plus de peur que de mal. Ma vision sur le sceau se fait bien plus claire, je ne comprend toujours pas les symboles inconnus mais je commence à avoir une véritable idée sur leurs fonctions.

Je dois avoir de quoi pouvoir t'aider mais au-delà de faire bouger le Chien il faut surtout que ça reste dans le tracer globale. Y ajouter ma façon de faire ne pourrait pas coller, ça ne ferait que le briser. Imposer une telle bifurcation à un sceau ne peut pas fonctionner.

Je fais le tour de celui-ci, en marmonnant de façon totalement inaudible. Je suis juste en pleine réflexion. Il me faut une bonne dizaine de minutes avant de reprendre la parole.

Un symbole représentant l'eau accompagné de quoi le soumettre aurait été idéale. L'eau est porteur de force mais de calme en même temps. Malheureusement je ne possède pas un symbole de ce genre. Je pourrais utiliser ceux des Kitsunes mais ça ne ferait que te bloquer dans l'utilisation et surtout on revient à ce changement trop brusque pour ton sceau. je sens mon corps drainé par le dojutsu Par contre on m'a appris un symbole, celui de l'Emprisonnement il pourrait être utile, il devrait être capable de donner une direction. Emprisonner le mouvement. Une Suspension alliée au Ying et Yang pourrait le mouvement mais il ne rentre pas dans l'idée et j'ai peur que ça ne soit trop différent et mette à mal tout ceci. C'est vraiment con parce que dans le fuinjutsu Kitsune j'ai vraiment de tout, des choses qui pourraient être plus qu'utile. Le Feu ? Non, trop puissant et puis hormis sa capacité à se répondre … Hum, avec la Forêt on pourrait lui donner une direction tout en lui imposant un chemin … Non, ça ne peut pas marcher.

Je me pause sur la chaise la plus proche, buvant dans le verre à portée de main sans chercher à savoir si c'est le miens ou non. Je suis bien trop absorbé par ma réflexion.

J'ai deux symboles. Celui du Voile et d'Onogor, ce dernier est pas encore totalement au point mais le premier se prête bien au sceau. Il représente ce qui nous sépare des mort tout comme une voile de bateau, il pourrait être vraiment une base. Allier à la Libération, il ne manquerait plus que de quoi le mettre en route pour mener le Chien. Par contre avec le Cheval il ne peut pas coller. Dans le Fuinjutsu classique je n'ai rien qui pourrait coller. On peut tester avec du Fuinjutsu Kitsune si tu veux, ça ne serait que temporaire et sans aucune certitude que ça fonctionne mais ça permettrait peut-être qu'il fonctionne. On pourrait aussi revoir le sceau, sans remettre sa structure en place, mais ajouter des symboles Kitsunes pourrait le renforcer et le faire tenir. Par contre tu ne serais pas capable de l'utiliser seule. Ou alors on cherche après un symbole qui pourrait combler le soucis. La solution n'est pas loin je pense, on manque juste de quoi pouvoir la mettre en place.

Je fixe de mes yeux dorés mon amie, j'avoue avoir un certain penchant pour le fait de réécrire celui-ci. On pourrait voir pour mettre également un sceau au point lui permettant d'utiliser des symboles Kitsunes de façon restreinte. Ne pouvoir les retracer que par écho et non d'elle même.